En France : IMAGE DES USA, DE LA RUSSIE ET DE L'UKRAINE.
Le regard français sur les USA et l'OTAN.
Un regard superficiel, mais encore tenace, voit des américains les libérateurs de la dernière guerre, qui ont apporté le chewing-gum, bas nylon, le jazz, et le plan Marshall qui reconstruit l'Europe.
Pour la gauche, l'image des USA reste marquée par la guerre du Viet-Nam, le racisme institutionnel, les coups d’État en Amérique du Sud, qui a amené de nombreux persécutés à s'abriter en France.
La presse française et européenne a toujours été discrète sur les sujets dérangeants. La chaîne publique Antenne2 qui avait commandé un documentaire sur le recyclage aux USA des officiers de la bataille d'Alger a finalement refusé de le montrer. Il l'avait été sur canal européen Arte, mais à une heure de faible audience. Arte a également présenté plusieurs documentaires sur la CIA en Europe (sur les intellectuels, le réseau Gladio), toujours à des horaires tardifs.
Les deux candidats Mélenchon et Fabien Roussel recommandent la sortie de l'OTAN, sans que cela ne stimule la critique violente des autres candidats. L'OTAN ne fait pas partie des sujets majeurs de la scène politique.
Le regard porté en France sur la Russie
Image de l'Union Soviétique et de la Russie
Malgré le dégel des relations auquel De Gaulle avait contribué, l'image de l'Union Soviétique a été surtout détériorée par les interventions dans les pays de l'Est, comme à Prague en 1968. Les français ont suivi de près les problèmes des dissidents, Soljenitsyne, Sakharov et son association Mémorial pour la mémoire du goulag. Depuis la fin de l'URSS, la presse française et les mouvements comme Reporters sans Frontières révèlent régulièrement la répression des artistes et les procès de dissidents. Les journalistes Anna Politkovskaïa et Boris Nemtsov avaient gagné la sympathie des français dans leurs interviewes à la presse pour leur courage de s'opposer à Poutine. Leurs assassinats impunis ont été vivement ressentis.
De cette image stalinienne, la Russie a ajouté celle d'un pays d'oligarques dont on voit les yachts sur la côte d'Azur.
A partir du travail de Pickety, la base de données publiques World Inequality Database montrent le développement rapide des inégalités après la chute de l'Union Soviétique. Le rapport de la fortune des 1 % les plus riches dans chaque pays montre que la Russie est devenue un des pays les plus inégalitaires, devant les USA, l'Allemagne Fédérale, la France et le Royaume Uni.
Vladimir Poutine a favorisé l'élection de Trump, son amitié avec Marine Le Pen et le soutien financier qu'il lui apporte, celui qu'il a apporté à Salvini le qualifie de soutien de l'extrême-droite mondiale. Le sujet des affaires du fils Biden en Ukraine et de l'aide demandée par Trump à Zelenski sur ce sujet ont reçu peu d'écho en France.
Le regard français sur l'Ukraine
La révolte "orange" en Ukraine a été vue comme une révolte populaire contre Viktor Ianoukovytch, délinquant devenu milliardaire, président, et ami de Poutine. De même au Kazakhstan, la révolte et le massacre qui a suivi après l'intervention russe a été vue comme un remake, contre l'oligarque Nazarbaïev. Plus généralement, les révoltes de couleurs sont vues en Europe comme une colère légitime des peuples contre le système des oligarques.
Au début des tensions entre l'Ukraine et la Russie, Poutine était soutenu par l'extrême-droite française de Le Pen et Zemmour, mais également par Mélenchon, seul à gauche, ce qui lui vaut encore de nombreuses critiques. Pourtant, dès l'offensive militaire, Mélenchon l'a condamnée sans ambiguïté. Le Pen essaie d'éluder le sujet, prise entre ses convictions et l'intérêt financier de son parti et l'opinion publique.
Il ne fait pas de doute que par contraste, Zelenski est soutenu par la gauche tant ukrainienne que française.
Au Brésil : IMAGE DES USA, DE LA RUSSIE ET DE L'UKRAINE.
