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Billet de blog 8 mars 2024

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Macron: ses mots sont des maux!

Macron vient d'ouvrir la perspective d'un engagement en Ukraine, contre la Russie. C'est une décision lamentable appuyée sur des analyses injustifiées concernant la Russie et reprises par les médias aux ordres. Il oublie que l'URSS a contribué largement à la défaite du nazisme et qu'elle ne veut pas envahir l'Occident. Ses propos relèvent d'une immoralité politique flagrante!

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                                                 Macron : ses mots sont des maux !  

Les dernières déclarations verbales de Macron sur la perspective d’un engagement direct de la France contre la Russie dans le conflit ukrainien, sont proprement lamentables et même scandaleuses au sens moral de ce terme, que j’assume pleinement. D’autant plus qu’elles s’accompagnent d’analyses inexactes, voire délirantes, que certains médias « aux ordres » répercutent sans le moindre recul critique, y compris l’émission « C dans l’air » (France 5) qui faillit à son honnêteté habituelle ces temps-ci et dont je vais aussi  viser le discours actuel!

Ainsi Macron, face au conflit en Ukraine, projette une initiative guerrière dans ce pays pour fait face au conflit que lui livrerait la Russie. Il oublie que celle-ci, quand elle était l’URSS, a été démantelée par l’Occident sous l’emprise d’une identification erronée à un communisme qui n’était pas celui de Marx, mais qui était au moins anti-capitaliste, comme elle a combattu le nazisme, victorieusement, au prix de trois millions de victimes. La comparaison qui a été faite à plusieurs reprises dans l’émission de la 5 avec le traité provisoire et tactique de Munich, en 1938, entre l’Allemagne et l’URSS ne tient pas. Non seulement à cause de son aspect tactique inexistant aujourd’hui, mais surtout à cause du fait que la Russie actuelle, malgré ses défauts, n’a rien à voir avec un régime nazi raciste et dictatorial : cette comparaison, destinée à déconsidérer ce pays, est indigne d’une intelligence honnête !  La Russie, quoi qu’on en dise mensongèrement (j’en ai parlé ici même) est une régime formellement démocratique mais autoritaire et donc avec des limites de fait incontestables quand il s'agit de la juger. Mais les USA sont-ils, par comparaison, un régime pleinement démocratique, quand on voit le poids de l’argent capitaliste dominer son régime électoral au détriment de la représentation possible des intérêts de ses classes populaires ?

A quoi s’ajoute une accusation, qui est celle de Macron et qui est tout aussi malhonnête, à savoir que la Russie menacerait l’Occident sur un plan guerrier et impérialiste, et qu’il faudrait donc l’en empêcher en étant présent militairement en Ukraine. C’est là un fantasme incompréhensible, sauf à donner à son expression publique une arrière-pensée tactique politique. Macron est en très grande difficulté politiquement, vu son tournant socialement à droite et louchant vers l’extrême-droite montante de Le Pen. Il entend donc jouer la carte d‘un nationalisme populiste, dans la perspective des élections européennes en particulier, pour la concurrencer sur le terrain du thème de la nation, avec un nationalisme guerrier qui oublie tout ce que sa politique économique fait de mal à cette même nation - entendons : au peuple qui la constitue et ce au profit des milliardaires dont la richesse s‘accroît à un niveau rare en France depuis longtemps, au détriment des pauvres mais aussi des classes  moyennes ! A quoi s’ajoute,en arrière plan, le souci de contrer le curieux soutien de Le Pen à cette même Russie, qui le dessert dans sa  démarche visant à la déconsidérer en vue des Européennes : la "menace Le Pen", réelle malheureusement, doit être contrée autrement, par une politique sociale généreuse, en particulier, qui n'est pas sa motivation première tant il est obsédé par la finance et l'économisme!

On voit donc que sa perspective officiellement déclarée d’une offensive française en Ukraine relève la  fois d’une mécompréhension des régimes politiques existant en Europe, dont il ne veut pas voir leur asservissement aux Etats-Unis via  l’OTAN,  et d’une stratégie anticipée de guerre, au moins proclamée, qui serait une abomination humaine pour ceux qui devraient y participer et qui concurrencerait, croit-il, un nationalisme populaire d’extrême-droite. Serait-il le premier à y aller ? On peut sans hésiter en douter.

C’est pourquoi tous ces mots qu’il a utilisés pour exprimer sa position - heureusement largement minoritaire dans la classe politique française et européenne - relèvent d’une immoralité pratique étonnante quand on sait qu’il été l’assistant de Paul Ricœur, ce chrétien socialiste adepte de la morale. Oui, ces mots sont, au sens fort de l’expression qui suit, des maux dont  il semble être l’adepte en les préconisant ! Non donc à Macron, une nouvelle fois, au nom de l’indispensable, voire impérative, morale en politique !

                                                                      Yvon Quiniou

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