Yvon Huet (avatar)

Yvon Huet

Retraité, journaliste à Vie Nouvelle et Présence

Abonné·e de Mediapart

16 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 décembre 2019

Yvon Huet (avatar)

Yvon Huet

Retraité, journaliste à Vie Nouvelle et Présence

Abonné·e de Mediapart

Le mouvement social s'est bien élevé

L'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron a réveillé le mouvement social comme une bombe à retardement. Tous les scénarios sont permis, y compris celui d'une révolution citoyenne inédite.

Yvon Huet (avatar)

Yvon Huet

Retraité, journaliste à Vie Nouvelle et Présence

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Certains s'inquiètent de savoir si la CFDT qui a rejoint le mouvement de protestation contre le projet de retraite néolibérale de Macron par la petite porte aura la capacité de casser l'unité d'un mouvement social inédit qui, depuis bien longtemps, met en phase un mouvement de grève paralysant et l'opinion publique. C'est une préoccupation certes, mais ce n'est pas le sujet qui peut remettre en cause un double mouvement, celui des gilets jaunes d'un côté qui a révélé un immense malaise dans la France "oubliée" et celui du réveil syndical pour qui personne ne pariait encore il y a quelques semaines.

La CGT l'a bien compris et elle sait qu'elle a l'opportunité de relancer non pas le "dialogue des partenaires sociaux" avec un pouvoir qui a décidé de casser les dits "corps intermédiaires" mais la démocratie sociale dans un pays qui a prouvé dans son histoire que c'est lorsque le peuple du monde du travail se fâche que les choses bougent vraiment. Et la CGT n'est pas seule, loin s'en faut, parce que bien ancrée à une intersyndicale qui tient le coup face à compromission d'une CFDT qui commence à se mordre les doigts d'avoir été trop loin dans la collaboration décomplexée.

Au delà de la question récurrente de la retraite, le malaise est profond dans toute la fonction publique, dans l'enseignement, dans les professions emblématiques de la santé, chez les pompiers, dans les entreprises fraîchement privatisées comme ERDF, chez les marins, etc. La liste s'allonge tous les jours au point qu'une jonction de tous les malaises risque bien de provoquer un blocage du pays et une remise en cause du pouvoir malgré un contexte politique désastreux qui ne prévoit pas de relève alternative hormis celle de l'extrême droite toute aussi libérale que Macron, dans un autre genre. Dans ce contexte, c'est toute la question de l'Europe libérale qui est posée. Elle est confortée certes par une représentation majoritaire des forces de droite et d'extrême droite à Strasbourg mais elle ne peut pas forcément résister à un mouvement populaire qui a décidé de dire non à une logique qui appauvrit systématiquement et profondément un pays riche aux deux sens du terme, le patrimoine financier et l'histoire sociale. Tous les signes d'une confrontation longue entre le Capital et le Travail sont annonciateurs d'une nouvelle histoire qui risque bien de faire jaunir l'écharpe rouge des journalistes patentés de l'exécutif tels que Christophe Barbier et bien d'autres. Le mot Ensemble sort de la boîte à slogans pour devenir réalité. Les luttes font reculer l'individualisme ambiant comme on fait reculer le cancer des malédictions mentales. Autre signe encourageant. La jeunesse, qui depuis quelques année a été la proie des répressions les plus sauvages (souvenons nous des enfants tabassés à la sortie des lycées) commence enfin à prendre au sérieux les conditions de sa destinée malgré un encadrement idéologique poussant à l'individualisme forcené. 

Est-ce à dire que Macron est mort vivant et que la Révolution est "en marche". Certainement pas. Il reste un chemin à parcourir, le plus difficile certainement, celui de la convergence d'une gauche que la mandature de François Hollande a fait tomber dan le ravin pour imploser. Un signe ne trompe pas. Si les communistes ne sont pas encore sortis de la marginalisation électorale, ils retrouvent pour de bon le chemin du combat de classe. Le temps des cerises reprend du service et l'histoire française risque bien de se surprendre elle-même. Ce n'est plus le temps des mots qui rassurent mais celui de l'action, dans un monde de moins en moins sûr où le mot "plus rien à perdre" retrouve toute sa signification.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.