Depuis quelques temps nous vient le sentiment d’une descente aux enfers pour la société française, devenue la proie des extrêmes.
Qu’est ce qui maintient unie une société ? Une large classe moyenne qui partage les valeurs démocratiques malgré des désaccords naturels. Ce qui réunit, comme la possibilité de pouvoir débattre librement et d’exprimer des désaccords, est plus fort que ce qui divise.
Mais tout a changé. L’espace politique se polarise sur la confrontation entre deux blocs irréconciliables qui se nourrissent l’un de l’autre. L’extrême gauche contre l’extrême droite nationaliste. Les « antifa » contre les nationalistes français. La pensée multiculturelle contre la pensée nationale et traditionnelle.
Les deux camps se livrent une lutte à mort puisqu’il n’y a pas de paix concevable entre ceux qui défendent l’immigration, l’islam et les autres qui y voient la fin de l’identité française et de ses valeurs.
Les peurs l’emportent. La pensée « des assiégés », que partageaient les pieds-noirs avant la fin de l’Algérie française, emporte les esprits qui se tournent massivement vers l’extrême droite. Ajoutons à cela, la pression démographique appelée à s’intensifier encore, et la peur de la délinquance, nous avons tous les ingrédients d’une grande conflagration.
Les forces de modération auraient tendance à déserter le champ de bataille, dégoutées par la politique.
Les récents événements de Crepol, où la justice s’est pourtant montrée très réactive, a donné lieu à des marches militaires de l’extrême droite. Est-ce bien là notre avenir ?
Du côté des populations privilégiées de métropoles, naturellement ouvertes à la pensée multiculturelle, on jette de l’huile sur le feu. Comment comprendre la décision de l’agglomération nantaise de ne plus célébrer noël mais l’hiver, sauf à considérer la volonté de faire un appel du pied à certaines clientèles. Avant Noël unifiait, créait du bien-être. Désormais Noël divise. Qu’avons-nous gagné au passage ? Un champ de bataille de plus.
La laïcité devait nous réunir. Voici qu’elle est remise en cause aujourd’hui et de manière brutale. Elle n’officie plus comme vecteur de lien.
Quelles forces pourraient aujourd’hui faire office de pôle modérateur et source de lien ? Il me semble que l’on devrait regarder du côté des vieux peuples périphériques, comme la Bretagne, la Corse, l’Occitanie, le Pays Basque et tous les autres pays où le lien social veut encore dire quelque chose.
Si l’on a construit la nation France sur la mort des vieux peuples, comme le soulignait Michel Rocard en son temps, il est temps de considérer que nous n’avons fait que renforcer le mal être général et les inégalités entre le centre et les périphéries.
C’est tout l’enjeu de l’autonomie à conquérir pour nos vieux peuples périphériques aujourd’hui et notamment pour la Bretagne.
L’autonomie pour nos vieux peuples ne signifie pas la fin de la France, mais la fin de la France autocentrée, parisienne, colonisatrice, certaine de sa supériorité civilisationnelle et tellement méprisante.
L’autonomie signifie le partage de la souveraineté. Je ne connais rien de pire que la souveraineté absolue à qui nous devons la plus grande part des malheurs du monde.
Yvon OLLIVIER
auteur