Ce billet est lié au précédant (http://blogs.mediapart.fr/blog/yves-charpak/261014/fabrication-d-anticorps-anti-ebola-pour-les-africains-des-breches-dans-les-regles-de-securite-et-d) ,à propos de mes questions sur l’utilisation éventuelle d’anticorps de convalescents de la maladie Ebola après « purification du plasma par l’EFS», l’Etablissement Français du Sang : plusieurs journaux avait rapporté cette formulation à la suite de la conférence de presse de notre nouveau « monsieur Ebola » (http://www.gouvernement.fr/partage/2153-le-gouvernement-renforce-l-organisation-interministerielle-face-a-la-crise-ebola)
Mon billet m’a valu une mise au point informelle de quelqu’un de l’EFS : en réalité, le projet évoqué concerne bien l’utilisation de plasma de malades convalescents, et pas une fraction du plasma qui serait traité industriellement… La différence est de taille, car dans le premier cas c’est bien un établissement de transfusion qui opère (l'EFS) et dans le deuxième cas c’est forcément un établissement pharmaceutique. Et l’EFS est effectivement intégré dans un projet de recherche Européen, piloté par l’excellent centre de médecine tropicale d’Anvers, avec des financements de l’Union Européenne (2,9 millions €) et du Wellcome Trust, grosse fondation de recherche privée de nos voisins anglais, qui « apportera un soutien supplémentaire en faveur de cette collaboration internationale inédite entre les secteurs public, privé et à but non lucratif afin d'enrayer l'épidémie d'Ebola ». http://www.itg.be/itg/GeneralSite/Default.aspx?L=F&WPID=688&MIID=637&IID=392
L’erreur m’a conduit a investiguer un peu plus loin ce qui a été proposé aux journalistes, en particulier dans le dossier officiel de la conférence de presse (http://www.aviesan.fr/fr/mediatheque/fichiers/version-francaise/actualites-fr/dossier-presse-aviesan-ebola-vdef) : rien n’est mentionné sur le sujet « plasma » en dehors du suivi d’une cohorte de convalescents. Pourquoi cette lacune concernant un projet paneuropéen où l’EFS et l’INSERM, mais aussi l’Institut Pasteur et d’autres institutions françaises sont aussi partenaires… mais pas pilotes ?
Les plus pessimistes diront que la réponse est peut-être contenue dans la question : la conférence de presse visait à démontrer l’implication très forte de la France en première ligne, et pas comme simple partenaire d’un ou plusieurs autre pays.
Dommage, car le projet est essentiel, même si les résultats arriveront un peu tard pour résoudre la crise immédiatement (mais on aura besoin de toutes les recherches thérapeutiques sérieuses dans le futur).
Quand allons-nous enfin considérer sérieusement les partenariats européens plutôt que de croire que notre beau pays, par sa grandeur passée, pourra toujours tout résoudre sans les autres, nos voisins ?
Car en fin de compte, la seule coopération européenne mentionnée dans le dossier de presse est celle du laboratoire P4 de Lyon avec des chercheurs allemands, ne « mettant pas en danger » sa visibilité internationale très forte et légitime.