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Billet de blog 2 avril 2022

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Un admirable film, « Retour à Reims » critiquant le capitalisme

Vient de sortir un film admirable « Retour à Reims », de J.-G. Périot. Il dénonce le capitalisme en lui-même, travers son histoire désastreuse évoquée concrètement sur le plan humain. Mais il rappelle aussi l’abandon de sa critique et de son projet de le dépasser, dans la période qui remonte à Mitterrand. Seul le PCF échappe à cette critique, à juste tire selon moi.

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                            Un admirable film critiquant le capitalisme

Le film Retour à Reims, inspiré du livre éponyme de Didier Eribon, est admirable dans son registre et il ne constitue pas seulement « un éloge de la classe ouvrière »  comme l’a dit Le Monde- – même si les dérapages racistes de celle-ci, dans un contexte social donné, y sont montrés –, ni une simple « histoire intime de la classe ouvrière » comme l’a indiqué L’Humanité – même si c’est cela aussi. En réalité, ce film est plus profond que ces jugements n’en disent, et je voudrais le montrer en quelques points.

1 C’est d’abord l’évocation de la réalité désastreuse de la classe ouvrière en régime capitaliste, y compris au 20ème siècle : exploitation, chômage, conditions concrètes de travail abominables, conditions aussi de vie, y compris familiales ou de couple, très pénibles, habitat lamentable, aliénation de l’individualité dans les classes populaires, même quand elle s’ignore, renforcée par la ségrégation scolaire,  etc.. J’en passe et des plus malheureuses, qui ont été expliquées  par Bourdieu, dont Eribon fut le disciple théorique. Beaucoup de films, aujourd’hui, évoquent-t-ils cela, qui demeure dans notre présent, quoi qu’on on en dise ?

2 C’est aussi l’histoire d’un espoir d’y mettre fin à travers un socialisme incarné surtout par le Parti communiste, qui fut fort durant une longue période, mais que le PS a pu aussi être le ressort idéologique un temps, en particulier lorsque Mitterrand pris le pouvoir sur cette base, avant qu’il ne la trahisse, en 1983, au nom d’une Europe mythique.

3 De ce point de vue, c’est le constat lucide d’un abandon par le PS de son idéal socialiste, qui fut bien une catastrophe politique et idéologique, qui s’est traduite ensuite, sous prétexte de la chute du « socialisme » soviétique, par son ralliement au libéralisme économique, sous Hollande et à travers  son ministre de l’économie Macron, qui en est la preuve aujourd’hui.

4 Le film, lucidement, nous explique pourquoi le populisme social et anti-immigrés du FN est en train de séduire les classes populaires, du fait que celles-ci sont confrontées à des conditions de vie de plus en plus détestables, qui les opposent aux immigrés et à la violence sociale dans les quartiers, qui n’est pas le seul fait de ces immigrés mais la conséquence de la misère sociale globale due au capitalisme lui-même, que notre gouvernement ne cesse de servir. C’est pourquoi il en ressort clairement que c’est à la gauche dans son ensemble de retrouver sa vocation qui est celle de défendre en priorité la situation de ces classes populaires, par le recours aux fondamentaux du socialisme (ou du communisme), dont la collectivisation des grands moyens de production, à savoir leur nationalisation et leur soustraction à la recherche du profit pour une minorité de privilégiés, fait fondamentalement partie.

5 On aura compris que ce film, à travers son talent d’exploiter des archives cinématographiques très émouvantes, milite très courageusement pour un avenir post-capitaliste intégral, pour une autre civilisation donc, à savoir communiste, et c’est pourquoi  je suis convaincu qu’il faut voter dans ce sens aux prochaines élections.

                                                  Yvon Quiniou, philosophe engagé et amoureux du cinéma.

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