Législatives : le succès du NVP, non seulement « contre » mais « pour » !
Le succès évident du « Nouveau Front Populaire » qui le place en tête des groupes au Parlement et rouvre un espoir politique à gauche - et ce malgré des médias insupportablement partisans - doit être bien compris et entendu, sous peine d’entraver l’avenir. Car il ne s’agit pas seulement d’un vote contre le Rassemblement national, quelle que soit l’importance de cet aspect, avec sa réduction à une troisième place qui a affaibli considérablement son importance et donc son impact sur la politique française à venir. Et j’y insiste cependant d’emblée : il fallait empêcher ce parti de nuire, ne serait-ce que potentiellement mais aussi par son image publique qui cache ce qu’il est : une organisation aux racines racistes, hostile systématiquement aux immigrés, même légaux, professant un nationalisme identitaire exacerbé, voire belliqueux, très différent d’une revendication légitime d’indépendance politique de la nation par rapport aux pressions d’un capitalisme transnational et européen ; enfin un parti dont le projet clairement capitaliste tend à nuire, sans le dire, aux milieux populaires qu’il berne, tout simplement, car il défend les intérêts d’une bourgeoisie (voire d’une aristocratie) d’affaires (ou terrienne) - on a pu s’en rendre compte avec le ralliement intéressé de diverses fractions de notre administration publique ou privée que la presse de gauche a su révéler. Il fallait donc le combattre aussi pour le soubassement économique de son programme, en se rappelant cette affirmation magnifique de Bertolt Brecht que l’on m’a communiquée : « Comment dire la vérité sur le fascisme, dont on se déclare l’adversaire, si l’on ne veut rien dire contre le capitalisme, qui l’engendre ? »
D’où, automatiquement et en bonne logique, cette idée importante que soutenir le NVP c’est aussi soutenir un projet pour une tout autre politique favorable à la grande majorité et portant sur sept points ou axes de réformes, que j’indique à ma manière : l’augmentation du Smic et celle, inverse, de l’impôt sur les grandes fortunes avec la diminution des inégalités qui s’ensuit, la réduction de l’âge du départ à la retraite, la défense et la revalorisation des services publics comme ceux de la santé et de l’école, la défense renforcée de l’idéal laïque menacé par le retour du religieux parfois le plus délirant, la modification de notre dépendance vis-à-vis d’une Europe trop libérale, l’amélioration, enfin, du statut des immigrés légaux. A quoi on peut ajouter une inflexion importante de notre politique étrangère échappant à l’influence impérialiste mondiale des Etats-Unis et soutenant franchement la cause palestinienne avec sa revendication d’un Etat ou, encore, manifestant sa sympathie concrète, à l’échelle mondiale, pour le « Sud global » et les pays sous-développés..
On voit alors à quel point nous sommes en présence d’un projet de progrès rigoureusement social, habité par le souci moral, il faut le dire, d’une vie plus humaine pour beaucoup et mettant en œuvre une orientation clairement anti-capitaliste, s’en prenant à cette « détresse réelle » du peuple que le capitalisme engendre et que Marx dénonçait déjà il y a longtemps. Or celle-ci connaît chez nous un rebond dramatique aux multiples formes inédites, proprement insupportables, comme la violence au quotidien, et pas seulement dans les quartiers pauvres, l’anxiété des jeunes, la crise de l’éducation avec sa « déculturation », les drames familiaux, etc.… tout ce dont nos dirigeants récents n’ont cure parce qu’ils en sont épargnés, alors qu’ils en sont aussi la cause, précisément, par leur indifférence inhumaine ! C’est donc aussi pour un nouvel humanisme pratique en politique que beaucoup de français ont pris parti désormais en votant pour le NVP.
Yvon Quiniou