Le regard porté au Brésil sur les USA
L'Amérique Latine est, depuis la doctrine Monroe en 1823, victime directe de l'emprise américaine de déstabilisation et de tous les coups d’État qui ont secoué jusqu'à récemment le continent (pour le Brésil, celui de 1964 décidé par Kennedy), et récemment des élections frauduleuses (Haïti, Bolivie) et coups d’État juridiques (Honduras, Paraguay, Brésil). L'élite fait des USA un lieu de villégiature et rêve d'y envoyer ses enfants. Un juge brésilien estimait légitime "d'aller une fois par mois à Miami acheter un costume".
La grande presse brésilienne, tenue par quelques familles, avait soutenu la dictature, et elle glorifie les USA.
En revanche, une bonne partie de la population est anti-américaine. Sans affrontement ouvert, les gouvernements de Lula et Dilma Rousseff avaient pris leurs distances. Les présidents américains successifs avaient plaidé pour la privatisation des réserves pétrlière brésiennes et la concession de la base spatiale d'Alcântara, idéalement située près de l'équateur. Le câble sous-marin du Brésil à l'Europe était clairement destiné à échapper aux interceptions américaines.
Les USA ont développé leurs réseaux d'information, dont Snowden a révélé que la première cible était le Brésil. Le téléphone de Dilma Rousseff était écouté par la NSA, comme les grandes entreprises brésiliennes, ce qui a permis de mettre fin aux gouvernements de gauche.
Bref, dans les sociétés latinoaméricaines aux injustices sociales gigantesques, USA sont vus sous deux regards antagonistes.
Le regard porté au Brésil sur l'Union Soviétique, la Russie et ses ex-satellites
Cuba, qui a réussi à déposer le dictateur Batista soutenu par les USA, est adulé en Amérique Latine, son intervention avait contribué à la fin de l'Apartheid, est la référence universelle pour la gauche latino-américaine. Cuba n'a pu survivre que grâce à l'aide de l'URSS.
Bien que n'étant plus communiste, la Russie soutient encore Cuba (et souhaiterait y installer une base militaire).
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Cela lui confère une bonne image, renforcée par la création des BRICS, alliance entre le Brésil, l'Inde, la Russie, la Chine et l'Afrique du Sud. Ils ont créé une banque pour financer des projets de développement, la NDB.
Pour beaucoup de brésiliens, la Russie est une continuité de l'URSS.
Agrandissement : Illustration 4
Dans un des sites majeurs de gauche (DCM), un universitaire fervent soutien de Poutine tient une rubrique sur le conflit devant les portraits de Lénine et Staline.
Les liaisons particulières entre l'Ukraine et le Brésil
Jusqu'à l'élection de Bolsonaro, l'Ukraine n'était pas très présente dans la presse brésilienne, tout au plus parlait-on au temps de Lula de projets de lancement de fusées ukrainiennes à partir de la base spatiale d'Alcântara.
Moins de deux ans après la prise de pouvoir de Bolsonaro, un mouvement d'extrême-droite s'intitulant "les 300" (en références aux 300 des Thermopyles, en fait moins de 30 personnes), monta un campement sur l'esplanade centrale de Brasilia, s'affichaient armés, parfois vêtus d'uniformes et défilaient avec des torches à l'instar des nazis et du Ku Klux Klan, et des bannières ukrainiennes. Leur leader, Sarah Fernanda Geromini, avait été formée par des milices d'extrême-droite en Ukraine. Ils avaient soutenu l'élection de Bolsonaro, participé à l'émission d'infox sur Internet, et voulaient dissoudre le parlement, fermer la cour suprême, et rééditer l'Acte (AI5) qui définissait les règles les plus dures de la dictature. Bolsonaro un moment tenté, mais lâché par les militaires, a dû y renoncer, et l'arrestation des meneurs par le tribunal suprême a mis fin à cette aventure.
Contraitement à la France, on a donné beaucoup d'importance au Brésil aux conversations entre Trump et Zelenski, et de la demande d'informations sur le fils Biden contre l'envoi d'armes américaines.