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Billet de blog 8 mai 2025

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Installé dans les ruines il n’a plus d’insuline. Il a faim et nulle part où aller

Gideon Levy nous parle de son ami à Gaza qui le conduisait dans sa vieille mercédès aujourd’hui calcinée. Il a besoin d’insuline qu’il ne trouve plus. Blocus. Il a faim, vraiment. Avec ses enfants ils sont installés dans les ruines de sa maison. Ils n’ont a pas d’autre endroit où aller. Mardi, il a mangé des lentilles, et mercredi rien. Il lui reste deux gouttes d’insuline s’il trouve du pain.

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Opinion
Mon ami à Gaza n'a plus que quelques gouttes d'insuline

Gideon Levy, Haaretz, mercredi 7 mai 2025
(Traduction Google)

Illustration 1

Un Palestinien inspecte la maison où un jeune marié palestinien
a été tué lors d'une frappe aérienne israélienne, à Khan Yunis,
dans le sud de la bande de Gaza, samedi.
Credit: Hatem Khaled/ REUTERS

L'acidocétose diabétique est une complication potentiellement mortelle du diabète, caractérisée par un manque d'insuline et des taux élevés d'hormones de stress qui entraînent une augmentation de la production de corps cétoniques et une acidose. M. est presque à court d'insuline. Au téléphone depuis sa maison incendiée de Beit Lahia, dans le nord de Gaza où il est récemment retourné, il dit qu'il lui reste deux gouttes. Plus tard, il précise que c'est « 2 centimètres » ; il voulait peut-être dire deux unités. Quoi qu'il en soit, il est presque à court d'insuline. Jusqu'à récemment, il s'en procurait à la pharmacie de l'UNRWA, l'agence pour les réfugiés, mais depuis qu'Israël a bloqué l'entrée de l'aide humanitaire, il n'y a plus d'insuline.

Il essaie de se montrer rassurant : il n’a pas besoin d’insuline pour le moment, car il n’y a pas de pain. Il ne prend de l’insuline que lorsqu’il mange du pain, et il n’y en a pas. Il garde sa dernière dose d’insuline au cas où lui et sa famille trouveraient un peu de pain. Mercredi, son fils est parti chercher du pop-corn pour calmer son estomac to calm his stomach. Il a cherché pendant des heures, en vain. « Je lui ai dit qu’il n’en trouverait pas », raconte le père.

« J'ai faim, j'ai vraiment faim », m'a-t-il dit mercredi. C'était la première fois depuis le début de la guerre qu'il prononçait cette phrase avec une telle acuité. Il essayait toujours d'adoucir les choses, de minimiser ses difficultés pour ne pas susciter la pitié et préserver sa dignité. Jusqu'à hier. Mercredi, il a admis avoir faim. Vraiment faim.

Mardi a été une journée particulièrement difficile, car Israël a bombardé sans relâche le nord de la bande de Gaza shelled the northern Strip nonstop. Les enfants voulaient partir, mais M. leur a demandé : « Où irions-nous ? » Ils sont tous restés assis dans ce qui restait de leur maison, sous le grondement des obus, espérant le meilleur. Ils ont décidé que si les bombardements ne cessaient pas avant 17 heures, ils partiraient. Heureusement, les bombardements ont cessé avant cette heure, et mercredi, les armes se sont tues. M. dit qu'il n'y a ni otages ni Hamas à Beit Lahia, seulement des tas de décombres, alors pourquoi continuent-ils à bombarder ?

Illustration 2

De la fumée s'élève de Gaza après une frappe aérienne israélienne,
vue depuis Israël, samedi.
Credit: Amir Cohen/ REUTERS

M. est retourné dans les ruines de sa maison après de longs mois passés sous des tentes dans la zone « humanitaire » de Muwasi Muwasi "humanitarian" zone, près de Khan Younis et de ce qui était autrefois la colonie israélienne de Neveh Dekalim, avant son évacuation en 2005. Âgé de 63 ans, il est diabétique et a subi un AVC. Le trajet entre le campement et sa maison incendiée a coûté 1 200 shekels (334 dollars). Quatre familles se sont partagé les frais, entassées à l'arrière d'une camionnette sur des matelas et des couvertures – tout ce qu'elles possédaient.

Quand ils ont atteint When they reached ce qui était autrefois leur maison, il ne restait plus que la charpente, couverte de suie. Même les portes avaient disparu. Ils ont nettoyé, posé des matelas et se sont installés parmi les ruines. Maintenant, ils craignent de devoir bientôt fuir pour sauver leur vie, et ils n'ont nulle part où aller. Mercredi a marqué 19 mois de guerre. Israël veut la renouveler avec force renew it in full force; quelle nouvelle joyeuse et pleine d'espoir !

Mes conversations avec M. sont frustrantes. Mon incapacité à l'aider, mon impuissance, me rendent fou. Pendant des années, nous avons parcouru Gaza ensemble en voiture ; il nous guidait et nous protégeait. Mercredi, il était assis devant chez lui, face aux débris de la Mercedes sept places dans laquelle nous avons voyagé pendant des années ; parfois à l'essence, quand il y en avait, parfois à l'huile de friture usagée des stands de falafels, quand il n'y en avait plus.

La Mercedes jaune doit avoir environ 3 millions de kilomètres au compteur. Aujourd'hui, elle aussi est une carcasse calcinée. M. la pleure plus que sa maison. Il y a passé plus d'heures que chez lui. Parfois, il la caresse, m'a-t-il dit mercredi, la gorge serrée, ouvrant le coffre noirci et se remémorant ses souvenirs, ouvrant le capot et voyant le moteur calciné. Quelques jours avant le début de la guerre, il avait acheté quatre pneus neufs, mais il n'a pas eu l'occasion de les monter. Maintenant, le taxi est un squelette, tout comme son propriétaire affamé.

Mardi, il a mangé des lentilles, et mercredi, il n'a rien mangé. Lorsqu'il parvient à se procurer de la farine ou du pain, il s'injecte les dernières gouttes d'insuline qui lui restent.

Gideon Levy, Haaretz, mercredi 7 mai 2025 (Traduction Google) https://www.haaretz.com/opinion/2025-05-07/ty-article-opinion/.premium/my-friend-in-gaza-is-down-to-his-last-few-drops-of-his-insulin/00000196-abbb-df59-abde-ebbb60c90000

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