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Billet de blog 28 février 2010

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Sam Cooke - A change is gonna come © hopto
Sam Cooke - A change is gonna come © hopto

Si Jagger devenu Sir est passé exclusivement du côté de l'argent ramassé à la pelle, il en va autrement de la grande musique populaire qui constitua l'influence principale de son groupe, The Rolling Stones.

La musique afro-américaine est riche et variée (du gospel au hip hop en passant par sa branche savante - Bach, Mozart, Bartok et Webern ont des égaux outre-Atlantique - le jazz) mais elle a en plus un aspect à mes yeux extraordinaire : elle est politique et la question de l'inféodation de l'art à la politique ne se pose pas en ce qui la concerne.

Des morceaux comme A change is gonna come ou le très beau We shall overcome (repris par le blanc progressiste Springsteen il y a quelques années) sont de véritables chants d'espoir, d'émancipation et de libération et sont en même temps beaux à fendre le coeur de tout mélomane. Critiquer (au sens de critique artistique) la musique n'est pas une chose simple mais enfin, il y a les voix noires, formées par des années de gospel et noyaux infracassables de la culture afro-américaine, et le groove de cette musique que les Stones, pour le coup, ont su importer dans leurs compositions.

A change is gonna come, notamment chanté par Otis Redding en reprise de Sam Cooke, ou We shall overcome sont des titres qui ont, si je puis dire, rythmé le Mouvement pour les droits civique aux Etats-Unis dans les années 1960 et cet aspect non négligeable de cette musique contribue à la rendre encore plus émouvante. Les apôtres de l'égalité emmenés par Luther King Jr. chantaient We shall overcome face à la police et à la réaction blanche raciste et le rap de Public Enemy retentit dans les films militants de Spike Lee. Malcolm X est passé par là.

Au-delà de la seule musique, le Civil rights movement a beaucoup à nous apprendre en ces temps de tâtonnements politiques de l'après-Socialisme. Précisément, si j'exècre les vainqueurs de la chute du Mur, c'est aussi parce qu'ils sont pour certains les mêmes affairistes corrompus que ceux qui dirigeaient les états prosoviétiques. Ils se sont simplement ripolinés. Hier, ils étaient au garde à vous devant Brejnev ; ils accueillent désormais les prisons secrètes de la CIA - celles où, au passage, on torture au moins autant que sous la Stasi... Ces gens, chefs d'hier et d'aujourd'hui mais de toute éternité agenouillés devant la Puissance, ont une conviction : que le pouvoir d'Etat est l'alpha et l'oméga de la politique, parce que celle-ci, dénuée du moindre principe, n'est que corruption.

Le mouvement politique américain autour de la question de l'égalité entre Noirs et Blancs défend d'une certaine façon l'idée inverse. Le mouvement de Luther King, de Malcolm X mais aussi, de fait, des gauchistes Black Panthers ne se posait pas la question du pouvoir mais celle de la politique démocratique des masses. Prendre le pouvoir et le garder, donc, n'était pas d'actualité et cela constitue un franchissement du point de butée du léninisme. C'est pour moi une leçon mais aussi une histoire (encore) à faire car il y a dans cette séquence de la politique américaine, séquence qui est autre chose que l'élection d'Obama, des éléments qui ont à voir avec ce que certains philosophes appellent "l'hypothèse communiste" ou le communisme, tout simplement.

L'inégalité perdure aux Etats-Unis entre Noirs et Blancs mais enfin, la lutte de Luther King a sérieusement entaillé l'apartheid qui régnait aux USA jusqu'aux années 1960 - et cela sans élections, sans négociations rances, sans appétit pour un ou plusieurs postes de pouvoir...

En revanche, il y avait une culture, une musique dont le peuple afro-américain connaît la valeur. A travers cela, à travers cette culture et cette contre-société, les Afro-Américains ont affirmé une capacité politique et, me semble-t-il, porté une vision extrêmement émancipatrice de la question nationale. Le pays de Luther King et de Malcolm X est celui de tous ceux qui y vivent, à égalité.

En Afrique du Sud aussi, c'est le Noir Mandela qui a porté, politiquement et positivement, la question nationale mais la question du pouvoir s'est posée puisque Madiba est devenu Chef de l'Etat. Il ne l'est toutefois pas resté longtemps...

Voilà, je tâtonne mais je ne cesse de m'interroger sur la pertinence (je pense aussi à Fanon, à un certain Césaire ou au communiste noir de Haïti, Jacques Roumain - http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Roumain -...), sur la pertinence, donc, d'un communisme noir à partir duquel on pourrait réfléchir à une pratique politique émancipatrice pour ici.

http://www.dailymotion.com/video/xbt4rj_diana-ross-we-shall-overcome-nous-t_news

http://www.dailymotion.com/video/x1jo7_b-springsteen-we-shall-overcome_creation

http://www.dailymotion.com/video/x4hnbz_martin-luther-king-dernier-discours

http://www.youtube.com/watch?v=5nEHb7sBUYk

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