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Billet de blog 15 août 2023

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Soins palliatifs… à quoi ?

Où je relie le projet de loi en cours de discussion sur l’aide active à mourir à la mort du médecin Claude Got. Et diverses autres chroniques : sur les visites du ministre de la Santé aux urgences, sur les zoos humains, sur le "JDB" (Journal De Bolloré), sur les élections de Miss France truquées, sur les accusations non étayées du Chef de l’État à l’encontre des mineurs de l’ASE.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un texte de loi est en cours d’élaboration sur l’aide active à mourir. Il s’agirait d’annoncer le renforcement des soins palliatifs tout en permettant au patient incurable et dont le pronostic de survie est à 6 à 12 mois de pouvoir utiliser un produit létal au terme d’une procédure encadrée. De nombreux professionnels de santé et souvent ceux des services de soins palliatifs militent contre toute modification de la loi actuelle, qui autorise la sédation profonde (produit provoquant un endormissement profond pour ne plus sentir la douleur jusqu’à la mort). La question est posée de savoir si le patient doit pratiquer lui-même le geste mettant fin à sa vie ou, dans le cas où il n’est pas en mesure de le faire, qu’une autre personne puisse y procéder : peut-il s’agir d’un soignant ? Nombreux soignants sont opposés à pratiquer un tel geste, qui n’est pas conforme à leur serment de maintenir en vie les malades. Le code pénal doit être également changé si un tiers est autorisé à donner la mort.

Illustration 1

Emmanuel Macron voudrait avancer sur ce sujet mais il est en terrain miné. On est en droit de s’étonner qu’en avril dernier recevant à déjeuner à l’Élysée des membres de la Société française des soins palliatifs (SFAP)… le président était absent et représenté par Brigitte Macron ! Les soins palliatifs ont été créés dans notre pays pour contrer les tenants du droit à euthanasie, sans acharnement thérapeutique ni injection d’un produit létal. On peut se demander s’il s’agit de palier la douleur ou la mort volontaire. Il y a dans ce débat, éthique et donc difficile certes, beaucoup d’hypocrisie : je ne m’étends pas sur le fait qu’en soins palliatifs la sédation profonde accélère la mort, d’autant plus si le patient a donné ses directives anticipées sur le non-acharnement et donc pour l’arrêt de l’hydratation (la SFAP affirme que l’arrêt de l’hydratation ne signifie pas arrêt des soins mais quiconque a accompagné un proche en fin de vie sait ce qu’il en est).  

Non, ce que je veux évoquer c’est le fait que, comme jadis avec l’avortement, certains milieux savent très bien ce qu’il faut faire et comment s’y prendre (quitte à être parfois les premiers à s'opposer à toute réforme). On a annoncé la mort de Claude Got, cet expert en santé publique, spécialiste des accidents de voiture, qui a milité toute sa vie pour que des dispositions soient prises pour réduire la mortalité sur les routes (combat pour la ceinture de sécurité par exemple). Dans les années 1970, il était fréquemment, avec ses gros pulls en laine tricotés par son épouse, sur les plateaux de télé, avec sa petite voix et ce visage enfantin. Il s’était penché également sur les maladies professionnelles, dont l’amiante. On pense qu’il a sauvé des milliers de vie humaine. Son épouse et lui avaient décidé de mourir ensemble, mais elle est décédée avant lui d’un accident vasculaire. Lui est mort trois mois plus tard (le 11 août), en Belgique, le temps de s’organiser pour bénéficier dans ce pays d’une euthanasie, interdite en France (il était atteint depuis fin 2021 de troubles neurodégénératifs). Ce que révèle l’article nécrologique du Monde (13-14 août) c’est qu’en 1992, lui-même, médecin, avait injecté à sa mère, 88 ans, un produit létal, comme elle le lui demandait. Son grand-père, psychiatre, paraplégique, avait été aidé à mourir par un ami vétérinaire, en 1957, à 50 ans.

Ce qu’une loi prévoit et permet c’est de donner le même droit à tous.

. voir également ADMD (illustration), l'Association pour le droit de mourir dans la dignité : www.admd.net et sa critique des positions de la SFAP : Nécessité et limites des soins.

