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Billet de blog 21 avril 2020

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Démocratie et numérique

Internet est un outil extraordinaire pour faire circuler les idées mais, paradoxalement, c'est aussi un piège tout aussi extraordinaire si on ne s'en tient qu'à lui.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai toujours été étonné par les arguments liés à la dite "démocratie" des votes et des sondages d'opinion par le biais d'internet, sans compter les "adhésions" par un simple clic sur un groupe d'expression, quel qu'il soit ce qui est le cas en France pour la FI et En Marche, sans mélanger les genres bien sûr, en ne faisant pas de parallèle mortifère sur les options politiques de chaque mouvement.

Je me souviens par exemple de José Bové qui avait justifié sa candidature contre Marie Georges Buffet en 2007 par un appui de 35000 signature sur internet. Je me souviens aussi de Jean-Luc Mélenchon qui utilisa le net pour créer le mouvement des Insoumis après avoir quitté le Front de gauche (je n'en rajoute pas). Ce fut le début de la création d'un mouvement sans adhérents dans lequel on peut rentrer ou sortir quand on veut, sous réserve d'avoir un ordinateur ou un mobile sous la main, ce qui permet de se faire croire qu'on peut faire adhérer des millions de gens à une option politique, ce qui permet aussi de se passer de la notion du temps qu'il faut pour organiser un vrai vote avec contrôle et utilisation du bon vieux papier et des bonnes vieilles enveloppes, de se dire que la démocratie sur le net, c'est plus rapide et moins cher.

Oui mais...

Si nous vivons une nouvelle époque et qu'il faut savoir accepter les changements de comportement, il y a pourtant quelque chose qui cloche. Quand on voit comment sont organisés les sondages et les campagnes préélectorales, comme celle des présidentielles, deux ans avant le vote, on peut se poser des questions. Certes, chacun peut maintenant, sous réserve qu'il soit soutenu par un cartel d'influences, créer son propre sondage, et qui sait aller jusqu'à brûler les étapes sans avoir jamais été élu nulle part, comme c'est le cas d'Emannuel Macron, pour devenir un Président de la République. Tout le monde ne peut pas être fondé de pouvoir d'une grande banque internationale ou politicien de longue date habitué aux couloirs du pouvoir, voire égérie d'une extrême droite qui surfe sur les frustrations et les colères.

La période de confinement ne fait qu'accélérer ce processus du rapport entre politique et numérique. Cette déshumanisation du rapport entre citoyen est dangereuses parce qu'elle fait croire qu'il suffit de faire des déclarations et des pétitions sur Internet pour faire bouger les choses.

Au début on peut croire que ça suffit, mais à la fin du processus on se retrouve confronté à une réalité souvent en décalage avec une sorte de légende virtuelle qui, certes, active les émotions mais, sur le terrain, est totalement insuffisante. Le net est une sorte de masque qui, poussé à bout, peut nous faire passer les vessies pour des lanternes, pour reprendre ce vieux proverbe populaire.

Vivement le retour aux convivialités, aux manifestations, aux confrontations vivantes qui font le sel de l'histoire, aux congrès et assemblées générales des organisation politiques, syndicales et associatives qui marquent en chair et en os le fonctionnement démocratique du pays.

Que restera-t-il de tous ces cris poussés sur les réseaux sociaux ? Pas grand chose. Mais il restera beaucoup du travail de nos héros populaires que sont les personnels du service public et bien au-delà qui maintiennent à l'air libre, bravant le danger de la pandémie, les conditions d'un retour à la normale de nos activités, de notre rapport concret à la fraternité, à l'expression des valeurs que nous défendons.

J'écris cela sur le net... Rigolo non ? Certes, mais j'ai hâte de retrouver mes enfants et petits enfants, mes amies, amis et camarades avec laquelle la lutte pour de vrais jours heureux n'est pas une phrase hors sol mais une action de tous les jours pour changer le monde, avec les autres et pas rien que pour se faire plaisir. ON CONTINUE

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