Rapidement, en attendant, j'espère, d'y revenir, je signale l'édition des textes d'André Gide écrits après son voyage en URSS de 1936 en Folio-Gallimard. Ces deux textes, Retour de l'URSS puis Retouches à mon retour de l'URSS sont exemplaires, en ces temps de fêtes aussi vides que sinistres organisées par les vainqueurs capitalistes, de ce que fut une critique de gauche de l'URSS. En creux, ils nous rappellent ce que fut le PCF dont on peut dire que le P est désormais vermoulu, le C un éternel mensonge - sauf peut-être, dans le début des années 1920, lors de la Guerre du Rif - et le F, le seul souci, hélas, des disciples de Pif et de Hercule.
Les textes de Gide nous rappellent aussi ce qu'est un intellectuel, ce que cela exige de souci de probité et d'amour de la vérité. La question de l'URSS, confrontée à de telles exigences, fut problématique et je suis bien conscient que l'idée d'alors de Malraux, pour qui il ne fallait pas publier ces textes, d'un point de vue stratégique, pouvait être soutenue. Ne pas faire de tort à l'acquis prolétarien représenté par l'URSS, en gros. Gide, lui, héritier finalement de nos révolutionnaires (Rousseau compris, qu'il cite dans Retouches) et sorte de Bernanos de gauche, opta pour la vérité, quoiqu'il en coutât.
Qu'est-ce que ce pays qui rétablit les classes ? Qu'est-ce que cette utopie où seule une opinion prévaut ? Qu'est-ce que cette démocratie maximale où, quand on parle de Staline, il faut l'affubler d'un adjectif hyperbolique ?
Gide, dans son texte, fait penser à Pasolini par son amour des gens ; il évoque la "nouvelle bourgeoisie" et, en creux, rend hommage au courant trotskiste.
Il faut lire ces textes - et les faire lire !