[15 août]

Urgence

Illustration 2
[Photo d'archives YF]

Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, est passé hier au CHU de Toulouse, pour constater le fonctionnement d’un nouveau service d’accès aux soins (SAS) et celui du SAMU 31 (près de 2000 appels par jour). En séjour privé dans le Gers, quelques jours plus tôt, il avait effectué vendredi soir une visite impromptue à l’hôpital d’Auch vers 23 heures. La préfecture a refusé la présence des délégués du personnel car c’était une visite « non officielle ». Ce qui n’a pas empêché cette action de com’ de perturber le service surtout à une telle heure tardive. Visiter les services d’urgence, même en affirmant qu’on connaît bien leur problématique et qu’on agira dès demain (comme s’il n’y avait pas eu de ministre auparavant) peut tout simplement signifier qu’on n’est pas expert et qu’on vient pour (mieux) comprendre. Les personnels concernés confrontés à la désorganisation des hôpitaux attendent moins des visites nocturnes que des actes concrets et des décisions efficientes. 

. J'ai transmis au ministre le lien avec mon article sur L'hôpital public, garant de l'égal accès aux soins  où il est justement question, entre autres, de l'hôpital d'Auch.

. Voir la déclaration du Dr Christophe Prudhomme sur BFM sur la situation très préoccupante des services d'urgence en ce moment : ici.

[15 août]

Illustration 3
Christophe Prudhomme [Ph. YF]

Praud dérape…

Qu’est-il arrivé à Pascal Praud, de CNews, qui soudain, il y a deux jours, s’est mis a encensé les joueurs français ayant gagné le Ballon d’or : Kopa, Platini, Papin, Zidane, Benzema et de compter sur ses doigts, sur les cinq, quatre ont un père ou un grand-père qui n’est pas né en France : jouant les naïfs, il dit que c’est bien parfois d’avoir en France « des arrivées de l’extérieur qui glorifient ce pays ».

Illustration 4

Sur le plateau, stupéfaits, Charlotte d’Ornellas (JDD, version extrême droite) s’indigne (« c’est open-bar ») et Joseph Macé-Scaron, ancien directeur de Marianne, après avoir été directeur du Figaro-Magazine, collaborateur de Fillon, accusé de divers plagiats, s’étrangle et lance que ces gens-là « glorifient le pays sauf quand ils refusent de chanter la Marseillaise, entre autres choses. Pourquoi vous refusez Pascal Praud de dire les choses ». Praud tout aussi gentillet, d’une voix douce, zozotant, dit que Benzema est un gentil garçon, qui n’a pas eu un carton rouge dans toute sa carrière, puis impose une pause. Praud est capable de tout, je crois que certains l’apprécient pour son culot : était-il sincère, est-ce un coup monté ? I don’t know.

. Pour celles et ceux qui ont accès à X (Twitter) : ici.

[9 août]

Faut-il tomber dans le panneau ?

Covestro est une entreprise chimique récente (2015), issue d’une scission de Bayer. Elle produit des matériaux polymères de haute technologie et de leurs composants (mousse de polyuréthane, polycarbonates). Chiffre d’affaire : 18 milliards en 2022. Elle est présente en Chine et a passé un accord avec l’entreprise chinoise CGN New Energy pour que son usine de Shanghai soit alimentée par de l’énergie renouvelable : cela lui permet de se donner une belle image, moins polluante. Quoi que !

Illustration 5

CGN se vante de produire une telle énergie « à partir de systèmes photovoltaïques à grande échelle ». En effet : voir photo ! Je ne me souviens pas avoir vu beaucoup de tels panneaux sur les toits en Chine. De même, en France, d’immenses espaces naturels sont envahis par du voltaïque au détriment de zones agricoles (ceux qui s’y opposent sont traînés devant les tribunaux), alors même que les toits des bâtiments, hangars, parkings ainsi que ceux des habitations sont très peu exploités. Même quand il s’agit de la bonne cause, il faut que technocrates et profiteurs agissent en dépit du bon sens général.

