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Billet de blog 3 mars 2024

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L'effarant aveuglement devant Navalny

La manière dont le cas Navalny est traité par la majorité de la presse est scandaleuse. Elle passe sous silence tous les défauts de ce personnage qui a été d'extrême-droite, raciste et nationaliste, même s'il a changé après, pour se convertir au libéralisme à l'américaine. Décidément les médias sont de plus en plus dépourvus d'esprit critique! Pauvre époque!

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                                             L’effarant aveuglement devant Navalny 

Décidément le monde politique occidental devient aveugle devant ce qui se passe hors de lui et cela commence par sa presse. C’est ainsi qu’un journal que j’estime pour une part, Ouest-France pour ne pas le cacher, vient de consacrer en partie sa Une, hier, à l’enterrement du dissident russe Navalny et du soutien (minoritaire) qui lui a été manifesté dans son pays, en rejetant dans un article intérieur plus modeste l’information sur le terrible carnage de Gaza qui vient de se produire. Et le Monde a été comparable dans cet inégal et injuste traitement de l’actualité dans ses deux récentes éditions. Le seul journal qui ait fait honneur à la presse, ce fut Marianne par l’intermédiaire de son chroniqueur Jack Dion qui a osé - eh oui, « osé » - et manifesté le courage de dénoncer les défauts de ce personnage politique russe, dans son article de cette semaine. Il y a même rajouté une comparaison avec le silence médiatique scandaleux dont fait l’objet, par opposition, le dissident progressiste Julian Assange, enfermé dans une prison en Grande-Bretagne , où il souffre, voire périt doucement, pour avoir dénoncé  des crimes de guerre opérés par les Etats-Unis, où il risque d’être extradé et d’être emprisonné très lourdement. Personne ne s’en révolte !

Mais pour revenir à Navalny et sans excuser en quoi que ce soit les condition mortifères de son emprisonnement, il convient de rappeler l’étonnante, voire détestable figure politique qu’il a été longtemps, avec des fluctuations curieuses. Je me fie ici à ce que j’en ai lu dans Wikipédia sur Internet, site auquel on peut faire confiance, d’autant plus que les rubriques complémentaires portant sur Navalny vont rigoureusement dans le même sens. Or voici ce qu’on apprend sur ce candidat à des élections dans son pays (ce qui prouve d’ailleurs que la Russie actuelle n’est pas une « dictature ») : il a appartenu à des milieux et courants nationalistes, xénophobes et autoritaires - quitte à s’en repentir plus ou moins sur le tard, apparemment en tout cas, au profit d’un libéralisme économique de type américain ; il a été aussi partisan d’une lutte contre l’immigration, préconisant l’expulsion des étrangers ; il a même professé un racisme anti-musulman, traitant les musulmans, dans une déclaration publique, de « cafards qui doivent être tués à la pelle » (je cite, on peut vérifier). A quoi il faut ajouter qu’il a adhéré un temps au mouvement de « la grande Russie » et pris parti pour l’extrême-droite, et son évolution politique, déjà signalée, l’a amené à valoriser l’Europe et l’OTAN, alors que celle-ci en fait une alliée et un instrument de l’impérialisme des Etats-Unis. Je laisse de coté des affaires financières auxquelles il aurait été mêlé en tant qu’avocat et en liaison avec l’homme d’affaires français, Yves Rocher, qui est n’est pas claire.

Voilà donc comment la presse et le monde politique se comportent vis-à-vis de ce qui se passe en Russie ou ex-URRS (voire mon précédent billet à ce sujet)… comme d’ailleurs à l’égard de ce qu’est et  ce que fait la Chine : bien des amis à moi, dont Tony Andréani, philosophe et ex-professeur de sciences politiques à Paris VIII, partagent mon diagnostic critique à ce sujet, alors que sommes dans une soit disant « démocratie  libérale ou républicaine » qui ne cesse d’embobiner les esprits et récuse l’esprit critique, distinct de l’esprit idéologique de critique. Triste Occident !

                                                              Yvon Quiniou

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