Les temps que nous vivons, en France et en Europe, poussent des citoyens au repli, à la peur, à la dénonciation, à cette incorrigible envie de s'en sortir quitte à marcher sur le corps des autres. En même temps, la volonté d'en découdre avec un système odieux parce que de plus en plus inégalitaire, jetant dans la pauvreté de plus en plus de gens, progresse dans de nombreuses consciences et sculpte le rêve éveillé d'un monde solidaire et convivial. Entre les deux tendances il y a ceux qui se taisent et attendent que ça se passe pour reprendre la routine du vie sans vagues en attendant de se plier aux règles des vainqueurs.
Cette règle des mouvements contraires, avec, au milieu, le marais des opportunismes, n'est pas nouvelle dans l'humanité. Elle traverse toutes les civilisations.Ne pas vouloir le comprendre, c'est tomber dans l'utopie qui conduit au désespoir, à la négation de la lutte pour un avenir meilleur pour tous. Que l'on gagne ou qu'on perde un combat ponctuel ou une élection, il ne faut jamais perdre de vue ce fonctionnement dans lequel il faut non pas rentrer mais faire gagner le bon côté du jeu sans jamais oublier personne, y compris ceux qui sont dans la frilosité ou l'erreur, parce que si on n'a pas fait évoluer les consciences majoritaires, on a perdu d'avance.
En cela il n'y a jamais de victoire acquise pour toujours parce que ce fonctionnement peut s'adapter à la situation et faire revenir à la case départ d'un monde qu'on croyait avoir changé. C'est l'enseignement des échecs du 20e siècle. Il est utile pour peu qu'on sache ne pas recommencer toujours les mêmes erreurs en se berçant dans la nostalgie d'une histoire qu'on aurait voulu plus belle et plus pérenne qu'elle ne l'a été. Être communiste au XXe siècle, c'est cultiver positivement et sans faiblesses le rapport entre l'idéal et le réel et ne s'enfermer ni dans l'un ni dans l'autre.