[9 août]

Forbach & l’info en continu

Suite à l’affaire de Forbach où une femme a appelé à l’aide par téléphone, se disant séquestrée depuis 12 ans, battue et violée par son mari, pour le moment la justice par la voix du procureur incite à la plus extrême prudence. On verra ce qu’il en sera réellement. Mais dès hier dans l’après-midi [lundi 7 août], le sujet mobilisait deux chaînes d’info en continu, BFM et CNews, que j’ai regardées pendant un quart d’heure (seulement). Sur BFM, on s’étonnait que les voisins n’aient rien dit, Madame Michu, ça en dit long sur l’irresponsabilité des citoyens, alors même qu’une voisine en 2019 a signalé des cris à la police qui, après une visite au domicile, a conclu qu’il n’y avait rien de répréhensible : or BFM le savait puisque son site l’écrivait déjà, mais à la télé il faut tenir le spectateur en haleine.

  Sur CNews, on avait Joseph Thouvenel, ancien cadre de la CFTC qui a créé grâce à un généreux donateur inconnu un canard intitulé Capital Social, destiné à combattre « l’opposition stérile entre capital et social » ! Incidemment, ça lui permet de venir causer sur le plateau de la chaîne d'extrême droite. Sans savoir grand-chose sur l’affaire, il larmoyait comme Raphaël Stainville (Valeurs Actuelles et nouveau JDD) sur une telle horreur, preuve, selon eux, que le Bien est sans cesse menacé par le Mal. Amen.

[8 août]

La "civilisation" organisait des zoos humains

Illustration 6

Notre monde civilisé, toujours prêt à donner des leçons au monde entier, n’a pas hésité à exhiber à Paris des Amérindiens pour le divertissement des bons Français de souche. Ainsi des Maoris, des Sud-Africains (dont la Vénus hottentote), des Kaliñas (Amérindiens de Guyane) ont été exposés : certains sont morts de froid, pas dans des temps immémoriaux, mais en 1892 dans la capitale française. Une loi est en cours de discussion (déjà adoptée au Sénat) pour organiser la restitution des ossements aux peuples concernés.

Illustration 7

Dans un article que le Monde de ce jour [8 août] consacre à ce sujet, il est précisé que 33 Kaliñas ont été montrés à la curiosité publique au Jardin d’acclimatation à Neuilly-sur-Seine en 1892. Ils avaient quitté leur territoire avec la promesse de visiter le pays des Blancs mais cela se transforma en cauchemar. Une jeune fille entre 15 et 18 ans meurt rapidement d’une embolie : Le Petit Parisien parle du « convoi des pauvres » l’accompagnant au cimetière de Neuilly.

Illustration 8

Le quotidien La Cocarde, journal nationaliste, en 1892 (le 13 avril, avant que Maurice Barrès n’en devienne directeur) publie un article critique sur ces exhibitions : « Nous avons vu les Caraïbes dès les premiers jours de leur arrivée à Paris : alors ils étaient pleins de vie, alertes, vigoureux ; ils exécutaient les danses plus ou moins naturelles de leur pays. Nous les avons visités ces jours derniers : ayant à peine la force de marcher, tous leurs services se bornent maintenant à faire une ou deux fois le tour de leur campement, toussant, crachant, geignant ; ce ne sont plus que des squelettes propres à aller enrichir les collections ethnographiques et les galeries anthropologiques du Muséum d’histoire naturelle ». La Cocarde demande : « Qu’attend donc l’administration pour les renvoyer dans leur pays ? ». Le Monde cite cet article, que j’ai recherché sur le site Gallica (BNF) et le reproduis en illustration.

Longtemps, cette histoire tragique a été oubliée, elle était taboue pour celles et ceux qui étaient restés en Guyane et avaient ainsi abandonné les leurs en France. Mais aujourd’hui, des descendants exigent que l’on se souvienne, que l’on commémore, et que les corps soient restitués et retournent en Guyane.

