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Hommage était rendu hier à Auch (Gers) à Clément Méric, en présence de ses parents, militants très engagés ici dans la défense des droits humains. Clément, membre d'un mouvement anti-fasciste, a été assassiné par des activistes néo-nazis à Paris, il y a 3 ans, le 5 juin 2013.
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Comme le rappelait Johan, lors d'une prise de parole, c'est pour lutter contre "le fascisme qui sème la mort" qu'à la suite de ce tragique événement a été créé dans le Gers le Collectif anti-fasciste afin que l'extrême-droite n'ait pas droit de cité (le Collectif a organisé, entre autres, l'an dernier dix rassemblements devant des salles où le Front National essayait de réunir ses partisans).
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Une minute de silence a été observée. Cette commémoration a eu lieu Place de la Libération, à Auch, sous la plaque qui "rend hommage aux victimes des persécutions racistes et
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antisémites et des crimes contre l'humanité commis sous l'autorité de fait dite 'Gouvernement de l'État français' (1940-1944)".
Une manifestation pour la mémoire de Clément Méric aura lieu samedi à Paris, à Stalingrad, à 14 h, pour n'oublier jamais.
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Non aux violences policières
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Peu après, les participants à Nuit Debout se retrouvaient place de la République (devant la cathédrale). Après avoir dégusté un chili con carne, les débats se portèrent surtout sur les violences policières, qui, ici ou là, émaillent les manifestations contre la loi Travail. En effet, depuis quelques mois, on assiste à une kyrielle d'incidents graves, comme peut-être on n'a jamais vu. Sous le prétexte de l'état d'urgence, et du fait qu'effectivement des manifestants surexcités ont commis des dégâts aux mobiliers urbains ou aux biens privés, certains policiers se déchaînent. Malheureusement, le témoignage ne suffit pas pour pouvoir dénoncer : dans notre monde de l'image, les exactions policières ne deviennent réalité que si elles sont filmées. Et beaucoup ont été filmées. Sur les réseaux sociaux mais aussi dans la presse, on ne compte plus les cas rapportés : cela mériterait qu'un recensement complet soit effectué, car on n'est plus dans la bavure isolée.
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On totalise déjà des "milliers de blessés" (France Inter le 3 juin). Enfants blessés par des policiers à Saint-Malo hier ; jeune homme énucléé par un flashball à Rennes ; Romain, à Paris, dans le coma, crâne enfoncé par une grenade lors d'une manœuvre de la police, dite de désencerclement, injustifiée (ouverture d'une enquête par le Défenseur des droits) ; visages ensanglantés sur de très nombreuses vidéos ; violences filmées à Toulouse ; à Lyon, canon à eau et tabassage pour faire de belles images sur TF1 ; manifestants et journalistes tabassés à Rennes (49 blessés). Une quarantaine de procédures pour la police des polices.
L'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) est amenée à monter au créneau et à dénoncer ces exactions. Les blessures dont sont victimes les policiers ne justifient en rien ces brutalités. Cette violence attise la violence de manifestants, qui jusqu'alors étaient calmes.
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Les cris d'orfraie à l'encontre d'une affiche de la CGT contre les violences policières s'avèrent désormais particulièrement hypocrites. On a toutes les raisons de penser que tous les policiers n'approuvent pas ces comportements, mais une République doit avoir une police totalement républicaine.
Cela suppose qu'au plus haut niveau on soit intraitable face à tout dérapage et qu'on ne donne pas l'impression que le maintien de l'ordre est au prix de l'impunité. Sinon, il ne s'agit plus des débordements des Robocops dans les grandes villes mais également, comme des rumeurs persistantes le laissent désormais entendre, des tabassages, loin de toute caméra ou smartphone, dans nos commissariats de province. C'est ce que 70 participants à Nuit debout ont dit avec force hier soir à Auch, et avec écho, puisque leurs propos étaient retransmis par hauts-parleurs aux aussi nombreux clients des terrasses de café alentour, aux habitants à leurs fenêtres et aux permanenciers du commissariat tout proche.
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Le Comité Pour Clément, à Paris, dans son appel à la manifestation de demain, a écrit :
"Les mobilisations contre la loi travail révèlent le ras-le-bol face à la destruction programmée des acquis sociaux et face à la précarité comme norme sociale. Elles sont la réponse à toutes celles et ceux qui pensent que la résignation et l’individualisme ont gagné. Les violences policières et la répression exercées contre ces mobilisations mettent en lumière ces pratiques qui sont fréquentes dans les quartiers populaires et tabous dans le reste de la société. Plus la situation sociale va se durcir, plus les violences policières vont se multiplier. Ces politiques sécuritaires et racistes sont le pendant de la guerre sociale, la précarité et l’insécurité sociale comme moyens de gouvernance qui régit notre société.
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Parce que nous n’avons rien oublié du sourire de notre camarade ni de ses combats, parce que nous n’avons rien pardonné de l’infamie des fascistes qui l’ont tué et du système qui les produit, parce que nous n’entendons pas laisser sa mémoire aux mains des juges et des journalistes à l’occasion du procès qui approche, nous appelons à une manifestation antifasciste le samedi 4 juin 2016 à 14h à Stalingrad."
. http://www.pourclement.org
. voir article de François Bonnet et de la rédaction de Mediapart, Violences policières : ouvrez les yeux !
. Dans cet article de Karl Laske, vidéo montrant que lorsque Romain D. a été touché gravement, les manifestants invectivaient les force de l'ordre mais ne lançaient aucun projectile : À Nation : "ils ont jeté cette grenade gratuitement"
. Libération du 30 mai : Loi Travail : les fantômes des mobilisations.
Billet n° 264
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Tweeter : @YvesFaucoup
[Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200]