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Billet de blog 5 juillet 2013

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D'un été l'autre (2012-2013) et un ajout

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Villers-sur-Fère

                                                                                     À Denise et Jules

s'éloignent même les corps
dans la terre
qui se resserre

gelés par les hivers
oublieux
séchés par les étés
à rire

la peau même morte
des morts
meurt

gisant
enfouis
et non plus
ployés

courbés

sous la vie


ils s'éloignent
encore
et s'effacent

continuant

- de périr

***

Jivago

lignes
sur ta blancheur
gorgées du monde

congédié

soleil de plume
étincelant
et monotone

s'efface
toute présence
vide
et lasse
au son du cor

langage

étreint
ce qui n'est pas

ou plus

plus fort
que les ors

tangibles

des couchants
de nos vies

***

s'affaisse
l'horizon
sous nos paroles

- au vent



passe

un monde



puis



la nuit

en guise de présent



vacillante
la lumière
d'un lointain


en arrière



instants perdus


sous le frimas


que seule
une note
relève


souffle



fagots crépitants
du temps


sur le sentier


étiolé


aux astres

éteints

***

simples phrases
comme une bourrasque
colorée
où se tiennent la main
les vivants


les morts



simples phrases
où ressortent



de terre



les vaincus
de toujours




mots seuls



salubre musique
où se brise
toute difficulté


dialectique

***

Ciel ouvrier

palimpseste provisoire
sous la lame des frimas
d'octobre


la ville fuligineuse
et ses vies ouvrières



ici
l'acier trempé


          jusqu'aux os


s'agrippe au ciel



et
les diagonales
de fer
étreignent
les nuages


à l'ombre
des barres
de la cité



                          fantômes


grues
fondues
de Toussaint


silhouettes grises
indécises


comme dévolues
jadis
aux chemins creux




cogne
au poème
la parole



enterrée


du monde

***

rugueuse

la banlieue

ne se donne pas


désertée
par la lyre
des paysages
sans âge


au vent
qui
dans sa lame
se rit bien
des clameurs
d'époques
écarlates

***

Prolétariat

que s'engouffre
entre tes cordes

lyre

le souffle clair
des voix coupées



qu'y résonnent


sous les ciels d'usine



stades Lénine
avenues Robespierre
ou Marat




- car rien n'a disparu
dans le silence obscur -




endosse aussi


lyre


les mains
et les visages
qu'on ne voit
ni n'entend
plus



surprends l'étincelle
des machines
et des outils
dont sont tus
même les noms




la terre entière
ignore opiniâtrement
les malheureux



puissances de la terre
ils ont le droit

pourtant

de te parler en maîtres



lyre




-que tu cesses




de ne même plus



les dire

***

Banlieue

la lyre
n'épouse plus
la cause des hommes fourbus


et les cités
s'effondrent
sur leurs fondations
vides



- frémirait
la colère
d'un peuple
retrouvé



fait d'un seul
et de tous



ô poètes
de la grue
du goudron
de la chaîne
et des échafaudages

vous
noirs de suie
noirs
ou blancs -



salubre
le vent bat les blocs blêmes
dans l'espoir
d'un retour
des corps

***

Invisibilité provisoire

se réveillerait la ville
bannie
de nouveau à l'écoute
des mânes chuchotantes
du peuple constitué



je pense à toi
sur ton tonneau
hélant les invisibles sortant de l'usine
et réveillant les morts
endoloris



leurs mains noueuses
entaillées
pétries par la machine
avaient tant à nous apprendre




sur ton tonneau         tu le sais bien




en eux
grondaient volcans
forges brûlantes
matière




des éclats
du métal
et du fer
s'ébauchait un monde

rouge

partageux

renversé




poètes de l'acier
aujourd'hui
au silence
insufflez la révolte
à l'étrange contrée
où tout s'est tu




réel
où nul
ne se cogne plus

***

les mots n'ont pas de sépulture

sous la pierre

grésillent

des paroles

sans gîte

tournoyantes

et dans l'épaisseur

du ciel

nulle extinction

ce qui fut dit

s'entend

- en doublure du temps

***

la neige

- ou le soleil -

pétrira

limoneuse

les mots sortis du temps

leur silence

s'ébruite

dans le dévalement

des jours

et l'échancrure

de ce qui fut

leurs paroles blêmes

fixe ce qui passe

***

dans le paysage

nulle métaphysique

s'y heurte

qui veut dire

décomposé

au pied du mur

vide

le peuplier implore

les champs pris au feu

ne dissimulent rien

- je ne porte pas le réel -

la muraille

en mouvement

ne se découvre pas

***

                                                Pour Ismaël

ton corps s'étire

remue

cherche

en lieu d'imprononçable

pas même balbutié

vers l'avant

tes pieds

cherchent un sol

ta parole

pas encore

reste

                                                                  - pour l'instant            

en corps

***

retirés dans la nuit

sans mémoire

leurs mots

disparus

ne font pas silence

sans lieu

ni temps

en surplomb

de ce qui passe

***

ce qui reste

nos paroles

                                         d'autres

au vent léger

du peuplier

ensoleillé

s'entend 

ce qui n'a plus ni lieu

ni temps

elles sont là 

pourtant

avec elle

suspendues

aériennes

à jamais là

au-delà des prés verts

dans la lumière

***

touffeur au ciel

rien ne tremble

au-delà du pré jaune

malgré le vent

tenu par le soleil

        - seul temps -

passe ici

ce qui ne passe plus

                                                - paroles qu'on croyait mortes -

dans un paysage suspendu

pour les vivants

- les morts

***

Sauzon


au soleil

- simplifié -

un monde

géométrique

palimpseste renversé

où renaissent les lignes

leurs éclats de couleurs

ma langue coupée passe presque

en guise de gouache et d'huile

et l'indicible - sans matière -

est à demi congédié

sous mon pinceau

à la gorge d'encre

lignes silencieuses

maintenant

au soleil

orgueilleuses

et tout en traits tenu

un monde polychrome

- revenu

***

où se terre

la terre

quand bue par le ciel

elle s'étire à l'épure

de traits de couleurs

***

le feu du jour

réveille les lignes

l'horizon

tout aussi bien

se perd en verticales

en éclats

- de retour

***

Aux lanières

 aux sangles

n'échappe

que l'intervalle ------------------------------------

Extirpée de sa gangue

une déflagration

la secousse d'un corps

au risque d'une absence

                                                                                                                                                   de lieu

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