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Billet de blog 4 janvier 2025

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Quand cessera la déshumanisation des palestinien.nes ?

« la capacité à maintenir une image morale de soi tout en participant directement ou indirectement à des crimes de guerre repose sur la déshumanisation. Ce ne sont pas seulement les vies palestiniennes qui sont effacées du discours, mais aussi la possibilité de se regarder dans le miroir et de faire face à un reflet laid et sanglant qui ne correspond pas à la narration. » : Hanin Majadli, Haaretz.

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Opinion
Si les « bons Israéliens » sont aveugles au mal qui sévit à Gaza,
la guerre ne se terminera jamais

Hanin Majadli, Haaretz, vendredi 3 janvier 2025

Illustration 1

Un soldat israélien ajuste ses lunettes de vision nocturne
alors que son unité se prépare à entrer dans la bande de Gaza, mardi.
Crédit : Tsafrir Abayov/AP

Chaque semaine, l'éloge funèbre d'un soldat tombé au combat s'infiltre jusque dans les fils d'actualité de mes amis « gauchistes ».

Contrairement aux éloges de la famille et des amis de Shuvael Ben-Natan Shuvael Ben-Natan (connu sous le nom de « Shuvi le Madlik », madlik signifiant à la fois « allumeur » et « cool » en argot hébreu) - qui a incendié une maison à Gaza pour s'amuser et qui, quelques années auparavant, a tué un Palestinien en Cisjordanie - les hommages des membres de ma clique et de leurs amis libéraux, démocrates et égalitaires soulignent sans cesse les vertus morales du soldat et les valeurs qu'il avait assimilées à la maison. Un foyer présenté comme un modèle de décence et de moralité juives.

Plus on est exposé aux choses - les mois d'angoisse que ses parents ont passés à attendre la visite d'officiers chargés de notifier les blessés, ainsi que l'histoire de l'apport de biscuits et d'une bouteille de cola bringing cookies and a bottle of cola à leur fils dans une base du sud d'Israël, au nord de la bande de Gaza -, plus un paradoxe frappant se fait jour.

Comment est-il possible que la moralité et la décence, censées être les principales valeurs de ce foyer, n'incluent pas l'observation de ce qui se passe à Gaza ? Comment cette moralité peut-elle coexister avec une participation active à une guerre au cours de laquelle, chaque jour, des familles palestiniennes sont tuées, des bébés meurent de froid et des enfants sont abattus d'une balle dans le dos ?

Illustration 2

Un soldat israélien se bouche les oreilles alors qu'un artilleur
tire sur la bande de Gaza depuis le sud d'Israël, jeudi.
Credit : Matias Delacroix/AP

La réponse réside peut-être dans l'aveuglement : De nombreux Israéliens, y compris ceux qui sont attachés à la morale juive, ne perçoivent pas les Palestiniens comme des égaux, mais tout au plus comme une toile de fond de la lutte nationale juive.

Ainsi, la capacité à maintenir une image morale de soi tout en participant directement ou indirectement à des crimes de guerre repose sur la déshumanisation. Ce ne sont pas seulement les vies palestiniennes qui sont effacées du discours, mais aussi la possibilité de se regarder dans le miroir et de faire face à un reflet laid et sanglant qui ne correspond pas à la narration.

Je comprends la douleur et le chagrin des soldats qui ont été tués, mais cela n'efface pas le fait que certains d'entre eux étaient des rouages d'une machine à tuer brutale. Ils n'ont pas fait « quelque chose de significatif » à Jabalya, Beit Lahiya, Khan Yunis et Rafah Jabalya, Beit Lahiya, Khan Yunis and Rafah ; ce n'était pas pour le bien des otages ou de la sécurité de l'État. Certains d'entre eux, au moins, ont participé à un génocide.

Illustration 3

Un Palestinien pleure un membre de sa famille à Khan Yunis,
dans le sud de la bande de Gaza, vendredi.
Credit : Bashar Taleb/AFP

Dans tous les grands crimes et atrocités de l'histoire, des « gens bien » ont participé, y compris ceux qui ont sauvé des vies ici et là. Ils ont continué à faire partie d'un système responsable de centaines de milliers de personnes déplacées qui luttent pour survivre à l'hiver dans des tentes qui fuient, de malades et de blessés, d'hôpitaux bombardés, d'enfants orphelins, de bébés et de personnes âgées.

Et pourtant, les familles sont convaincues que tout est fait avec des intentions morales, qu'elles envoient leurs enfants accomplir une mission juste. Dans ce cas, comment la guerre peut-elle prendre fin si même les Israéliens les plus « moraux » continuent à fermer les yeux et à envoyer leurs enfants commettre des crimes en croyant qu'ils servent une noble cause ?

De quelle société s'agit-il lorsque même les membres qui prétendent défendre la moralité sont incapables de considérer leurs victimes comme des êtres humains ? Dans ces conditions, la guerre ne s'arrêtera jamais.

Peut-être croient-ils que la population de Gaza va se rendre, libérer les otages, continuer à mourir tranquillement sous des tentes dans le sud de la bande, à boire des eaux usées et à tenter de survivre pendant que la dirigeante des colons, Daniella Weiss, construit des bungalows pour la race des maîtres bungalows for the master race dans le nord de la bande. Quelle belle affaire !

La seule façon d'éviter cette honte morale est de refuser de participer à des crimes contre l'humanité. Même s'il est trop tard. Ils ont déjà été commis. Et tous les éloges tristes et déchirants ne peuvent occulter la tragédie et la dévastation qu'Israël a infligées à Gaza.

Hanin Majadli, Haaretz, vendredi 3 janvier 2025 (Traduction deepL) https://www.haaretz.com/opinion/2025-01-03/ty-article-opinion/.premium/if-good-israelis-are-blind-to-the-evil-in-gaza-the-war-will-never-end/00000194-28a5-d05d-a1b7-28e719d40000

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