Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

431 Billets

3 Éditions

Billet de blog 31 mars 2010

Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

Victor Hugo à Louise Michel.

Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Victor Hugo fit la connaissance de Louise Michel en septembre 1870 ; elle lui avait envoyé des poèmes à Guernesey ; elle se donnait volontiers le nom d'Enjolras - chef des amis de l'ABC, groupe de républicains révolutionnaires dans Les Misérables. En décembre 1870, le poète intervint pour la faire libérer de prison. Après la Commune, en octobre et en novembre 1871, elle lui écrivit de ses geôles de Versailles et d'Arras.

Viro Major

Ayant vu le massacre immense, le combat

Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat,

La pitié formidable était dans tes paroles.

Tu faisais ce que font les grandes âmes folles

Et, lasse de lutter, de rêver de souffrir,

Tu disais : J'ai tué ! car tu voulais mourir.

Tu mentais contre toi, terrible et surhumaine.

Judith la sombre juive, Aria la romaine

Eussent battu des mains pendant que tu parlais.

Tu disais aux greniers : J'ai brûlé les palais !

Tu glorifiais ceux qu'on écrase et qu'on foule ;

Tu criais : J'ai tué, qu'on me tue ! Et la foule

Ecoutait cette femme altière s'accuser.

Tu semblais envoyer au sépulcre un baiser ;

Ton œil fixe pesait sur les juges livides ;

Et tu songeais pareille aux graves Euménides.

La pâle mort était debout derrière toi.

Toute la vaste salle était pleine d'effroi.

Car le peuple saignant hait la guerre civile.

Dehors on entendait la rumeur de la ville.

Cette femme écoutait la vie aux bruits confus

D'en haut, dans l'attitude austère du refus.

Elle n'avait pas l'air de comprendre autre chose

Qu'un pilori dressé pour une apothéose ;

Et, trouvant l'affront noble et le supplice beau

Sinistre, elle hâtait le pas vers le tombeau

Les juges murmuraient : Qu'elle meure ! C'est juste.

Elle est infâme - A moins qu'elle ne soit auguste

Disait leur conscience ; et les juges pensifs

Devant oui, devant non, comme entre deux récifs,

Hésitaient, regardant la sévère coupable.

Et ceux qui comme moi te savent incapable

De tout ce qui n'est pas héroïsme et vertu,

Qui savent que si Dieu te disait : D'ou viens tu ?

Tu répondrais : Je viens de la nuit ou l'on souffre ;

Dieu, je sors du devoir dont vous faites un gouffre !

Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux,

Tes jours, tes nuits, tes soins, tes pleurs, donnés à tous,

Ton oubli de toi-même à secourir les autres,

Ta parole semblable aux flammes des apôtres ;

Ceux qui savent le toit sans feu, sans air, sans pain

Le lit de sangle avec la table de sapin

Ta bonté, ta fierté de femme populaire.

L'âpre attendrissement qui dort sous ta colère

Ton long regard de haine à tous les inhumains

Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ;

Ceux-là, femme, devant ta majesté farouche

Méditaient, et malgré l'amer pli de ta bouche,

Malgré le maudisseur qui, s'acharnant sur toi

Te jetait tous les cris indignés de la loi

Malgré ta voix fatale et haute qui t'accuse

Voyaient resplendir l'ange à travers la méduse.

Tu fus belle et semblas étrange en ces débats ;

Car, chétifs comme tous les vivants d'ici-bas,

Rien ne les trouble plus que deux âmes mêlées

Que le divin chaos des choses étoilées

Aperçu tout au fond d'un grand cœur inclément

Et qu'un rayonnement vu dans un flamboiement.

Décembre 1871

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.