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La Chapelle, située en plein centre-ville, est un monument toulousain. Pas au sens architectural, 1 mais parce qu’on peut la considérer comme le lieu historique et libertaire d’un brassage social et culturel, qui s’est construit sur trois décennies. À l’origine, des militants de l’association Planète en danger y installe un lieu d’échanges, de concertation et de préparation à des actions de communication sur les enjeux environnementaux baptisé l’Atelier Idéal.
Au fil des années, le lieu deviendra « un lieu d’intérêt général, au service de la vie culturelle, militante et associative toulousaine ». En trente ans, des dizaines de milliers d’habitants de Toulouse et d’ailleurs, des centaines d’associations et de collectifs s’y sont retrouvés et des centaines d’artistes s’y sont produits à l’occasion de nombreux événements, assemblées générales, conférences, spectacles, rencontres, festivals… et en faire un lieu « d’expérimentation sociale, politique et culturelle » avec une grande liberté d’investissement du lieu et d’innovation dans la création. La Chapelle se fait aussi porte-voix des alternatives, notamment pour des associations travaillant sur des sujets de société, et lieu d’éducation populaire.2
Dire que la Chapelle est une institution serait lui faire injure tant elle foisonne d’initiatives sociétales, propose des débats ouverts, se fait le creuset d’alternatives ou de créativité artistique, tout le contraire d’un organe social rigide et conservateur. Avec un fonctionnement libertaire : « Dénonçant un système vertical et autoritaire où chacun d’entre nous est déresponsabilisé par une délégation de pouvoir, l’Atelier Idéal a mis en place un fonctionnement d’association horizontal, cassant la structure hiérarchique habituelle, instaurant une prise de décision au consensus, n’utilisant pas le vote. L’association ne possède pas de président mais un collège solidaire de co-responsables, formé par l’ensemble de ses membres actifs, tous cosignataires des statuts, tous co-responsables des actes de l’association. » Ajoutons que le lieu est autonome financièrement, ce qui n’est pas rien.
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Il y a un peu plus de huit ans, le collectif entre en négociation avec la municipalité pour signer un bail d’occupation puis une promesse de vente. Municipalité, menée par le maire LR Jean-Luc Moudenc depuis 2014. Des conditions sont posées (mise aux normes d’accueil du public), puis un prix défini. En huit ans, les travaux sont réalisés par les bénévoles, financés par des sympathisants et avalisés par une commission de sécurité.Un financement participatif réunit le montant demandé et une promesse de vente est signée devant notaire. Alors qu’une délibération3 entérinant la vente était programmée pour le conseil municipal du 26 septembre dernier, elle a été retirée en séance par le maire sans aucune explication ou justification.
Depuis, chez les élus et dans les services de la mairie, c’est un silence de cathédrale, laissant tous les membres et soutiens du collectif de La Chapelle dans l’incertitude, voire l’inquiétude.
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Voici la lettre ouverte que publie le collectif avec l’espoir d’obtenir enfin que le dialogue soit renoué :
Monsieur le Maire,
À quelques mois des élections municipales, vos promesses n’ont-elles donc pas de valeur ? C’est une question légitime que chaque toulousain·e est en droit de se poser au sujet du lieu-dit la Chapelle.
Ce lieu d’expérimentation sociale, politique et culturelle, géré bénévolement depuis 1993, accueille d’innombrables associations toulousaines, du public par milliers, organise nombre d’événements à prix libre, sans aucune subvention publique et ce depuis plus de trente ans !
En janvier 2018, vous avez signé avec l’association La Chapelle un bail de quarante ans et une promesse de vente du lieu, conditionnée à des travaux de mise aux normes. Huit ans plus tard, mis aux normes, le lieu a enfin pu rouvrir avec l’aval de la commission de sécurité.
En 2024, fort de ces travaux, nous avons ensuite recueilli la somme nécessaire à l’achat. Aujourd’hui, toutes les conditions matérielles et administratives sont donc réunies pour finaliser la vente, et ce en accord avec vos services.
Coup de théâtre, sans autre forme de procès, le 26 septembre dernier, lors du dernier conseil municipal, vous avez retiré la délibération concernant la vente de La Chapelle, bloquant ainsi la conclusion de l’achat.
Depuis, votre élu en charge du patrimoine et des finances, Sacha Briand, ne donne pas d’explication claire à ce retrait.
Vos services sont incapables de nous dire où en est le dossier.
Votre engagement municipal a pourtant été signé devant notaires et confirmé à deux reprises en conseil municipal en 2017 et en 2022.
Des milliers de Toulousains et de Toulousaines vous avaient pourtant pris au mot et se sont investi·es bénévolement dans les travaux qu’a nécessité la Chapelle durant huit longues années. D’autres les ont financés. Sans oublier les 1300 toulousaines et toulousains qui ont permis de rassembler le montant nécessaire à l'achat. Que faites-vous de ce temps, de cette énergie et de cet argent ?
Dans un climat de coupes budgétaires, où l’on sacrifie la culture et le social par souci d'économie, nous nous étonnons de votre difficulté à recevoir 100 000 euros qui pourraient améliorer le quotidien de tant de Toulousain·es.
Monsieur le Maire, nous n’attendons que vous.
Quand tiendrez-vous votre promesse ?
L’association La Chapelle et ses soutiens
https://lachapelletoulouse.com/
https://lachapelletoulouse.com/a-propos/
1. Construite à partir de 1911 en tant que lieu de culte de secours de la paroisse de Saint-Sernin et désacralisée en 1993, elle est devenue propriété de la ville de Toulouse en 2009.
2. https://lachapelletoulouse.com/a-propos/.
3. La délibération qui devait être présentée en conseil :
https://lachapelletoulouse.com/wp-content/uploads/2025/11/2025-09-15_projet_deliberation_modifie.pdf.