L'affaire Raoult, je préfère l'appeler ainsi car s'agissant de ce qui nous occupe, c'est lui le fautif et le coupable. Raoult, du reste, c'est la droite passée à l'extrême-droite avant que Sarkozy n'agisse de même au plan national. Si à cela j'ajoute que le tout-à-l'égoût discursif incarné par le réactionnaire Raoult ressemble à s'y méprendre aux lepèneries d'un Dray ou d'un Boutih, question consensus, la boucle est bouclée ! Au passage, remarquons quand même qu'ils sont nombreux les ex-chefs de la farce fabiuso-mitterrandienne appelée SOS Racisme à prétendre à être ministre de l'intérieur pour Sarkozy. Cela devrait faire réfléchir les plus naïfs...
L'affaire Raoult, donc, du nom du croisé bien arrosé anti-jeunes-des-quartiers-populaires protecteur de l'îlot bien bourgeois appelé Le Raincy, cette affaire me fait en fait assez plaisir. D'abord, elle illustre à merveille la phrase d'Audiard qu'on nous rappelle ici et là par voies d'affiches pour une nouvelle édition DVD des Tontons flingueurs : Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît !
Le député-maire du Raincy, donc, a fêté la liberté retrouvée à Berlin-Est depuis 20 ans mais se comporte comme le pire des commissaires politiques. En plus d'être la mort (pour citer Duras après l'exhumation de cette phrase par Marie NDiaye), la droite, c'est la bêtise. Mais ça, bon, c'est juste drôle. Pas le reste...
Oui, la France est monstrueuse et ce qui ajoute à cette horreur, c'est - mais peut-être me trompé-je - le consentement massif des gens à cette violence d'état. Elle est tellement monstrueuse, la France, qu'elle ne supporte pas qu'on le lui dise. Raoult, habitué à taper, là, ne le peut pas. C'est bien pour cela qu'il éructe. Le beauf est obligé de se contenir. C'est drôle de voir ces gens-là, ces gens qui rotent en fin de banquet en pinçant les fesses d'une jeune fille qui sert les plats par exemple, c'est drôle de les voir furieux. Cela faisait tellement longtemps qu'on attendait ça !
Imaginez seulement un instant un jeune Arabe ou un jeune Noir de Montfermeil une énième fois arrêté par la police disant aux flics qui le jugent suspect puisque il a une "tête d'Auvergnat" (selon la nouvelle blague raffinée des commissariats) qu'ils sont monstrueux par la seule façon dont ils traitent les gens ordinaires des banlieues populaires. Raoult ne se fendra pas d'une lettre à Mitterrand-le-neveu ; il laissera juste se déployer la xénophobie ordinaire des lieux de l'Etat en général et des commissariats en particulier.
La polémique lancée par l'inepte Raoult (voulant citer tout à l'heure le nom d'un roman de son ennemie - qui l'a vaincu, champagne ! -, il a encore commis une bourde !), cette polémique est risible a priori mais ce qu'elle implique est extrêmement violent.. Certes, Raoult va devoir la boucler vu que Sarkozy, qui passe pour être en phase d'instruction par sa dame, ne va pas vouloir passer pour le rustre qu'il est et ne dira donc rien mais, aux écrivains et aux intellectuels comme aux enfants d'ouvriers d'origine étrangère, on intime de se taire !
C'est que ce pays - la France - n'avait pas été à ce point défiguré depuis Vichy (il ne s'agit pas de dire que Sarkozy, c'est Pétain, juste que c'est la politique la plus réactionnaire menée depuis la Collaboration). Pour autant, dénoncer et combattre cette situation politique est rendu un peu difficile par une toute relative désorientation politique que Sarkozy reprend de son seul vrai maître, Mitterrand l'oncle. Cette France monstrueuse est allée se gargariser de liberté il y a 3 jours à Berlin, montrant que ladite liberté, comme le dit hêtre, c'est celle de se suicider au travail mais c'est aussi celle d'être expulsé, d'être, pour un enfant, arrêté à la sortie de l'école par la police et renvoyé en Tchétchénie par exemple.
Ce qu'il y a d'intéressant aussi dans l'affaire Raoult, c'est que Marie NDiaye s'est retrouvée à devoir faire de la politique malgré elle, rejoignant ainsi, du point de vue de la conception qu'on peut avoir du rôle de l'écrivain dans la cité, Hugo et Sartre. Elle est devenue go-between malgré elle et a, de façon pour le coup très sartrienne, assumé sa position. Du coup, elle a déchiré un voilé, dévoilé le voilé donc. Elle a dit, incidemment puis de façon complètement assumée, ce qu'était la France sous les égoûts au pouvoir. Le mensonge médiatico-parlementaire a pris un coup et je m'en félicite personnellement, espérant que ce n'est qu'un début.