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Billet de blog 29 décembre 2013

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L'internationalisme, vertu cardinale

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Le Club de Mediapart est pris dans une tourmente assez nauséabonde. Ici et là, sous des billets ayant trait à Dieudonné/Soral ou relatifs à l'antisémitisme ou l'islamophobie, on lit, appuyée par moult recommandés, une libération de la parole raciste.
L'antisémitisme devint un temps honteux, eu égard aux plus de 5 millions de morts comme bilan terrifiant de sa version nazie, mais voilà que, notamment à cause de la politique raciste israélienne, on ne peut plus dire comme jadis Bernanos que "Hitler a deshonoré l'antisémitisme".  Sur ce créneau des vieux habits relookés de l'antisémitisme, on trouve en première ligne Dieudonné et Soral justifiant leur passion aussi délirante que mortifère par la politique raciste et impérialiste menée par Israël. L'intellectuel des salles de full contact a même, aidé par Naulleau l'ami de Zemmour, écrit un livre qui n'aurait pas déçu Rebatet et Brasillach et dans lequel il déploie un antisémitisme somme toute classique avec cette nouveauté datant de l'après-guerre qui consiste à nier le génocide perpétré par les nazis histoire de tuer une deuxième fois ces morts sans sépulture et de faire, en pensée, ce que des skinheads firent en acte, eux, en 1990 dans le cimetière de Carpentras.
L'air que nous jouent Soral et Dieudonné est un musique infâme et criminelle. Il faut la combattre parce qu'elle divise l'humanité et, partant, rend impossible tout universel.
Par universel, je précise tout de suite que je ne pense pas à la fable mitée de la République mélenchonienne où chacun doit ressembler à tout le monde. Je pense à l'universel paulinien, opposé à celui des Romains ou de la IIIème République que mettent en avant les chantres de l'identité nationale menacée comme MM. Debray, Zemmour ou Finkielkraut. L'universel fondé par Paul de Tarse n'impose aucun modèle, pas même si l'on en croit le théologien protestant Daniel Marguerat, celui de la croyance en Dieu. L'universel paulinien prend les hommes et les femmes du monde entier comme ils sont, avec ou sans kippa, avec ou sans foulard, en dreadlocks ou avec une crête punk rouge, en pensant qu'ils sont tous les mêmes, unis par Jésus-Christ.
Croyance éventuellement mise à part (chacun fera comme il voudra), c'est sur les traces de Paul le Tarsiote qu'il faut marcher. Nous nous fichons bien de savoir qui est juif, qui est arabe ou tibétain. L'enfant mort sous les balles nazies lors de l'insurrection valeureuse du Ghetto de Varsovie en 1943 n'a pas à être mis en balance avec les enfants palestiniens tués ces jours-ci à Gaza par l'aviation israélienne car de telles pratiques, qui divisent l'humanité humiliée, ont exclusivement des desseins ultra-réactionnaires. Qu'ils soient le fait de la LDJ, du Betar ou du Jobbik hongrois. Car un crime est un crime - antisémite ou pas, sioniste ou pas.
Précisément, cette division raciste et haineuse est l'activité principale de Soral et Dieudonné. Pour Soral, chaque horreur israélienne apporte de l'eau au moulin de son délire antisémite. Comme si les Juifs avaient une même pensée et les Arabes (ou les Palestiniens) une autre.
Entrer dans ce genre de considérations ouvre à la course au pire. Sous les essentialisations que chacun se jettera à la figure, les oppresseurs de la planète prospèreront. Et du reste, Soral, qui parle toujours du "travail", ne semble pas extrêmement dérangé par le fait que le vieux Le Pen n'ait jamais rien foutu de sa vie et qu'il ait fait fortune en faisant main basse sur le magot de l'héritier des Ciments Lambert. Une vie de prolétaire sans-papiers aurait tué 20 fois l'ancien chef du FN...
