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Billet de blog 9 juin 2014

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'épisode des cadenas sur le Pont des arts comme symbole de l'amour me renforce dans la détestation de cette époque. La propriété et l'amour immodéré du profit, après avoir passé les vertus chevaleresques par le fond des eaux glacées du calcul égoïste, rêvent donc de chapeauter l'amour. Le désir de possession devient pure possessivité et le cadenas (qu'on se rappelle la cadène dans Les Misérables de Hugo...) symbolise ce que dénonçait Dom Juan dans la pièce de Molière. L'ensevelissement ou le contrat conjugal devant notaire ou équivalent.

Que ce soit le cadenas - épousé massivement comme symbole de l'amour, le score du Parti des Ténèbres aux dernières  élections ou les sites de rencontres qui proposent, peu ou prou, un amour sûr et compatible à leurs clients, on assiste là me semble-t-il à l'un des pires symptômes social de ce pays : le refus ou la haine de l'autre.

De ce point de vue-là, notre époque est en régression complète par rapport à Mai 68 mais aussi au surréalisme et à tout ce qui, en général, aspirait à déjouer les trajets prévus sur les rails du capital.

L'aspiration sécuritaire est une pulsion de mort même si elle a l'objectif de sa propre préservation. Les flics sont dans les rues et dans les têtes. Et l'intime a envahi la rue (via les smartphones, notamment) pour faire disparaître celle-ci comme agora du quotidien où aurait pu se produire un événement aux conséquences incalculables. Imagine-t-on Guillaume Apollinaire ou André Breton aujourd'hui dans la rue pourtant magnifiée dans leurs poèmes en vers ou en prose comme lieu d'une potentielle féerie urbaine ?

Que des cadenas par centaines fassent plier le Pont des Arts est un résumé d'une époque qui aurait tout aussi bien horrifié Gide et Sartre puisque ces cadenas énoncent la morale officielle et partagée de ce temps, morale déjà énoncée et raillée par Alain Badiou il y a quelques années : Argent, famille, élections (car après tout, les abstentionnistes sont accusés de tous les maux électoraux).

L'autre est donc ignoré, fui ou haï (version ultrasécuritaire qui peut aller loin comme l'illustrent Josef Fritzl ou le vieux Le Pen décidé à plomber sa fille alors qu'elle ne vaut pas mieux que lui) et tout est en place pour que, tranquillement, prospère la loi d'airain du capital. Les DSM divers cachetonneront vos symptômes et/ou ce qui refuse de plier à la nécessité sociale.

Contre tout cela, il faut parler, faire dérailler les wagons du quotidien, compter les cités comme lieux du monde et, peut-être, réfléchir à un surréalisme de notre temps.

Car qu'en est-il d'un amour sans autre ? 

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