Opinion
Plus Netanyahou devient dérangé,
plus son opposition politique s'affaiblit
Ce qu'une opposition politique authentique et ambitieuse dirait
en réponse au discours insensé de Netanyahou sur « Sparte »
Iris Leal, Haaretz, dimanche 21 septembre 2025

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Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu, earlier this year.
Credit: Noam Revkin-Fenton
Un silence stupéfait régna une fraction de seconde après le discours « Super Sparte » du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Telle une IRM, il a montré à l'ensemble du public l'image d'un cerveau en train de s'effondrer. En cette fraction de seconde, l'opposition aurait dû annoncer qu'en réponse au discours du « roi fou », elle tiendrait une conférence de presse à une heure de grande écoute. Quant à savoir qui est l'opposition et qui, parmi les dirigeants du parti, aurait dû la tenir, ce n'est pas à moi de le décider. Mais elle aurait dû avoir lieu.
Puis, aux informations de grande écoute, l'opposition – cette même entité abstraite qui n'existe pas réellement, dont les dirigeants déclarent de temps à autre qu'ils se réuniront pour coordonner leurs actions avant de se rendormir – aurait dû expliquer aux téléspectateurs qu'elle comprenait la terreur qui les avait saisis. Il est désagréable de voir un Premier ministre s'effondrer mentalement et émotionnellement dans la période la plus difficile que le pays ait connue, mais cela n'aurait pas posé de problème.
Cette même opposition aurait dû proposer un plan clair pour sortir le pays de l'isolement diplomatique dans lequel Netanyahou l'a placé, et expliquer comment elle comptait le remettre sur la voie de la croissance économique, renforcer ses relations internationales et faire face à la cherté de la vie.
Pour cela, la première étape aurait été de retirer l'armée de Gaza et de mettre fin à la guerre criminelle et sanglante menée par Netanyahou et son gouvernement, qui détruit les relations avec les amis historiques d'Israël et cause des dommages économiques. Il n'y aura pas de Sparte ici, aurait dû dire l’opposition à l'opinion publique. Mais pour cela, vous devez nous aider à destituer ce terrible Premier ministre.
À la même occasion, cette même entité aurait dû regarder droit dans les yeux, s'adresser à la procureure générale et lui dire, ainsi qu'à l'opinion publique, qu'elle savait, comme tout le monde en Israël, que Netanyahou était mentalement inapte. Qu'il ne pouvait clairement pas continuer à exercer ses fonctions et qu'elle devait s'acquitter de sa tâche avec responsabilité, aider le pays dans cette période difficile et le destituer.
C'est pourquoi cette fraction de seconde au début de cet article est si importante. C'est le moment où la vérité éclate, tel le soleil perçant les nuages. Chaque seconde qui suit marque le début d'une normalisation. Comme quelqu'un que vous n'avez pas vu depuis longtemps, et dès la première seconde, vous pensez que le temps nous vieillit tous. Mais quelques minutes plus tard, l'image actuelle de son visage et celle dont vous vous souveniez il y a vingt ans commencent à se superposer, et une heure plus tard, vous pensez qu'il n'a pas pris une ride.
Nous ne devons pas laisser cette normalisation se produire, non seulement parce que nous perdons une occasion en or de révéler la vérité, mais parce que ce qui adviendra après la normalisation de la distorsion sera encore pire. Par exemple, le ministre des Finances, qui ressemble à une caricature antisémite tirée d'un roman de Charles Dickens, déclarant devant une commission que Gaza est une mine d'or immobilière et que, puisque la guerre a coûté si cher, nous devons percevoir un pourcentage sur ses terres pour renflouer le Trésor.

From the left: Yair Golan, Avigdor Lieberman, Benny Gantz and Yair Lapid.
Credit: Olivier Fitoussi
Il ne faut pas beaucoup d'imagination politique pour proposer une « politique du changement » à cet effet. On peut se satisfaire de la médiocrité qui caractérise l'opposition apparue ici durant la longue et sombre période du règne de Netanyahou, et dire la vérité : les propos du Mangemort révèlent ce lieu pour ce qu'il est : une entité colonialiste prédatrice qui exige une correction radicale.
Cette entité, appelée opposition, doit comprendre qu'un dirigeant n'attend pas que le public lui dise ce qu'il veut entendre, mais formule sa propre vision et persuade le public d'y croire.
À l'heure actuelle, immédiatement après que Netanyahu ait rendu publique son opinion, la plupart des gens auraient suivi l'exemple de l'opposition. Mais cela ne s'est pas produit, et une fois de plus, une occasion qui ne se représentera peut-être jamais dans cette période décisive a été manquée. Le fait qu'il n'existe aucun pouvoir politique réel capable de s'opposer à Netanyahu est au moins aussi terrible que le fait qu'il existe.
Iris Leal, Haaretz, dimanche 21 septembre 2025 (traduction DeepL)