Le découragement, parfois, peut guetter celles et ceux qui, même s'ils ne le savent pas - ou plus, se réclament du communisme. Nous sommes, là et maintenant, dans un monde à mille lieues du communisme et la somme des renoncements de celle qui se prétend la gauche est plus nombreuse que les têtes de l'Hydre de Lerne. Nous vivons dans le stress au travail (travail qui envahit nos existences) et dans le silence de fait alors que des gens (parce que roms, parce que musulmans, parce que sans-papiers et surtout parce que pauvres) sont l'objet de la persécution de l'Etat.
Au lieu d'être guettés, devenons des guetteurs !
S'il pourrait y avoir de quoi désespérer, nul ne peut en vérité (pré)dire ce que sera demain. Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine, comme en Turquie, par exemple, où la défense d'un parc a débouché sur un mouvement politique d'ampleur.
C'est cela que nous rappelle le grand poète communiste allemand Bertolt Brecht. Porter l'idée communiste exige une foi (et une pratique militante), y compris - et surtout - lorsque l'apparence d'un monde est à pleurer.
Le retournement - ou le renversement -, à n'en pas douter, ne sera pas graduel (laissons ces vieilles lunes à la socialisterie). Il viendra comme un voleur dans la nuit.
Il faut à nouveau répandre la culture des camarades. Aucun - aucun ! - courant politique autre que le communisme n'eut d'aussi grands poètes.
ELOGE DE LA DIALECTIQUE
L’injustice aujourd’hui s’avance d’un pas sûr.
Les oppresseurs dressent leurs plans pour dix mille ans.
La force affirme: les choses resteront ce qu’elles sont.
Pas une voix, hormis la voix de ceux qui règnent,
Et sur tous les marchés l’exploitation proclame: c’est maintenant que je commence.
Mais chez les opprimés beaucoup disent maintenant :
Ce que nous voulons ne viendra jamais.
Celui qui vit encore ne doit pas dire : jamais!
Ce qui est assuré n’est pas sûr.
Les choses ne restent pas ce qu’elles sont.
Quand ceux qui règnent auront parlé,
Ceux sur qui ils régnaient parleront.
Qui donc ose dire: jamais ?
De qui dépend que l’oppression demeure? De nous.
De qui dépend qu’elle soit brisée? De nous.
Celui qui s’écroule abattu, qu’il se dresse!
Celui qui est perdu, qu’il lutte !
Celui qui a compris pourquoi il en est là, comment le retenir?
Les vaincus d’aujourd’hui sont demain les vainqueurs
Et jamais devient: aujourd’hui.
Bertolt Brecht
(traduction Maurice Regnaut)