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Billet de blog 10 décembre 2009

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Une grève inattendue dans mon lycée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans le lycée où je travaille, en Seine-Saint-Denis, nous avons été nombreux aujourd'hui à faire la grève. Il y avait un appel syndical au niveau national contre la "réforme" Chatel mais la décision de faire grève - massivement - n'a rien à voir avec des syndicats qui, à tout le moins pour ce que parfois on appelle "leurs directions", signent tout ce que décrète le gouvernement et se couchent devant lui. Dans la longue et fructueuse Assemblée générale d'aujourd'hui, il n'a d'ailleurs que très peu été question de la grève appelée par les syndicats. Mieux, nous avons été plusieurs à dire clairement que ce combat ne nous souciait pas et que les syndicats n'avaient qu'à poursuivre leurs rituelles promenades de santé sans nous.

Ce qui préoccupe mon lycée, en effet, est un combat purement local mais aux répercussions inouïes. C'est le local qui nous donne cette force de faire la grève depuis mardi après-midi. Nous avons, je pense, l'impression d'un face à face réel avec l'Etat via ce que je vais rapporter maintenant.

Nous avons un collègue d'histoire, ex-professeur de lettres-histoire en lycée professionnel pendant 10 ans, qui a passé l'agrégation interne et l'a eue il y a 2 ans. Nommé en lycée, il n'a pas bénéficié de la formation normale mais a été inspecté et a eu un bon rapport. Comme toutefois, il n'avait pas bénéficié de la formation normale, il a dû refaire une année de stage et la seconde inspection l'a volontairement sabré. Notre collègue est menacé de ne pas voir reconnue l'obtention de son agrégation (et, info de dernière minute, la DRH qui doit statuer a signé sa non-titularisation).

Cela révulse nombre de collègues. Dès que nous avons appris la menace qui pesait sur la tête de notre collègue O., mardi après-midi, nous nous sommes mis en grève. Au-delà de son cas, c'est le mépris des statuts que nous rejetons. Mercredi, nous avons poursuivi ainsi qu'aujourd'hui, suite à une décision prise par échange de mails.

Aujourd'hui, dans une longue AG et alors que nous pensions suspendre le mouvement demain, la discussion a été réellement délibérative puisque par exemple, je pensais m'abstenir pour la grève demain et, en quelques minutes, ai changé d'avis. Nos AG sont pleines de monde, de gens qui ne se soucient pas des appels dérisoires des syndicats. La grève a été votée pour demain vendredi au nom du principe selon lequel on ne pouvait pas baisser les bras devant une telle violence et une telle surdité de la hiérarchie. Comme, arguait un collègue, rien n'a changé, nous devons continuer et montrer notre détermination. Dès lors, la grève a été votée pour demain.

Je reviendrai sur cette grève si besoin est mais elle prouve d'ores et déjà que la subjectivité défaite post-2003 est close. Que les gens n'aient pas ou plus envie de se battre est une légende trade-unioniste et, il faut bien le dire, parlementaire. Ce sont les syndicats qui sont fatigués et fatigants, pas les salariés. Enfin, ce qui m'a frappé dans l'AG d'aujourd'hui, c'est son caractère ouvert, le vide qui se comble au gré de la discussion. Cela a été un vrai moment politique, précisément pas idéologique dans le bon sens du terme. Chaque matin, avec les collègues, nous pensons quelque chose. Il y a bien sûr les attitudes physiques de la grève, une certaine façon d'être debout, de parler gravement mais il y a surtout la redécouverte, jour après jour, du plaisir - oui ! Nous nous le sommes dit ce matin, entre anciens de 2003... - à voir que nous pouvons nous battre sans nous attarde[r] à l'ornière des résultats, pour reprendre René Char.

Si tous les lycées étaient comme le mien, les ministres de l'Education n'en mèneraient pas large...

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