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Billet de blog 28 mai 2015

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Dix ans après le référendum sur le TCE, une situation catastrophique

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Cela fera demain 10 ans qu'à l'issue de la campagne du référendum sur la Constitution européenne, le NON l'emportait largement avec presque 55% des voix, 13 ans après un traité de Maastricht validé du bout des lèvres et malgré le consensus médiatico-parlementaire épais pour le vote OUI (certains éditocrates n'hésitant pas à insulter ce qu'on appelait alors les nonistes).
Je me souviens très bien de cette campagne. Elle eut la singularité notable d'être authentiquement politique dans un cadre légal et, pour tout dire, parlementaire. Celles et ceux qui, alors, appelaient comme toujours à ne pas participer au vote au nom de la formule "Élections, piège à cons" faisaient, me semble-t-il, une erreur.
Il faut se souvenir qu'à l'époque, chacun se saisit de la question posée et que le Traité de Constitution européenne fut largement acheté et lu jusque dans ses annexes glaçantes pour certains. J'ai même connu des gens qui, décidés à voter OUI, changèrent d'avis après lecture. Il y avait une dimension 68 électoral, bien que cela soit oxymorique. L'issue de toute cela est connue : au soir du 29 mai 2005, le NON fut franc et massif avec 54,8% des voix. Dix ans déjà. Dix ans qui voient une Grèce méprisée, écrasée et étranglée par une Union européenne qui a beau détester Brejnev... mais qui lui pique, de fait, l'idée de "souveraineté limitée".
Ce vote, en vérité, a été bafoué mais de la pire façon qui soit et le vrai visage, hideux, de la prétendue "démocratie" parlementaire est apparu sans fard. Les élections ne sont respectées que si le peuple vote "bien". Car si le TCE fut rejeté par référendum, il revint par le Parlement (qui avait déjà ratifié le TCE) après avoir été rebaptisé Traité de Lisbonne. Néanmoins, les dirigeants français des grands partis de gouvernement ont alors fait des concessions à une partie des nonistes (qui étaient de toute sorte, comme à chaque fois dans les grands moments politiques). La ligne noniste de droite, extrêmemement réactionnaire, a donc été entendue et c'est le point de départ du drame politique actuel que nous vivons. Le développement de l'islamophobie est de ce point de vue un enfant du 29 mai 2005, ainsi que les scores actuels du Front "national". C'est du reste à ces nonistes-là que M. Mélenchon, qui fait ce qu'il peut (si l'on peut dire, vu qu'il essaye de passer pour un révolutionnaire), fait du pied avec sa germanophobie sans vergogne - ou presque. La victoire du NON aura donc été, en France et du point de l'État parlementaire, celle du racisme le plus rance et le plus abject avec son corollaire "identitaire".

Il est frappant, si l'on regarde, dix ans après, le journal de M. Pujadas du 30 mai 2005, de constater à quel point tout cela est en germe dès le lendemain d'un référendum ou l'extrême droite noniste a joué sa partie ultra-réactionnaire voire néo-pétainiste et où la gauche, elle, s'est soit assise sur le vote de ses sympathisants et/ou militants (la majorité de l'éléctorat PS ayant voté NON, faut-il le rappeler) soit révélée incapable, comme le dit Panagiotis Sotiris ici, d'avoir un discours clair et radical de rupture avec l'Union européenne. La droite extrême et l'extrême droite ont sorti leurs drapeaux mités tandis que la gauche radicale était paralysée au nom d'un simulacre d'internationalisme (on ne peut pas toucher à l'UE).
Cette incapacité de la gauche à tenir un discours internationaliste et souverainiste (l'un ne peut pas aller sans l'autre) est une calamité politique qui fait et continuera de faire les beaux jours du Front national - ce qui est dramatique. Le journal télévisé du 30 mai 2005 montre donc bien, quoique malgré lui, à quel point tout ce qui a suivi la victoire du NON était annoncé par le refus de considérer les résultats de ce vote. Par conséquent, la droite raciste a pris du galon à mesure que le PS s'asseyait définitivement sur les exigences des classes populaires, laissant donc le champ libre à la réaction dont il est par ailleurs un des vecteurs. Et la crise politique, aggravée par l'inexistence d'un euroscepticisme internationaliste, n'a cessé de croître...
De fait, que la droite néo-maurrassienne ou néo-pétainiste s'en sorte mieux que la gauche radicale (noniste, en l'occurence) s'explique simplement par le fait qu'elle n'est en rien une menace pour le capital et ses profits mais cela n'en reste pas moins dramatique car autour du NON, elle peut rassembler des millions de gens. Hénin-Beaumont, on peut en faire l'hypothèse, est tombée aux mains du FN car le vote noniste (pour le FN) a été plus entraînant qu'un vote pour une gauche PS ouiste dont le projet politique est de faire ce que la droite ne peut pas imposer.
Dix ans après l'éclatante victoire du NON, la situation politique nationale est désastreuse car le bilan du NON est exclusivement réactionnaire puisque là où la Grèce vote Syriza et l'Espagne, Podemos, c'est en France le FN qui tire les marrons du feu. Il est à tout le moins douteux de penser réduire le Parti des ténèbres en défendant l'idée d'une "autre Europe", par exemple, ou en n'osant pas préconiser une rupture radicale avec le Moloch capitaliste qu'est l'UE et avec l'euro. A coté de cela, la conscience de classe demeure le fondement d'une politique émancipatrice, politique qui doit joindre deux bouts non antagoniques mais absolument complémentaires et qui doit par conséquent défendre d'un côté le pays pour tous ceux qui y vivent et/ou y travaillent et de l'autre, son indépendance, notamment dans ses choix politiques et économiques, de l'Union européenne. Sans cela, les anniversaires du 29 mai 2005 seront toujours plus douloureux encore.

20h France 2 du 30 Mai 2005 - Rejet du référendum sur l'Europe - Archive INA © Ina Actu

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