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Billet de blog 12 septembre 2009

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Demander la démission de Hortefeux ? Pas si simple !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si je trouve salutaire la somme d'articles de Mediapart sur la récente sortie beaufesque de Hortefeux, si je recommande l'article d'Antoine Perraud sur l'historique de la xénophobie parlementaire post-guerre d'Algérie, je ne défendrai pas le mot d'ordre demandant la démission de Hortefeux.

Je hais ce type-là, pourtant. Mais, précisément, je le hais comme je trouve détestable toute la camarilla poujadiste et, par bien des aspects, néo-vichyste au pouvoir autour du petit chef Sarkozy.

Dans les Feuillets d'Hypnos, René Char écrit : "il n'y a pas une place pour la beauté, toute la place est pour la beauté". Lorsqu'il écrit cela, le poète est résistant. Il a d'ailleurs pour nom Capitaine Alexandre, est dans un maquis de ce qui s'appelle alors les Basses-Alpes et, ainsi qu'il l'écrit encore dans les Feuillets a sur lui un colt, "promesse de soleil levant".

Bien sûr, loin de moi l'idée de comparer la situation politique actuelle de la France avec l'occupation nazie et ses collabos (même si je pense que sous le sarkozysme, le collabo est une espèce vouée à renaître). Si je me réfère à cette phrase de Char, c'est pour ce qu'elle dit sur une situation politique détestable - ce qu'est à mes yeux le sarkozysme - et sur la façon dont il faut alors penser et agir.

Demander la démission de Hortefeux, dans les termes de Char, c'est penser que dans la situation politique nationale actuelle, il y a une place pour la beauté au milieu de l'abjection et, du coup, c'est, sans s'en rendre compte nécessairement, pactiser avec l'ennemi (car, oui, comme le dit La notion de politique de Carl Schmitt, il y a en politique des amis et des ennemis) en cherchant avec lui un compromis, un espace commun.

Or, il n'y a pas de compromis possible avec l'Etat. Cela n'a pas toujours été le cas mais la politique sarkozyste, politique de guerre aux gens, opère une mutation structurelle de l'Etat (ce qu'un article de Mediapart appelle, de mémoire, "la beauferie au sommet de l'Etat") qui rompt avec, en gros, l'Etat issu de la Résistance. L'Etat nouveau qui émerge a pour ambition d'écraser subjectivement voire physiquement le peuple, les gens, les étrangers, les ouvriers mais aussi nombre de petits-bourgeois intellectuels. J'en veux pour preuve la chasse aux sans-papiers, les suicides à France Télécom, le mépris dans lequel ont été tenus les enseignants-chercheurs en grève, les décrets destinés à réduire à néant l'instruction publique et ses agents, etc.

Ainsi, il faut aller jusqu'au bout de son idée. On demande la démission de Hortefeux et après ? Qui, pour le remplacer ? Fadela Amara, gage de progressisme ?

Demander la démission de l'actuel ministre de l'intérieur est en vérité une façon de sauver la mise au sarkozysme, de laisser penser que celui-ci peut être autre et, qu'en tout état de cause, il est démocratique.

Pour le dire plus simplement, si vous étiez dans un café et qu'au comptoir, des beaufs attablés rivalisaient en remarques réactionnaires et racistes, iriez-vous demander au plus grossier d'entre eux - et à lui seul - de se taire ?

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