Le JDB, Journal De Bolloré

Illustration 9

Le premier numéro du Journal Du Dimanche (JDD) nouvelle version avec un directeur d’extrême droite, Geoffroy Lejeune, est donc paru hier, dans une version précipitée, sans pub et avec une pagination réduite. Même s’il m’en coûte, je n’ai pu m’empêcher d’aller voir. La une a mis en avant une lettre ouverte des parents et proches de 18 jeunes tués adressée au Président de la République pour protester contre la façon dont sont traitées les « victimes » d’agression (dont un seul parent d’une victime du Bataclan parce qu’il hurle sa haine contre l’islam). Cette lettre ouverte [rédigée en réalité par la nouvelle rédaction du JDD, selon Le Dauphiné] fait suite à l’entretien du Figaro avec la mère d’Enzo Parissot, 15 ans tué dans l’Eure d’une lame en plein cœur par un adolescent du même âge. Les conditions de réalisation du journal après 6 semaines de grève de la rédaction (qui n’avait pas repris son poste) a conduit à des erreurs dont la plus grossière est celle des photos illustrant le sujet et montrant un rassemblement et une marche blanche en hommage à… Enzo percuté par une voiture à Hinx, dans les Landes. Alors même qu’il apparaît évident que le but était bien d’évoquer le drame dont a été victime le jeune Parissot, Geoffroy Lejeune ne se démonte pas : il n’a même pas admis une erreur, considérant que de toutes façons l’autre jeune Enzo était aussi une victime. La mauvaise foi n’est pas le pire de ses défauts.

Le numéro de bric et de broc rassemble des signatures nouvelles : Charlotte d’Ornellas, qui a démissionné de Valeurs Actuelles [VA] quand Lejeune a été viré (et qui n’oublie pas de citer comme référence l’Institut pour la justice, d’extrême droite), Raphaël Stainville (qui vient aussi de VA), Antonin André et Jacques Serais qui viennent de la bolloriste Europe 1, Humbert Angleys qui vient du France-Soir complotiste, spécialiste des fake news pendant le Covid. Pas étonnant de trouver dans cette nouvelle feuille de chou qui promet d’être d’extrême droite, Eric Naulleau (le grand ami de Zemmour, dont l’article commence par "wokisme"), Luc Ferry (forcément anti-Pap Ndiaye) et Jacques Vendroux. On y trouve aussi Arthur Herlin, du site catho Aleteia, et Jean-Baptiste Giraud, collaborateur de l’IFP (Institut de formation politique, de droite dure qui a inspiré Marion Maréchal-Le Pen pour créer son propre institut). 

Les médias ont relevé le fait que la secrétaire d’État à la Ville, Sabrina Agresi-Roubache a accepté d’être interviewée : elle prend d’emblée la défense du JDD (« une institution »), invoquant la liberté d’expression, désavouant par le fait EELV et le PS qui ont annoncé qu’ils refuseront toute interview. Je voulais paraphraser Pierre Desproges en écrivant que l’on peut parler de tout, y compris bien sûr en premier lieu des victimes, mais pas avec n’importe qui, mais Clément Beaune, ministre, m’a brûlé sur le poteau. Elle se proclame « fille de Cabu », « enfant des quartiers », « fille simple » (ce qu’elle ne précise pas c’est qu’elle est aussi fille d’immigrés algériens, ne craignant pas de s’adresser à des "journalistes" qui déversent sans cesse leur haine à l’encontre des immigrés). Elle ose justifier son rattachement (partiel) au ministère de l’intérieur par le fait que « les gens des quartiers préfèrent être défendus par la police que par les dealers » et laisse entendre, ce qui ne peut que plaire à l’extrême droite, que des milliards ont irrigué les dits quartiers (ce qui est faux et alors même qu’elle avoue ne pas savoir « compter en milliards »).

Illustration 10

Juliette Méadel, sensible au fait que le JDD nouvelle mouture se souvienne qu’elle avait été sous Hollande secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes a également accepté d’être interviewée dans ce premier numéro. Mais le clou c’est le billet d’humeur de Pascal Praud (qui vient de quitter RTL pour rejoindre Europe 1), qui, à l’instar de la propagande qu'il déverse chaque jour sur CNews, continue à encenser l’extrême droite, tout en récusant qu’elle soit l’extrême droite, et tout en la mettant en parallèle avec l’extrême gauche, avouant de fait par cette symétrie qu’il considère le racisme comme une simple opinion. Il est fort possible qu’il écrira désormais dans le JDD de son pote Geoffroy et qu’il n’aura plus aucune retenue maintenant qu’il est totalement chez Bolloré. 

