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Billet de blog 9 décembre 2009

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Bribes - 2 -

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir

Une passante. Une journée.

Les événements de ce jour-là auraient lieu dans mon repaire, parmi ces rues connues sans être nommées et devant ces cafés et ces lumières toujours intermittentes pour quelques semaines encore. Un hasard cependant.

J'avais donné rendez-vous à une jeune fille pâle aux yeux bleus et aux cheveux noirs de jais. Malgré mes jambes de coton, j'étais persuadé d'avoir enfin prise sur le réel.

J'ai fait mon deuil des militantes révolutionnaires. De celles que l'on connaît et de celles plus discrètes qui se firent pincer par l'Okhrana dans un train pour un trait de rouge à lèvres. Ici, là-bas, ailleurs. Insaisissables comme tout être ayant vécu, de Poutilov à Vladivostok.

Il ne reste plus, en attendant que cesse notre chaos honteux, que des êtres de chair et de sang dont on attend qu'ils nous attendent.

***

Du rock, du bon, du mauvais, du bruyant en tous cas ! De la musique de guerre, d'aviateur insensé et terriblement divin au-dessus de Falloujah !

Du rock hurlant, des guitares saturées et de la pédale wawa hendrixienne et des flingues pour tirer dans la foule au hasard tant qu'on peut, tant que les sirènes parlementaires n'ont pas retenti. Tirer. Tirer encore.

Bousculer, pris dans l'assourdissement post-Elvis au creux de tes oreilles, les gens agglutinés devant les distributeurs d'argent près de la librairie sous échafaudage dans laquelle ils testeront juste après leurs douces voix d'intellos.

Ras le bol de la douceur feutrée des instruits ! Que reviennent étincelants les désormais fantômes de Billancourt, que resplendissent les cent fleurs et la Gauche prolétarienne ! Que ça hurle et qu'on aime ! Que les paroles soient dans la rue, confrontées à l'espace des corps.

Pas de corps, pas d'esprit. Aucune dextérité n'en viendra à bout. T'auras beau savoir taper à la machine. Rien. Que dalle...

Ouais, je sais, c'est encore dans mes rêves...

Renoncer ? Baisser la tête ? Ou entendre Mozart derrière la furie boutonneuse d'un band punk attardé ?

Quels arguments ai-je donc pour vitupérer l'époque et ses connexions ? Que dis-je qui n'est pas dit, loin de toute trouvaille ?

Rien ?

L'homme est un animal

Homo homini lupus

L'homme n'est pas cet être débonnaire assoiffé d'amour

L'homme, le capital le plus précieux

Que le coeur de l'homme est vide et plein d'ordure...

Bon, et tu choisis quoi ? A la fin n'es-tu pas las de ce monde ancien et des troupeaux mugissants d'autobus qui roulent près de toi ?

Ah, l'angoisse de l'amour te serre le gosier comme si tu ne devais plus jamais être aimé... Ce temps qui ne passe plus depuis quelques années déjà...

Ah, Guillaume, compagnon. Voilà donc cette époque où l'on ne parle de vive voix qu'avec les morts ? Arthur, Guillaume, Antonin et André... Spectres du Pont des arts où parfois par la Seine une crapule transparente descend - aimable finalement.

Quelle langue pour qu'à nouveau nos âmes s'éprennent du temps qui nous est échu ? Quel jansénisme socialiste ?

J'ai envie de vomir, de m'écarter de la route, de sortir une autre langue, sans syntaxe et avec. L'éternité est une fonction de grammairien en amour ou en politique au moins.

Et quelle est cette politique qui ne parle que de politique si ce n'est son affadissement final, la contradiction interne et paysannement confédérée du monde mondial ? Il n'y a plus qu'un monde et son envers alter ?

Même la théorie des trois mondes est d'un coup sans poussière. Bandung a échappé aux vagues tragiques. Il nous reste donc de beaux restes, quelques lambeaux flamboyants comme un phénix rouge comme l'Orient jadis.

Que dire ? Que faire ? Que penser qui n'ait été ni dit, ni fait, ni pensé ?

Se rallier, mourir, renoncer ?

Ne plus jamais aimer ?

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