Yves Romain

Abonné·e de Mediapart

413 Billets

0 Édition

Billet de blog 7 novembre 2025

Yves Romain

Abonné·e de Mediapart

L’ex-procureure militaire : le « bouc émissaire d'Israël ». Carolina Landsmann

Israël est en cours d’«effondrement accéléré» attaque d’emblée Carolina Landsmann. La procureure de l’armée disparaît un temps puis réapparaît. «j'ai eu l'impression qu'elle était revenue d'entre les morts» écrit-elle en se demandant d’où elle revient? Un mot lui vient à l’esprit: «bouc émissaire». C’est ce qu’est devenue celle qui «porte le pêché de nos crimes de guerre.»

Yves Romain

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Opinion
La « blanchisseuse militaire » d'Israël
est devenue le bouc émissaire national

Carolina Landsmann, Haaretz, vendredi 7 novembre 2025

Illustration 1

Maj. Gen. Yifat Tomer-Yerushalmi
at the IDF headquarters in Tel Aviv, last month.
Credit: Itai Ron

Il n'est plus possible de nier l'effondrement accéléré de la structure connue sous le nom d'Israël. Cette semaine, les tempêtes se sont succédé, et le point culminant a été atteint lorsque l'ancienne avocate générale militaire Yifat Tomer-Yerushalmi a été portée disparue pendant plusieurs heures. Tout le monde pensait qu'elle s'était suicidée. Il y a eu un moment bref mais décisif où nous avons retenu notre souffle collectif. Ce n'était pas que nous ne savions pas, mais plutôt que nous savions : elle avait mis fin à ses jours.

Je ne me souviens pas combien de temps s'est écoulé entre l'annonce que l'on craignait pour sa vie et la nouvelle qu'elle avait été retrouvée saine et sauve found alive and well. Mais pendant ce temps, elle était déjà morte dans nos esprits. Par conséquent, quand j'ai appris qu'elle était vivante, j'ai eu l'impression qu'elle était revenue d'entre les morts.

Cela peut sembler étrange, voire mystique. Après tout, elle n'était pas morte, alors d'où était-elle « revenue » exactement ? Puis je me suis souvenu de l'origine du mot « bouc émissaire ».

À l'époque où le Temple sacré existait, on tirait au sort deux boucs le jour du Yom Kippour. L'un était sacrifié sur l'autel en expiation, et l'autre était envoyé dans le désert, vers le diable, pour lui porter les péchés du peuple.

Cette semaine, j'ai eu l'impression que le sort avait été jeté sur les deux boucs émissaires d'Israël : la procureure générale et l'avocate générale militaire. Et comme le destin l'avait décidé, cette dernière n'a pas sacrifié sa vie : elle a été envoyée pour servir de bouc émissaire, porteuse des péchés de la nation.

Il n'est pas nécessaire de croire à l'histoire biblique pour comprendre que Tomer-Yerushalmi est devenue le bouc émissaire d'Israël. Mais comme Israël est divisé en deux, chaque camp lui a attribué des péchés différents. Certains la considèrent comme une collaboratrice de l'ennemi qui a persécuté les soldats israéliens. D'autres la considèrent comme une collaboratrice de l'armée qui a couvert ses actes et trahi sa mission de défense de la loi et de la justice betrayed her mission of upholding the law and justice – la « blanchisseuse militaire », pour citer l'un d'entre eux. En d'autres termes, elle porte le péché de nos crimes de guerre.

Dans un moment comme celui-ci, l'État se révèle tel qu'il est : ni un régime ni un ensemble d'institutions soumises à des lois, mais une communauté qui croit en l'expiation par le sacrifice. Qui portera la culpabilité à notre place ? Qui sera envoyé dans le désert pour que nous puissions continuer à croire en notre droiture ? Et dans les deux cas, sans nous écarter d'un pouce de notre chemin tortueux.

La révélation des tortures subies par les otages pendant leur captivité dans la bande de Gaza suscite de la douleur et de la solidarité, et naturellement aussi de la colère. À toutes ces émotions s'ajoute un choc moral de toutes parts. Comment ont-ils pu faire une chose pareille ?

Mais les seules personnes qui peuvent légitimement ressentir un véritable choc moral sont celles qui se jugent selon les mêmes normes, lorsque la personne torturée est l'ennemi et que nous sommes les tortionnaires. Quiconque est choqué par ce que le Jihad islamique a fait à Rom Braslavski Rom Braslavski, par exemple, doit également être choqué par ce qui s'est passé au centre de détention de Sde Teiman. C'est exactement à cela que ressemble la suprématie : l'hypothèse selon laquelle nous sommes les seuls à disposer d'un contexte qui explique, voire justifie, notre violence excessive à première vue, tandis que l'ennemi n'a même pas d'explication.

Illustration 2

(Sans légende)

Pour conclure, il convient de revenir sur la procureure générale et l'avocate générale militaire. Toutes deux sont sont la chair et le sang d'Israël. La première est chargée de veiller à ce que le gouvernement respecte la loi, et la seconde est chargée de veiller à ce que les soldats israéliens en fassent de même. Mais dans une société prisonnière d'un sentiment de suprématie morale, qui se considère comme la victime parfaite, dont chaque action, sans exception, relève de la légitime défense, il n'y a de place pour aucune des deux.

Ils sont superflus, car nous avons cessé de reconnaître la possibilité que certaines de nos actions ne soient pas justifiées. Notre gouvernement ne peut pas enfreindre la loi et nos soldats ne peuvent pas commettre de crimes de guerre, car nous sommes a priori bons, tandis que l'ennemi est a priori mauvais.

Carolina Landsmann, Haaretz, vendredi 7 novembre 2025 (Traduction deepL)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.