Opinion
J'ai crié à Ben-Gvir qu'il était raciste et kahaniste.
Alors pourquoi ai-je été arrêté ?
Je venais de donner un cours sur la liberté d'expression à mes élèves
quand j'ai dû en faire l'amère expérience : une véritable épreuve à Jérusalem
m'a été imposée plus tôt que prévu.
Alec Yefremov, Haaretz, dimanche 9 novembre 2025
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National Minister Itamar Ben-Gvir, earlier this month.
Credit: Olivier Firoutssi
Au début de la semaine dernière, je suis entré dans ma classe de sciences politiques de terminale au lycée Gymnasia Herzliya à Tel Aviv et j'ai écrit au tableau : « Liberté d'expression ». J'ai expliqué à mes élèves qu'il s'agissait de la valeur la plus fondamentale dans une démocratie, un droit fondamental, peut-être le plus important de tous les droits humains, et que toute restriction à ce droit devait être imposée avec la plus grande prudence, en se conformant aux normes établies par la loi et les tribunaux.
C'est un droit sans lequel il ne peut y avoir de protestation ou d'opposition au gouvernement, ai-je dit. Et sans opposition, tout gouvernement est voué à devenir une dictature.
Qui aurait pu imaginer que la partie pratique de cette leçon aurait lieu deux jours plus tard à Jérusalem, lorsque j'ai exercé le droit même dont je parlais à mes élèves. Je suis allé avec mon père à la cérémonie de remise des diplômes de maîtrise de ma sœur à l'université hébraïque. Là, nous avons réalisé que le ministre de l'Intérieur d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir National Security Minister Itamar Ben-Gvir, était également présent pour célébrer le diplôme de sa femme. Je lui ai crié qu'il était raciste, kahaniste, responsable de la mort de tant de Juifs et d'Arabes, qu'il idolâtrait le meurtrier Baruch Goldstein.
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Jeudi, la police a menotté et arrêté Alec Yefremov
pendant la cérémonie de remise des diplômes
à l'Université hébraïque de Jérusalem.
Mais il s'avère que dans la démocratie appelée Israël, si vous choisissez d'exercer votre droit de manifester contre un ministre et les policiers qui l'entourent, vous risquez de vous retrouver menotté aux mains et aux pieds, traîné de force dans une cellule de détention, déshabillé et humilié.
Dans cette démocratie, votre cri vous mènera dans une salle d'interrogatoire your shout will land you in an interrogation room où deux enquêteurs vous hurleront dessus, répéteront vos propos au ministre et vous feront la leçon en vous disant qu'« il y a une différence entre protester et insulter ». Ils vous interrogeront sur ce que vous avez dit, même si vous n'avez mis personne en danger ni causé de préjudice physique à qui que ce soit. Vos propos ont porté atteinte à la dignité du ministre et à celle des policiers qui l'entouraient. Ils se sont sentis offensés. Et pour cette raison, vous êtes en état d'arrestation. Vous êtes un criminel.
Je n'ai pas pour habitude de tromper mes étudiants ou de leur vendre une fausse image de la réalité. Lorsque j'ai commencé à leur enseigner, je leur ai dit que, selon moi, l'État d'Israël s'était éloigné à des années-lumière du principe démocratique fondamental de la liberté d'expression, et que cette vision ne correspondait plus à la réalité. Selon mon programme, j'étais censé apporter des exemples récents pour illustrer cela. Il s'est avéré que je n'avais pas besoin de chercher très loin.
Le régime israélien trahit, de la manière la plus profonde qui soit, les principes fondamentaux enseignés dans les premiers cours d'éducation civique : la seule justification de l'existence d'un État démocratique est la protection des droits de ses citoyens. Le régime actuel fait le contraire : il bafoue les droits humains It crushes human rights pour assurer sa propre survie. En tant que tel, il n'a pas le droit d'exister. Ce n'est pas un hasard s'il engendre constamment la guerre, le racisme et la mort, les ingrédients de base d'une dictature. Et il est tout à fait naturel que le ministre chargé de réprimer la dissidence soit fait du même bois.
Enseigner l'éducation civique sous une dictature, c'est un peu comme être guide dans un musée. Mais parfois, par hasard et sans le vouloir, la réalité vous donne l'occasion de dénoncer l'absurde – par un simple geste civique – de lever le masque du bluff et de tirer la sonnette d'alarme. Car si nous, les éducateurs, ne le faisons pas, à quoi bon entrer dans une salle de classe ?
Alec Yefremov, Haaretz, dimanche 9 novembre 2025 (Traduction deepL)