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Billet de blog 9 décembre 2009

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Bribes et brouillons de ce qui devint "Nineties" - 1 -.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Franchir la neige, encore. Pas à pas. Pas qui s'effacent rapidement. Il est impossible de faire marche arrière. Voulais-tu vraiment revenir ?

Tu ignores bien sûr le nom des étoiles au ciel et tu ne sais plus vraiment non plus ce que tout à l'heure tu as quitté.

Nord, Sud, Est, Ouest. Pas même un soleil pour les retrouver, ceux-là. Ah, ça, oui ! Tu avais cru en ton salut. Mais pas moyen. Toujours la neige et pas la moindre idée de l'étendue, du temps qui reste à parcourir.

L'enfant a-t-il crié tout de suite ? Etait-il cyanosé ? Cette naissance mystérieuse restera-t-elle elle aussi enneigée ? Passeras-tu l'autre versant ?

La neige toujours. Tu t'y enfonces jusqu'à mi-cuisses et dès que tu regardes en arrière (mais es-tu seulement certain que c'est en arrière que tu regardes ?), impossible de retrouver ta trace. Nuit autour de toi. L'étoile filante est passée.
Personne autour de toi. Pas un regard ami. Pas une main tendue.

********

Plus de sens. Plus rien qui vaille la peine de vivre ou de mourir. Ni politique, ni guerre. Ou fausse alors, à coups de bombardiers puissants qui rendent impossible toute altérité. Le moindre fracas est salué par un « Hourra » venu des cieux accompagné d'une casquette étoilée virevoltant vers la terre.

Les rues dans la froidure sans neige finissent par se mêler au ciel et les bâtisses blêmissent sous le silence gelé.

Il ne faut rien dire, il faut agir. Celui qui parle est anachronique. Les parleurs ne sont plus bienvenus. Qu'ils se taisent alors ! Le désir n'a pas de langue. Le langage est superflu. Plus de mots ! Des actes, des actes seulement !

Demain l'Europe organise la négation des pouvoirs du langage. Plus rien ne doit rester. Plus rien ne doit dépasser. Les masses levées bruyantes pour le socialisme, même mortes, devront périr une seconde fois, criminelles qu'elles sont !

Tout doit disparaître. L'essence du nouveau monde tient en deux mots : « soldes » et « profit », à l'infini.

Ta parole aussi est trahie. Etre minoritaire est pitoyable. On ne pardonne pas à la minorité d'être minoritaire, surtout si, libre malgré tout, elle affronte les miroirs des disquaires et des salons de coiffure. Faut dire qu'ça cause dans les salons de coiffure. On se fait couper les cheveux pour n'avoir point à parler et se contenter d'agir, de laisser seul se dire le désir.

Voilà qu'à présent j'ai vieilli et que ça me cause un bien fou. Comment ? Parce que j'ai compris que je mourrai un jour, qu'avec le temps un jour mes mains finiraient au mieux - parce que vieillir n'est jamais sûr - par ressembler à celles noueuses et veinées de ma grand-mère. De commun, les passants n'ont plus que leur amour de l'hiver en toc avec ses flashs bariolés sur les avenues de la Ville. J'y échapperai !

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