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Billet de blog 17 novembre 2023

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Aux armes, petits épargnants !

Il est réconfortant de savoir que le livret A, ouvert par Mamie au nom du petit dernier, va financer l’industrie de l’armement. Le marmot sera sûr de trouver un fusil d’assaut dernière génération sous le sapin, puis quand il s’engagera. Le complexe militaro-industriel français est en plein boom grâce aux autocrates, ses meilleurs clients, et aux groupes terroristes tueurs d’enfants.

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Illustration 1
Où je dois signer ? © Alan & Pauline Roy

Il est difficile de savoir combien de personnes travaillent pour l’industrie de l’armement en France. Certains groupes fabriquent pour les militaires comme pour les civils. Ainsi Dassault produit des Rafale comme des jets pour ultra-riches. Pour les statisticiens, c’est juste un fabricant d’avions. Sauf qu’ils ne tuent pas de la même façon : les premiers par bombes guidées à très haute précision etc, les seconds, plus indirectement, en flinguant le climat et la qualité de l’air. Florence Parly, ex-ministre de la Défense en 2019, parlait de 13 % de l’emploi industriel soit environ 200 000 salariés. Depuis, Poutine et le Hamas ont mis le feu dans leur coin de campagne (militaire), guerres s’ajoutant aux autres conflits qui se déroulent à bas bruit (Yémen, Soudan, Arménie…) mais n’en sont pas moins consommateurs de funeste quincaillerie. Les états misent désormais plus sur leur réarmement que sur l’éradication de la pauvreté, le complexe militaro-industriel est au bord de l’extase devant des carnets de commandes qui débordent, et le secteur embauche à tours de bras et dope les chiffres des exportations.

Pour le moral, il est stimulant d’avoir un emploi et une fiche de paie correctement garnie en fin de mois, il paraît que les flingues, ça paye bien. L’industrie française est d’ailleurs une fierté tant sa haute technicité au service des troufions et de leurs chefs de guerre est en pointe. D’un point de vue éthique, les concepteurs et réalisateurs d’armes létales, et parfois de masse, se posent-ils des questions le matin devant le miroir sur l’utilisation future de celles-ci, et finalement sur leur propre utilité sociale ? On peut aussi se poser la question pour d’autres industries comme le tabac, les pesticides, les gadgets électroniques ou certaines émissions de télé. Mais ils ne bénéficient pas jusqu’à maintenant du magot colossal que les petits épargnants placent sur les institutionnels livrets A, parfois au prix de sacrifices pour se prémunir d’accidents de la vie ou pour aider les enfants à démarrer dans cette même vie.

Ce gouvernement, qui n’a aucun scrupule, a ratifié un amendement à sa loi de finance 2024, imposée à coup de 49.3, et déposé par un député de sa majorité et président de la commission Défense. Dès l’an prochain, les livrets A et les livrets de développement durable et solidaire (LDDS) seront ponctionnés pour faire tourner les usines à bombes et à missiles. Sur les champs de batailles, les familles prises sous le feu apprécieront l’étiquetage « développement durable et solidaire » de ce qu’elles reçoivent sur la tête et remercieront à coup sûr les petits épargnants français pour leur générosité. Pour les fabricants, les risques de réclamations sont faibles. Bruno Lemaire pourra se réjouir de chiffres encourageants à l’exportation avec des bénéfices qui ruisselleront sous les sapins de Noël sous forme de reproductions de fusils d’assaut ou de canons Caesar. La relève sera assurée. Et l’épargne familiale bien placée.

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