Je ne sais trop par où commencer même si l'écriture d'un texte me taraude. Tout n'est pas bien clair à mon esprit et c'est peut-être cela, finalement, qu'il s'agirait de dire.
Cela touche à la mélancolie dont j'ai pensé, ces jours-ci, qu'elle n'était pas une fatalité. Il s'agirait d'écrire une hypotypose de la mélancolie vaincue, relique du temps passé dans un futur encore à imaginer - même s'il est évidemment possible de soutenir que la mélancolie est consubstantielle à l'homme et à son existence. Ce coin enfoncé dans la mélancolie est à mes yeux lié au communisme comme pur présent.
Tout cela, je le sais, est peut-être fumeux, infantile ou que sais-je encore mais renoncer ne m'enchante guère.
Je pense aussi à Paul Nizan revenant d'URSS en 1934 et annonçant, dépité, à Sartre que chez les Soviétiques persiste l'angoisse de la mort.
Bien sûr, nul ne vaincra la finitude et la décrépitude de l'individu mais rompre la finitude-finitude fut un enjeu du XXème siècle. Au couple finitude-finitude se substituerait un attelage matière-infini (couple très baudelairien, en somme) qui verrait rayonner l'éternité dans les corps périssables.
Poésie et politique se rencontrent ici bien que je sache à quels désastres l'esthétique en politique s'est exposée au siècle dernier.
La période contemporaine est notamment caractérisée par la finitude seule. A ce nom ne se joignent plus promesse christique (d'où l'évacuation apeurée de la mort au profit de l'impératif de la jouissance) et / ou celle du communisme.
Cette situation renforce la mélancolie générale. Le temps passe, mange la vie et celle-ci décroît avec les saisons.
Dans une perspective athée, c'est évidemment l'hypothèse du communisme qui m'intéresse mais je précise aussi que Bossuet peut se lire sans adhésion à quelque au-delà. André Breton, du reste, qui s'inscrit stylistiquement dans une langue classique que n'aurait pas reniée l'évêque de Meaux, rapporte dans Nadja cette question, pour lui rhétorique, du personnage éponyme : "Est-il vrai que l'au-delà, tout l'au-delà, soit ici bas ?"
La religion promet le paradis après les larmes ; le communisme la compossibilité de toutes nos vies. Mais la question du temps comme durée peut-elle sous certaines conditions devenir secondaire ?
Nizan avait bien posé le problème à son retour de Stalinabad. Si demeurait l'angoisse de la mort - et non, bien sûr, la mort elle-même -, le "communisme" avait failli.
La mélancolie, n'est-ce pas ouvrir un livre quelque peu jauni et y trouver des notes qu'on aurait écrites quelques années avant mais qu'on ne comprendrait plus ? C'est là, pour l'instant, que je bute sur le réel. Il faudrait qu'intervienne le troisième discours. Après la poésie et la politique, la psychanalyse ! L'inconscient est immortel.
Mais cela ne suffit pas.
A suivre...