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Billet de blog 30 novembre 2011

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Entre le sarkozysme et le pluralisme de l’information, il faut choisir…..

Ce billet reprend juste le commentaire que j’ai laissé sur le fil de la discussion à la suite de l’article de Laurent Mauduit : France Inter : écoutez la dépendance! Il n’a d’autre intention que de se rallier à l’indignation face à la mise sous surveillance et discipline des médias publics par le pouvoir sarkozyste, grâce au retour de la bonne vieille pratique de la nomination directe des directeurs des médias publics par le Monarque (et/ou de sa bien aimée….).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce billet reprend juste le commentaire que j’ai laissé sur le fil de la discussion à la suite de l’article de Laurent Mauduit : France Inter : écoutez la dépendance! Il n’a d’autre intention que de se rallier à l’indignation face à la mise sous surveillance et discipline des médias publics par le pouvoir sarkozyste, grâce au retour de la bonne vieille pratique de la nomination directe des directeurs des médias publics par le Monarque (et/ou de sa bien aimée….). Le cordon entre le pouvoir exécutif et l’information sur les ondes audiovisuelles publiques avait été coupé, très symboliquement et en apparence seulement, par la suppression définitive par la loi de mai 1974 du ministère de l’Information, mais il faudra attendre l’alternance politique de 1981, avec l’élection de François Mitterrand, pour que soit enfin remise en cause la toute puissance de l’emprise du pouvoir exécutif sur les médias, notamment par la loi du 29 juillet 1982, qui proclame fièrement que "la communication audiovisuelle est libre" même si elle reste encadrée. C’est par la loi organique n°2009-257 du 5 mars 2009, confirmant la peur et le réel mépris de Nicolas Sarkozy et de sa majorité pour le pluralisme de l’information, que le pouvoir actuel rétablit la mainmise directe de l’exécutif sur les médias publics. Comme Louis XI aurait très bien pu s’en entretenir avec notre Nicolas I, lui dispensant quelques sages conseils de despote : "Qui ne sait pas dissimuler, ne sait pas régner." Décidément, on ne répètera jamais assez que la conquête de la liberté d‘expression, mère de toutes les autres libertés, et fruit d’un long combat et de luttes courageuses, n’est jamais une victoire complètement et définitivement acquise.

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Cher Laurent Mauduit,

Merci de dénoncer le vent de la censure qui sévit dangereusement sur nos ondes publiques depuis que l’Élysée place ses lieutenants chefs pour limiter la liberté de parole des journalistes et contrôler l’information, et cela au service d’un pouvoir corrompu, lui-même à la botte de la minorité possédante. Il s’agit d’un véritable déni de Démocratie !

Comme chacun sait, l’oppression sarkozyste sur les médias publics ne concerne pas seulement France Inter, mais aussi toute la maison Radio France, sans oublier celle de France Télévisions. A travers ce putsch contre la liberté de l’information sur le réseau public, c’est la Démocratie toute entière qui vacille, avec des journalistes, et pour un certain nombre d’entre eux des soi-disant "journalistes", qui trop souvent, se contentent simplement de relayer des informations brutes sans réel esprit critique face au pouvoir, lorsque certains n’hésitent pas à se transformer, purement et simplement, en service de presse du gouvernement et du chef de l’État, par une présentation de l’information insidieusement complaisante à l’égard du pouvoir, dans une servitude obligée (ou malheureusement gravement dévouée pour certains d‘entre eux….). Et la situation, on l’imagine bien, ne s’améliore pas au fur et à mesure que l’on approche de l’échéance présidentielle de mai 2012, et tout cela, s’il vous plaît, avec nos impôts !!!!!!!!!!!!!!

Si l’on porte un regard réellement objectif sur ce qu’est aujourd’hui l’information diffusée par les médias publics, à la lumière des vrais valeurs du journalisme à laquelle on a droit sur des médias comme Médiapart, ou tout simplement avec ses modestes lunettes de citoyen instruit, averti et critique, on ne peut sérieusement plus parler de travail journalistique pour un certain nombre de ceux qui prétendent encore l’exercer, mais d’un simple travail d’animation (et pourtant chèrement rémunéré !) d’une certaine forme de manipulation de l’information, notamment et surtout dans le domaine économique et social. Car, pour un journaliste, ne pas dénoncer les injustices et les impostures lorsque les statistiques et les résultats du journalisme d’investigation sont pourtant bien là en abondance pour les mettre en évidence, en en montrant par ailleurs très limpidement l’origine profonde, à savoir la collusion d’intérêts entre le pouvoir en place et le mur de l’argent, mais, se contenter d’ une présentation à la tonalité "neutre" du point de vue des responsabilités et des intérêts du pouvoir, a fortiori en faire une présentation habilement complaisante, c’est, qu’on le veuille ou non, se faire complice de ce même pouvoir, passivement ou activement, en tout cas complice de ce qui apparaît, à bien des égards, comme de la désinformation au service du pouvoir en place…..Et ce n‘est plus faire un travail de journaliste !!!

Cette complicité propagandiste est tout autant inacceptable et dangereuse pour la Démocratie que celle que pourrait avoir un enseignant vis-à-vis de la colonisation, en en présentant à ses élèves certains soi-disant "bienfaits", sous prétexte de la peur de représailles de sa hiérarchie qui ,elle, justifierait d’en parler au nom du respect de programmes néo-colonisateurs. Non, lorsqu’un pilier de la Démocratie, aussi fondamental que la liberté et l’indépendance de l’information par rapport au pouvoir exécutif, se fissure avec autant d‘évidence du point de vue du pluralisme et de l‘objectivité de l‘information, les vrais journalistes de la maison publique de l’information doivent entrer en rébellion active contre leur direction pour défendre les valeurs de leur métier, et à travers elles, respecter le citoyen et servir l’une des missions les plus nobles du journalisme, celle de contribuer à l’émancipation de la Démocratie !

Merci à Laurent Mauduit, à Edwy Plenel, à l’ensemble des journalistes et du personnel de Médiapart, aux vrais journalistes des médias publics qui essaient encore de résister face au putsch sarkozyste, aux membres du Club de Médiapart, à toutes les plumes (professionnelles ou amatrices) de France et du monde entier,….. qui portent en eux cette mission démocratique de l’information et entendent bien la défendre, sans relâche et sans compromissions face aux volontés de mainmise des pouvoirs dictatoriaux ou faussement démocratiques !

                                       "Je n’aime pas vos idées, mais je me battrai pour que vous puissiez vous exprimer." Voltaire.

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