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Billet de blog 8 septembre 2025

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"peuple élu" ou "peuple racine" il faut choisir !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je me suis toujours demandé ce qu’il en serait d’une société où les hommes parvenaient à communiquer avec leurs morts, comme si la limite qui s’offraient à notre existence n’en était plus vraiment une.

Je pense que si les hommes savaient la langue des morts, comme les personnages de mon roman fantastique, ils peineraient à communiquer avec leurs défunts.

Que pourraient-ils se dire d’important ?

Nos morts seraient-ils passionnés par nos petites querelles intestines et dérisoires, alors que leur esprit ne connait plus de limites et erre où bon lui semble ? Que comprendrions-nous de leur univers illimité ?

C’est le point de départ de mon roman « la langue des morts »  

Et si les morts venaient à nous aider, eux qui savent tellement de choses et disposent de moyens de nature à influencer le cours des affaires humaines ? Ne deviendrions-nous pas d’une puissance inégalée ?

Les peuples qui cultivent un lien prononcé avec leurs morts sont des « peuples enracinés ». Ce fut notre cas à nous, Bretons et c’est encore le cas même si la corruption des mœurs par l’individualisme moderne a gagné du terrain.

Il suffit de regarder autour de nous. On rejette la mort !  On ne veut surtout pas la voir à la maison.  Elle a quitté nos demeures pour le funérarium et avec elle, c’est l’humanité que l’on rejette.

 Certains en viennent à cultiver l’illusion d’une humanité fusion avec Gaia, privée de la moindre sacralité, au point de réduire la dépouille à un vulgaire humus pour la culture des carottes.

Je n’aime pas les carottes !

Ce sont les mêmes qui préfèrent les tritons aux Bretons.

Les peuples enracinés ont ceci de bon qu’ils se maintiennent dans leurs limites naturelles, leur vieux territoire. Ici c’est dans la forêt que « ceux d’ici » plongent leurs racines et c’est dans la forêt que leur âme se retrouve après le grand voyage, sous la forme d’une pierre ou d’un arbre. La vie ne fait plus sens pour eux sans leur forêt. Sans elle, ils dépérissent et ne sont plus les mêmes. Ils ne forment plus un peuple mais un agglomérat d’humains fétus de pailles, prêts à s’envoler à la moindre sollicitation malheureuse.

Par nature, les « peuples enracinés » s’opposent aux « peuples élus ». Un peuple élu -nous en connaissons et beaucoup plus près que vous ne le pensez- n’aura de cesse d’exporter sa propre substance jusqu’au point ultime où il trouvera une résistance.

Normal, il a été élu ! Par Dieu ou par la raison, mais qu’importe, Il a été élu. Il ne sert de lui demander compte de ses abus, de le questionner puisque ses abus ou ses conquêtes sont en phase avec son essence même, avec sa manière à lui de se penser.

Et si notre histoire mondiale ne devait pas ses tourments et soubresauts à cette guerre sans fin entre peuples élus et peuples racines ?

Il arrive certes que deux peuples élus s’entrechoquent lorsque leur élection se contredisent.

Je dois convenir qu’il arrive aussi que deux peuples racines s’affrontent mais il ne s’agit que de quelques escarmouches. Leur nature ne les pousse pas à l’agression.

Il arrive même qu’un « peuple élu » devienne « peuple racine » et vice-versa.

Entre peuple racine et peuple élu, j’ai choisi depuis longtemps.

Si Je connais les racines, je n’ai jamais compris au nom de quoi un peuple pouvait être élu.  

L’élection alléguée ne confère aucunement le droit d’assujettir autrui.

Pour conjurer ce risque, la meilleure chose que nous pouvons faire est de cultiver nos racines.

Aujourd’hui, de nombreuses associations oeuvrent à la diffusion de l’histoire de Bretagne, de notre identité, de nos langues et de notre rapport au monde. Ce travail est essentiel.

 A Koun Breizh, c’est notre raison d’être car la vérité se tient toujours dans ce que l’on nous cache.

Beaucoup d’entre nous oeuvrent à sauver nos langues, mais trop souvent au nom du concept vague de diversité culturelle, sans oser penser ce qui fait de nous un peuple, notre essence singulière en ce bas-monde et ce qui fait notre humanité. C’est le peuple que nous formons qui justifie le mieux l’apprentissage de nos langues et notre histoire à tous nos enfants.

J’adore raconter des histoires mais j’aime plus que tout les histoires utiles.

Il arrive que le merveilleux et l’imaginaire nous éclairent sur ce que nous ne percevons plus ou si mal au quotidien. Il faut partir loin pour se retrouver.

Ce roman fantasy « la langue des morts » n’est qu’une allégorie de ce qui se passe au quotidien sur notre bonne vieille terre.

« Toute coïncidence avec des événements passés ne serait que purement fortuite »

Yvon Ollivier

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