Rien de pire que le rock pour tomber dans les filets du capitalisme mondialisé via les superstars dudit rock n' roll pourries de fric et pourtant... Voilà, j'y suis, pris, fait comme un rat.
On dit communément que les Stones n'ont rien de novateur, que le grand groupe anglais des sixties, ce sont les Beatles. Ceux-ci n'auraient jamais fait d'album à un autre pareil et puis, patte blanche offerte à la musique savante (et non populaire) oblige, ils ont piqué des mélodies à Bach. Ah, alors...
Et pourtant, en écoutant, comme le groupe House of love (http://www.youtube.com/watch?v=Fp4abwz7CoE), les Beatles et les Stones, c'est bien le groupe du lippu que je préfère - et, au sein de ce groupe, rapport compliqué aux étreintes du capitalisme et du rock n' roll, je préfère Keith à Mick, c'est à dire le plus noir des deux, le plus bluesman et, en tout cas, celui qui se revendique explicitement de Robert Johnson (http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Johnson).
Quel rapport avec l'actualité ? Les Stones sont éternels, me direz-vous mais, précisément, autour du 17 mai 2010 va ressortir l'album de 1972 Exile on main street agrémenté de quelques inédits. Cet album est un retour aux sources pour l'un des groupes les plus blacks de l'Angleterre blanche et, après tout, si Jagger n'est qu'un corrompu qui vogue au gré du vent, que la musique des Stones soit liée à celle qui a son origine dans les champs de coton d'outre-Atlantique constitue déjà un acte politique.
Voilà, Exile ressort et aujourd'hui comme hier, je m'enthousiasme bêtement pour cette annonce. En outre, l'album enregistré dans la villa Nellcôte de Villefranche sur Mer a aussi à mon avis une autre particularité que, considéré par bien des fans comme le meilleur du groupe, il peut aussi apparaître comme leur dernier vraiment bon. Après viendront Goat's head soup, It's only rock n' roll et Black and blue qui, s'ils contiennent immanquablement quelques perles, n'hésiteront pas à caricaturer le son Stones (sur It's only..., hormis Fingerprint file, quel morceau vaut le coup ?).
Sur Exile, les Stones donnent au blues des lettres d'éternité, les musiciens - dont le guitariste Mick Taylor, ancien compagnon musical de l'injustement peu connu John Mayall, qui remplace Brian Jones, mort en 1969 - sont au meilleur de leur forme et de leur envie et la voix de Jagger ne connaît pas la caricature qu'elle frôlera parfois par la suite. Il y a du blues, du "son de sous-sol" comme le diront Jagger et Richards, du lyrisme puissant et jamais dégoulinant (Let it loose, whaaa) et des bons p'tits rocks nerveux.
Pour toutes ces raisons, le retour de l'album de Villefranche sur Mer est une bonne nouvelle. Si à cela s'ajoutent quelques anecdotes de la vie stonienne à Nellcôte illustrée par quelques photos noir et blanc qui nous montrent de grandes pièces aussi vides que chics où traînent gosses et guitares ainsi que des musiciens entre veille et sommeil, on a aussi une idée assez précise de la vraie vie.