. et qu'on ne vienne pas me reprocher de lire cette presse et d'écouter cette télé haineuses, racistes : pour les combattre, il faut les connaître et donc savoir précisément ce qu'elles disent.

[7 août]

Miss France : les élections étaient truquées !

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Les conservateurs et extrémistes de droite se lamentent de la mort de Geneviève de Fontenay : Christine Kelly, de CNews, larmoie nous rappelant que la dame au chapeau lui avait écrit qu’elle avait de beaux cheveux, une autre chroniqueuse de la droite extrême vante ses engagements contre le Mariage Pour Tous, faisant l’impasse sur le fait que la présidente des Comités de Miss France avait également pris la défense… des femmes voilées !

J’ai publié jadis un article sur les élections des miss, à partir des concours qui se déroulaient en Franche-Comté (interview de candidates, description du déroulement public d’une élection). J’avais rencontré Marlène Mourreau, lycéenne en Seconde à La Celle Saint-Cloud, élue déjà dans plusieurs concours (Miss Saint-Cyprien, Miss Côte Radieuse, Miss Franche-Comté).

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Sa mère, qui avait été Miss Corse, rêvait d’un destin de reine de beauté pour sa fille, lui faisait prendre des cours de maintien, le père plus inquiet. Ils envisageait qu’elle démissionne si elle était élue miss France, car ils ne voulaient pas qu’à presque 16 ans elle soit embarquée dans une aventure qui la dépasse. J’avais joint par téléphone Madame de Fontenay qui, sans vergogne, m’avait confié que les parents ne souhaitant pas que la jeune fille soit élue à l’élection nationale à laquelle l’adolescente concourrait en tant que Miss Franche-Comté, et voulant éviter une démission fracassante, elle ferait en sorte qu’elle n’accède pas au podium. Preuve s'il en est que l’élection était truquée. J’avais publié l’info, qui n’a pas été démentie.

Illustration 13

Marlène Mourreau, devenue adulte, avait tout de même été dépassée par l’aventure : elle fit une carrière dans des émissions érotiques sur M6 et en Espagne, fut candidate un temps à l’élection présidentielle de 1995 (Parti de la liberté et de l’amour), et one woman show dans un spectacle à Paris, Paris Latino, puis elle ouvrit une école de maquillage.

. dessins de Larsen paru dans L’Estocade de janvier-février 1986 (couverture avec photo de Marc Paygnard)

[3 août]

« Arrêts de complaisance »

Illustration 14

Soudain le pouvoir s’inquiète des arrêts maladie, en forte progression dit-il (jamais évoqués ces derniers mois). Le ministre Gabriel Attal affirme qu’ils sont plus nombreux le vendredi et le lundi ! Il n’est pas question de cautionner d’éventuels abus mais la façon dont le gouvernement, comme toujours, instrumentalise le sujet est choquante. Il y a plusieurs raisons à la hausse des arrêts (hausse en réalité du montant total des indemnités journalières versées) : peut-être un rapport au travail modifié depuis le Covid, en tout cas l’expression exacerbée d’un malaise au travail qui auparavant était davantage dissimulé. Mais il y a aussi, comme l’indique Le Monde dans un article de ce mercredi [2 août], le fait qu’il y a davantage de salariés, que les salaires ont (un peu) augmenté, et qu’il y a plus de seniors au travail. Et quelques autres raisons. Aucune preuve qu’il y ait davantage d’arrêts le lundi et vendredi.

Cocasse que le gouvernement se préoccupe du sujet au moment où les policiers en toute impunité usent et abusent des arrêts maladie pour mener leur action en défense de l’un d’entre eux placé en détention pour violences sur un jeune homme lors des émeutes. Un médecin dit qu’il se voit contraint d’accepter un arrêt maladie car si un policier ne va pas bien il ne faut pas oublier qu’il est porteur d’une arme !

. dessin d’Aurel, Le Monde du 2 août.