Le danger qui nous guette, donc, tient en deux mots : antisémitisme et islamophobie. Ces deux termes pouvant être, avec la rromophobie du reste, réunis en un seul : xénophobie. Celle-ci repose sur une vision complotiste, délirante et, en tout état de cause, essentialiste (les Juifs sont fourbes, radins et tous de mêche les uns avec les autres ; les Espagnols sont gnols ; les Noirs bien membrés et les Portugais maçons).
C'est en cela, donc, que n'avons que faire des origines et des croyances de chacun. Il y a des féministes portant un foulard et des athées furieusement réactionnaires. Il y a des Juifs de l'étude comme Ivan Segré qui ont la dent très dure contre la politique israélienne et des born again US (ou Drieu la Rochelle, antisémite admiré par Soral !) soutiens du pire sionisme. Nombre de membres du Parti communiste de Pologne liquidé par Staline dans les années 1930 étaient des Juifs farouchement antisionistes, comme le montre Ivan Jablonka à travers l'exemple de ses grands-parents. C'est pour cela que toute caractérisation "raciale", "ethnique" ou culturelle mise en avant dans un discours politique ne peut qu'être fermement combattue car, comme demandait Jean Genet, "Et d'abord, un Noir, de quelle couleur c'est ?"
Il y a une oppression israélienne sur le peuple palestinien qui doit être combattue (BDS doit être soutenu et encouragé ; Netanyahu dénoncé pour sa politique d'extrême droite qui a le soutien de l'ensemble des partis importants israéliens). Il y a aussi un combat à mener pour penser ce qui a mené l'Occident à tous ses crimes (l'esclavage, la colonisation, le 17 Octobre 1961, l'extermination des Juifs, ...) sans être englué dans un strict travail stérile de mémoire (pleurer ne sert hélas pas à grand chose ; penser à éviter le pire est préférable et plus judicieux... mais on peut néanmoins faire repentance).
Tous ces combats sont liés. La Shoah n'élimine pas l'esclavage et l'esclavage ne relativise pas la Shoah. Dans les deux cas, des salopards ont pensé que des hommes étaient moins des hommes que d'autres. D'ailleurs, certains de ses salopards participèrent à deux crimes comme Maurice Papon qui envoya des Juifs à la morts sous Vichy et noya des Algériens sous De Gaulle. Qu'en pensent Soral et Dieudonné ?
Etre du côté des opprimés impose de mettre les particularismes de côté non en les niant, évidemment, mais en les déclarant subalternes par rapport à tout ce qui peut unir les opprimés. En cela, l'internationalisme est une vertu cardinale pour qui se dit du côté de l'émancipation.
C'est en cela qu'il faut travailler au retour d'un pour tous pratique et politique car, ne nous y trompons pas, les oiseaux de mauvais augure haineux et racistes ne prospèrent que sur l'absence de projet émancipateur universel à l'échelle du monde.

Travailler à cette émancipation-là. Travailler au retour de l'idée communiste.

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Je précise que je me lave les mains de la polémique entre d'un côté Dieudonné et, de l'autre, la Valls-hollandie car tous ces gens constituent précisément des diviseurs racistes de l'humanité. Le chant d'amour de Hollande à Netanyahu ou la désignation par Valls de "salafistes" comme ennemis intérieurs de la République valent bien l'opiniâtre antienne antisémite de la nébuleuse Dieudonné. 

Enfin, la République se drape dans la défense des Juifs attaqués maintenant que presque 6 millions d'entre eux ont été exterminés. Mais c'est un peu tard. N'oublions pas que la IIIème République, tant aimée par nos laïcards islamophobes comme par exemple Finkielkraut, a été antisémite avant Vichy (ainsi que le montre Ivan Jablonka) et qu'elle a refusé, y compris sous le Front populaire, de donner des papiers aux Juifs venus d'Europe de l'Est.

Les grands ancêtres de Valls ont servi ceux de Soral/Dieudonné. 

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