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Billet de blog 27 mai 2018

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Comment comprendre la situation de blocage des carburants au Brésil ?

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Les (patrons) routiers qui bloquent les routes au Brésil ont été massivement favorable au renversement de Dilma Rousseff. Ils sont maintenant victimes de la politique du gouvernement qu'ils ont contribué à mettre en place. Ils demandent maintenant l'intervention de l'armée.

Le responsable de la hausse du prix des carburants est le ministre de l'énergie Pedro Parente. Pour préparer la privatisation de Petrobras demandée par les américains, il applique aux brésiliens le tarif international du pétrole produit au Brésil. Ce prix s'envole avec la dévalorisation du Real, suite à la politique dramatique du gouvernement Temer. Parallèlement, Parente a diminué la capacité locale de raffinage (actuellement à seulement 70 %) et augmenté les importations.

Illustration 1
Pedro Parente, ministre de l'energie

Bien que ce soient les routiers qui se font le plus entendre, la situation la plus dramatique est liée à la hausse du butane, qui est pour les brésiliens les plus modestes l'unique source de chauffage des aliments. De nombreuses familles ne peuvent plus payer la recharge et essaient de se débrouiller avec des sources alternative, le bois ou l'alcool. Ces moyens précaires sont dangereux, et des services hospitaliers sont maintenant consacrés aux brûlés par ces accidents domestiques.

De nombreuses voix demandent maintenant la démission de Parente, y compris a droite et dans le parti de Michel Temer. Parente s'accroche à son poste, se sentant soutenu par les vrais maîtres de la situation, les USA. C'est également la raison pour laquelle Temer ne le chasse pas ce ministre extrêmement impopulaire.

La situation est encore compliquée par la grève de la puissante centrale syndicale des pétroliers pour s'opposer à la privatisation.

Illustration 2
Temer : "Terminons-en avec la grève des camionneurs". Le soldat : "d'accord, mais il n'y a plus d'essence"

Que peut faire l'armée ? Des observateurs se demandent s'il ne s'agit pas d'un scénario pour l'appeler au pouvoir. Il n'est pas certain que ce soit la situation préférée des USA.

La popularité de Lula continue à progresser en dépit de son arrestation, il pourrait peut-être être élu au premier tour. Les forces du coup d'état ne veulent donc pas des élections présidentielles en octobre. Hors la mise en place d'un pouvoir militaire qui leur poserait beaucoup de problèmes, une solution serait un changement de constitution pour un régime parlementaire. Le parlement largement corrompu pourrait choisir un premier ministre à sa guise sans passer par les électeurs. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la décision de la Comissão de Constituição e Justiça (CCJ) du sénat qui vient d'approuver un projet de la droite permettant l'élection indirecte du président et du vice-président le la république en cas de vacance du pouvoir. Le président de la chambre des députés, Rodrigo Maia, saisit l'occasion et attaque maintenant le président Temer qui n'a plus guère de soutien.

Sources :

Globo G1 du 24 mai 2018 : "Le sénat approuve des règles pour l'élection indirecte en cas de vacance du pouvoir".

Brasil 247 du 26 mai 2018 : Maia de retour à l'attaque de Temer : "Gouvernement faible".

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