L'avancée irrésistible de la Chine en Amérique latine. (Etude de la DW Brasil)
L'avancée de la Chine en Amérique Latine a traversé deux crises graves, celle de 2008 et la pandémie, en en a profité pour se consolider, dans les domaines de l'économie, mais aussi dans le domaine politique.
Un rapport chinois de 2008 n'avait pas attiré l'attention. Il avait des projets précis sur l'Amérique Latine. Pékin voyait l'Amérique Latine au même niveau de développement que la Chine, et y voyait la raison de collaborer dans tous les domaines : commerce, santé, protection climatique et sécurité. Selon ce rapport, les deux parties devaient y gagner. (cf. la progression des échanges).
La Chine est devenue le premier partenaire commercial du Brésil et de toute l'Amérique du Sud à part la Colombie, l'Equateur, le Suriname et Guyane. Sur toute l'Amérique Latine, la Chine n'est second partenaire qu'à cause des liens entre le Mexique et les USA. (cf. cartes)
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Comment cela s'est-il produit ? C'est lié à l'arrivée de Obama en 2008. Il s'est fixé sur l'Asie, et a abandonné ce qui était l'"arrière-cour" des USA. Il voulait nouer des liens avec les pays asiatiques pour diminuer l'influence de la Chine. Cela a ouvert une brèche en Amérique Latine, que la Chine a vite perçue. Le second facteur est l'espace abandonné par l'Europe, préoccupée par ses crises internes, et qui a négligé l'Amérique Latine et s'est intéressée au moyen-orient et aux pays limitrophes de la Russie. Un document s'en est préoccupé, comme l'a révélé au mois d'août El Pais. Le document souligne que la transition serait couronnée par l'élection de Lula au Brésil, qui assurerait une emprise définitive de la Chine.
Enrique Dussel, Centro de Estudo da China, UNAM/Mexico :
Le nouvel acteur significatif du commerce latino-américain est la Chine. Malheureusement en Amérique Latine, l'Europe a perdu sa présence dans le commerce, mais surtout dans le domaine stratégique. Non que l'Europe n'ait pas un rôle important, mais mais elle a perdu son attractivité.
En 2008, n'a pas été que l'élection d'Obama et la rédaction du plans stratégique chinois, mais aussi la crise financière mondiale et la vague rose en Amérique Latine. Les dirigeants locaux comme Lula
ont lié les nouvelles relations, et la demande chinoise pour les matières premières comme pétrole, fer et soja ont protégé certains pays de la crise dévastatrice. Depuis, la Chine continue à exécuter son programme sans faire de vagues, a augmenté son commerce, aidé des gouvernements, collaboré avec d'énormes projets d'infrastructure, noué des liens militaires, et prêté d'énormes quantité d'argent. Aujourd'hui, plus de 20 pays d'Amérique Latine et des Caraïbes ont intégré les Routes de la Soie, énorme projet chinois qui prévoit le développement de routes, de ports, dans des pays étrangers. La Chine est devenu un important financier de la région, entre 2005 et 2020, elle a prêté 140 milliards de $ aux pays latino-américains. Les prêts sont destinés surtout aux projets d'infrastructure et d'énergie.
Le premier vaccin qui arriva était chinois, ce qu'on a appelé la "diplomatie du covid". La Chine a aidé par des dons de masques, d'appareils de protection et de vaccins, et est devenu protagoniste en Amérique Latine au milieu du chaos général de la crise sanitaire. Les économistes disent qu'il y a encore beaucoup d'espace pour avancer. La Chine n'a noué des accords de libre commerce qu'avec trois pays de la région. Chili, Pérou et Costa-Rica, et courtise d'autres comme l'Uruguay, ce qui pourrait affaiblir le Mercosud et ouvrir de nouveaux espaces à la Chine. Le défi est le protectionnisme de certains pays de la région, comme l'Argentine, qui craignent pour leurs industries locales avec l'arrivée des produits chinois meilleur marché.
Alexander Busch, rédacteur du DW :
Les pays du Mercosud courrent un grand risque d'être avalés par la Chine un par un, commençant par l'Uruguay qui est petit et n'a aucune possibilité de résister à l'avancée chinoise, et ensuite entrer dans le Mercosud, l'Argentine est très affaiblie, le Paraguay a un accord avec Taïwan, mais c'est une affaire de négociation, mais au final la Chine veut entrer au Brésil avec ses produits industriels, dans un marché jusqu'ici protégé, il y a beaucoup de chances que la Chine réussisse d'ici cinq à dix ans, et de l'autre côté l'UE est très réservée pour avancer avec le Mercosud.
Pendant que l'Europe et les USA ignorent la région, la Chine réussit à se présenter comme un partenaire alternatif fiable et prometteur. Avec la progression du commerce bilatéral, augmente la dépendance économique des pays latino-américains et son influence politique. Au cours de ces quatre dernières années, République Dominicaine, Salvador, Nicaragua et Panama ont changé d'attitude vis-à-vis de Taïwan, et ont rompu leurs relations diplomatiques. Les nouveaux partenaires peuvent aussi renforce la position de la Chine à l'ONU, ce qui a des conséquences politiques importantes. Le document de l'UE cité ci-dessus, attire l'attention sur ce point. Le texte souligne que les européens ont de plus en plus de difficultés à obtenir l'appui des latino-américains dans les forums internationaux. "La crédibilité, le pouvoir et l'influence de l'Europe sur la scène internationale sont en jeu".
Source : DW Brasil O avanço imparável da China na América Latina.