Il était une fois (mais c’est du vécu) une cochonne en retraite sur une belle montagne des Pyrénées. Peggy, c'était son nom, cassa sa pipe, comme tout un chacun à un âge respectable.
Le paysan écolo, triste et respectueux, ne voulait pas la livrer au camion de l'équarrisseur et décida de l'offrir à mère nature face à sa montagne, comme cela se faisait il y a bien longtemps.
Un, puis deux, puis dix, puis trente magnifiques vautours fauves descendus des sommets encore enneigés lui offrirent des funérailles dignes d'elle en moins de temps qu'elle en aurait eu pour puer la mort. Les éboueurs de la montagne ont fait place nette sans bruit juste quelques froissements d’ailes.
Bilan écologique : quelques pets de vautours lâchés avec grâce au cours de la digestion dans de superbes vols planés au dessus du Montaigu.
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Un chasseur passant par là, le fusil et la bedaine en bandoulières, fronça du sourcil. Armé mais pas plus couillu que ça, il alla parler au voisin du paysan écolo. « Tu demanderas à ton voisin si c'est vraiment écolo de laisser une carcasse de truie au milieu du champ ! » Question que le dit voisin s'empressa d'aller poser au paysan écolo.
Ce dernier lui raconta alors le voyage que Peggy aurait pu faire au pays des Cons.
Après son trépas, Peggy la cochonne aurait été déposée auprès de la boîte à lettre de la ferme. Après un, deux... voire plusieurs jours selon son bon vouloir (voire jamais, c'est déjà arrivé), le 18 tonnes de l'équarrisseur aurait grimpé sur la montagne de Peggy, son gros cul fumant tout ce qu'il pouvait en particules fines et autres joyeusetés sorties du pot d'échappement. Il aurait emmené la dépouille loin dans la plaine jusqu'à un incinérateur carburant au gaz de pétrole et crachant un joli panache chargé de particules mortifères. Peggy serait devenue farine animale et aurait été recueillie par un autre gros cul puant, un 38 tonnes cette fois, pour être acheminée vers un élevage industriel, un camp de concentration pour poulets. Un troisième gros cul, toujours aussi polluant, aurait emmené les restes de Peggy transformés en ersatz de poulet jusqu'à un abattoir. Enfin, un dernier gros cul aurait livré son lot de poulets farinés au supermarché du coin.
Le chasseur, bredouille et ayant remisé son fusil au râtelier, aurait pris sa femme et son 4x4 tout aussi puant pour aller acheter le poulet cochonné au supermarché du coin. Il l'aurait ramené à la maison (toujours avec son 4x4... et sa femme, c'est plus pratique pour rôtir un poulet), l'aurait mangé avec un coup de gros rouge qui tache et puis l'aurait digéré, non sans quelques rôts et pets bien sentis.
Et devinez quoi ! Peggy serait ressortie par le trou du cul du chasseur pour aller se répandre sur la terre qui l'avait vue partir .
Entre un pet de vautour et une randonnée au pays des Cons, le paysan avait choisi le meilleur hommage qui soit pour Peggy la cochonne...