[2 août]

Crise à l’ASE

Illustration 15
Un centre d'hébergement de l'ASE à Hellemmes près de Lille, en 2020. (Aimée Thirion/Libération)

Article de Libération qui confirme que la situation est tendue dans les services de l’Aide sociale à l’enfance : placements d’enfants en hausse et manque de personnel. Globalement, les éléments fournis sont factuels même si interroger les président et vice-présidente de l’Assemblée des Départements de France [ADF, et non pas "Association", Françoise Dabin étant vice-présidente et non pas présidente] est cocasse car on ne peut pas dire que l’ADF soit en pointe sur ces questions : rencontrer des intervenants en ASE aurait été plus pertinent. Les Apprentis d’Auteuil et un éducateur d’un village d’enfants ne sont pas ce qu’il y a de plus représentatif du secteur. La journaliste explique le manque de personnel par la faiblesse des salaires. Quand à Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance [qui a exigé de dépendre d’Elisabeth Borne et non pas d’Aurore Bergé chargée des Solidarités], donne les explications suivantes sur le nombre de placements en hausse : « trois facteurs expliquent cette augmentation : la crise sanitaire qui a montré les fragilités de certains foyers, les enquêtes faites à domicile dans le cadre des violences conjugales qui se multiplient, révélant par la même occasion le nombre d’enfants maltraités qui sont passés sous les radars, et les mineurs isolés de plus en plus nombreux sur le territoire et qui reviennent à la charge de la protection de l’enfance».

  Très juste, mais manque comme souvent la réflexion sur l’augmentation du nombre de situations préoccupantes (ici expliquée seulement par le fait qu'elles seraient mieux repérées). Creuser cette question risquerait de trop s’interroger sur la déliquescence de nos sociétés, pour bien des raisons, d’abord parce que les inégalités et la compétition sont instaurées comme système de base, et parce que la corruption et les magouilles en haut lieu sont bien installées, ce qui se distille dans l'ensemble de la société, avec effets délétères.

. lien avec l’article sur le site de Libération : Placements : «On manque cruellement de salariés» : un été tendu pour l’Aide sociale à l’enfance

[2 août]

Macron et les émeutiers

Dans un article précédent (Macron, les émeutiers et les mineurs de l’ASE), je me suis insurgé contre le propos tenu par Emmanuel Macron prétendant que la plupart des jeunes ayant commis des exactions pendant les émeutes étaient enfants de familles monoparentales ou relevant de l’ASE. A ce jour, rien ne permet de corroborer une telle affirmation. Ce qui est étrange c’est le silence assourdissant qui s’en est suivi. Apparemment, personne pour le reprendre, pire : il a récidivé en direct de Nouméa. Si à propos de l’immigration il a utilisé des circonvolutions pour dire que 90 % des interpellés étaient des Français (et qu’on n’a pas en France de « statistiques ethniques », laissant entendre à mots couverts que les émeutiers d’origine étrangère étaient peut-être plus nombreux), il n’a pas craint de redire tout de go que « près de 75 % des jeunes déférés à la justice étaient soit à l’aide sociale à l’enfance, soit des jeunes de familles monoparentales, sans compter les mineurs non accompagnés – mais ceux-ci étaient très peu nombreux dans les émeutes ». Cette dernière précision est étonnante car elle va contre la doxa de la droite extrême qui accuse les MNA de tous les maux. Ces mineurs relèvent de la compétence des Départements (prise en charge ASE) sauf que ces collectivités reprochent à l’État de ne pas prendre sa part, ce qui expliquerait peut-être la modération du Président. Par contre, marteler que les jeunes relevant de l’ASE étaient au cœur de ces émeutes c’est une manière de renvoyer la balle aux Départements. Il est fort possible que quelques jeunes placés à l’ASE aient participé aux émeutes mais je doute fort qu’ils étaient à ce point nombreux que cela mérite d’être évoqué par le Chef de l’État lors d’une conférence de presse. Il me parait temps que l’on enquête sur cette accusation.

Les chroniques suivies d’une date entre crochets sont parues sur mon compte Facebook à cette date indiquée, reproduites ici parfois avec de très légères variantes.

Billet n° 747

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600.

Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr ; Lien avec ma page Facebook ; Tweeter : @YvesFaucoup

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