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Billet de blog 18 avril 2018

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L'appartement triplex de luxe de Lula

Le Président Lula a été condamné à 12 ans de prison pour avoir reçu et fait modifier un appartement de luxe avec l'argent de la corruption. Les sans-logis occupent l'appartement, prennent des photos et montrent qu'il n'a rien de luxueux et que les aménagements annoncés n'ont jamais eu lieu.

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Le Triplex de Lula

Le groupe de presse Globo a été le premier à parler de l'affaire en 2010 : Lula avait un appartement triplex construit par une coopérative ouvrière, mais la construction a pris du retard. En 2014, l'appartement est terminé, la coopérative qui le gérait le vend au constructeur, OAS. L'appartement est agrandi, et passe de duplex à triplex à la demande de Lula. Il demande encore des améliorations : un ascenseur interne et un revêtement de porcelaine, à la demande de son fils.

Illustration 1
Triplex Lula © Brasil247

Lula a reconnu l'avoir visité, mais a toujours nié d'être propriétaire. Il reprochait entre autres des escaliers dangereux pour des personnes âgées. Lors du procès, sa défense a demandé une visite de l'immeuble, qui leur a été refusé par le juge. Juillet 2017, Lula est condamné à 9 ans 1/2 de prison par le juge Moro pour le triplex, ce qui provoque un remous international (*). En appel, les faits ne seront pas examinés : "si Lula a été condamné, c'est qu'il est coupable", mais la sentence sera alourdie à 12 ans.

Illustration 2
Occupation du triplex par les sans-logis © MTST

La condamnation

Pourtant, en janvier 2018, une juge de Brasilia, dans une toute autre affaire, identifie le propriétaire de cet appartement, la société OAS, et publie le titre de propriété dans la presse. Largement divulgué dans la presse brésilienne de gauche, non contredite, cette remise en cause ne sera publiée ni au Brésil, ni en France.

Occupation et description du triplex

Le 16 avril 2018, les mouvements très structurés des sans-logis Movimento do Trabalhadores Sem Teto (MTST), et du Frente Povo Sem Medo (Front du peuple sans peur) occupent le triplex en question, avec des slogans du type "si c'est à Lula, c'est à nous", "si c'est à Lula, on peut rester". On attendait une plainte du propriétaire pour les expulser, mais la police l'a fait rapidement sans fournir d'explications.

 Le MTST publie les photos de l'appartement supposément refait. Elles montrent un appartement très loin de la version idyllique montrée par la TV Globo. Ils n'ont pas davantage trouvé de porcelaine que d'ascenseur, et montrent les photos d'escaliers intérieurs raides.

Illustration 3
Intérieur du triplex de Lula © MTST

On vient à comprendre pourquoi le juge avait refusé sa visite à la défense de Lula. Toute l'accusation se trouve décrédibilisée. Où sont donc passés les millions de R$ dépensés pour Lula ? Les pressions pour la libération de l'ex-président vont se faire plus fortes, et cette hypothèse est envisageable.

Mais la haine de la droite s'est montrée avec la mort de plusieurs dirigeants, dont Marielle Franco, et les tirs contre l'autobus de la presse qui accompagnait Lula dans sa dernière tournée. Celle d'une grande partie de la Police Fédérale s'est exprimée récemment lors du transfert de Lula de São Paulo à Curitiba où il est incarcéré, les conversations de cockpit ont été révélées. On y entend "emporte cette merde et ne le rapporte jamais", "balance cette ordure par dessus-bord". De nombreuses voix expriment leurs craintes pour la vie de Lula entre leurs mains, par maladie ou par suicide, comme au temps de la dictature.

Références : 

(*) De quelles preuves dispose-t-on ? Le Monde publie dans un article des décodeurs non signé  : "Lula a été reconnu coupable…" On n'en saura pas plus.

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