Analyse
Le vote d'Israël contre l'Ukraine à l'ONU va bien au-delà du simple soutien à Trump
Le gouvernement Netanyahou se rapproche de la Russie, s'éloigne de l'Ukraine
et se rapproche des partis perturbateurs favoris de Vladimir Poutine en Europe.
C'est une chose que les alliés occidentaux de Jérusalem devront prendre en compte à l'avenir
Amir Tibon, Haartez, mercredi 26 février 2025
(Traduction DeepL)
Agrandissement : Illustration 1
La vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères, Mariana Betsa,
s'exprimant lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU
à l'occasion du troisième anniversaire
de l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
à New York, lundi.
Credit: David Dee Delgado/Reuters
Il est tentant de considérer le vote d'Israël contre l'Ukraine à l'Assemblée générale de l'ONU lundi comme le résultat direct des nouveaux vents soufflant des États-Unis, où l'administration Trump a - à la stupéfaction de la plupart des gouvernements du monde - adopté une ligne pro-russe.
C'est une explication facile pour les responsables israéliens, qui devront certainement faire face à des questions dans les jours à venir sur l'abandon d'une démocratie amie the abandonment of a fellow democracy luttant pour sa vie contre un assaut russe soutenu par l'armement iranien.
Mais l'importance du vote de l'ONU, qui fait passer Israël du camp neutre concernant la guerre en Ukraine au camp pro-russe, va bien au-delà de la relation du Premier ministre Benjamin Netanyahu avec Donald Trump et de sa crainte de l'ire du président américain.
Trump n'est en fait qu'une excuse confortable. La vérité plus dérangeante et honteuse est qu'Israël n'a jamais fait preuve de courage moral sur la question de l'Ukraine never showed any moral courage on the Ukraine issue et qu'il s'aligne non seulement sur le nouveau président américain, mais aussi sur les partenaires idéologiques et les idiots utiles de la Russie en Europe.
Les résultats du vote affichés lundi à l'Assemblée générale de l'ONU,
suite à une résolution condamnant
les actions de Moscou en Ukraine.
Credit: Shannon Stapleton/Reuters
Le jour même où Israël a voté en faveur du texte américain aux Nations unies, le journaliste Barak Ravid a rapporté journalist Barak Ravid reported que le nouveau ministre israélien des affaires étrangères, Gideon Sa'ar, a donné pour instruction à ses services de modifier la politique menée depuis des décennies, consistant à ne pas coopérer avec les partis européens d’extrême droite qui ont un passé négationniste, qui glorifient les criminels de guerre et qui ont participé au massacre en masse des Juifs d'Europe.
Cette décision aura une incidence sur les liens entre Israël et les partis d'extrême droite en France, en Espagne et en Suède, mais n'inclura pas, pour l'instant, le parti allemand Alternative pour l'Allemagne ni le Parti de la liberté en Autriche. Pourtant, certaines forces au sein de la droite israélienne font déjà pression pour améliorer les liens avec ces deux partis, et il semble que ce ne soit qu'une question de temps avant que Sa'ar n'approuve une telle décision.
Cela fait suite à une initiative antérieure, révélée par Haaretz en 2023, visant à blanchir le parti d'extrême droite roumain Alliance for Uniting Romanians Romania's far-right Alliance for Uniting Romanians (Alliance pour l'unification des Roumains) par le ministre des affaires étrangères de l'époque, Eli Cohen.
Ce que ces partis d'extrême droite ont en commun, c'est leur désir de réviser le passé et d'effacer les crimes commis par leurs propres gouvernements et sociétés avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Israël, le seul et unique État juif du monde, a donc évité tout contact officiel avec ces partis dans toute l'Europe.
Alice Weidel, co-dirigeante du parti d'extrême droite
Alternative pour l'Allemagne, entourée des médias à Berlin lundi
Credit: John MacDougall/AFP
Pourtant, ces mêmes partis ont récemment découvert qu'en soutenant les colonies israéliennes en Cisjordanie, ils pouvaient gagner la légitimité du gouvernement Netanyahou - souvent contre la position déclarée des communautés juives locales dans leurs propres pays, qui continuent à considérer ces partis avec suspicion et inquiétude en raison de leurs racines antisémites.
Ces partis ont également une nette tendance à soutenir la Russie au sujet de l'Ukraine et sont encouragés par le Kremlin, qui les considère comme des perturbateurs internes qui affaiblissent l'Europe et servent les objectifs stratégiques à long terme du président Vladimir Poutine.
Et c'est là que les deux fils se rejoignent. Israël, sous son gouvernement actuel, se rapproche de la Russie, s'éloigne de l'Ukraine et se rapproche également des partis favoris de Poutine au sein de différents pays européens.
Le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Sa'ar
s'exprimant lors d'une conférence de presse à Jérusalem
plus tôt ce mois-ci.
Credit: Ahmad Gharabli/AFP
Ce changement stratégique - qui a également des implications morales à long terme pour l'État juif et le peuple juif - est fondé sur des intérêts politiques à court terme et n'a jamais fait l'objet d'un débat approprié au sein du gouvernement. Mais c'est désormais la réalité, une réalité que les alliés et les partisans traditionnels d'Israël devront prendre en considération à l'avenir.
Amir Tibon, Haartez, mercredi 26 février 2025 (Traduction DeepL) https://www.haaretz.com/israel-news/2025-02-25/ty-article/.premium/israels-un-vote-against-ukraine-is-about-much-more-than-just-backing-trump/00000195-3db3-d852-a5df-ffbf60610000