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Billet de blog 8 octobre 2015

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L'insupportable Eglise catholique,

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L’insupportable Eglise catholique 

Nous croyions avoir avec le pape François un signe de véritable renouveau de l’Eglise catholique dans le domaine des mœurs, sur lesquelles elle prétend légiférer au nom d’une prétendue révélation divine depuis des siècles. Et le même pape, voyageant en Amérique, venait apparemment de donner des gages d’ouverture et de sollicitude en direction des pauvres et des marginaux.

 Et puis, patatras, il revient à Rome pour présider un synode sur la famille, et le voilà qu’il réaffirme le caractère indissoluble du mariage devant Dieu (au fait : quel Dieu ?) et qu’il condamne l’homosexualité dont les actes sont « intrinsèquement désordonnés » (Le Monde  du 6 octobre, p. 3). Plus : il a réaffirmé le caractère fondamentalement « naturel » de la différence homme/femme, oubliant tout ce qui a pu être dit sur la bi-sexualité humaine par Freud, il a condamné le mariage homosexuel et a préconisé aux « gays » (ou aux lesbiennes, je suppose) « l’abstinence ». Facile à dire, moins à faire, quand on apprend ce qui se passe dans cette même Eglise. Un prêtre polonais homosexuel a créé le scandale en déclarant, la veille de ce synode, son homosexualité et, surtout, en dénonçant la souffrance qu’il avait constamment éprouvée au sein de cette Eglise du fait de son orientation sexuelle. Plus : il dénonce avec un courage et une lucidité rares l’hypocrisie de cette Eglise qui est à la fois homophobe et largement homosexuelle, déniant et refoulant dans son discours officiel et faussement moralisateur l’orientation sexuelle de ses membres. A quoi l’on pourrait ajouter le transfert, dans la pédophilie de nombreux prêtres, unanimement reconnue et condamnée, de cette sexualité refoulée.

Mais le procès de l’Eglise catholique dans ce domaine (les protestants y échappent, acceptant normalement le mariage des prêtres) ne doit pas s’arrêter là. Il doit viser son hypocrisie en quelque sorte sadique, à l’instant même où elle paraît faire preuve de générosité, de charité  ou de miséricorde (j’emploie ses termes). Elle prétend s’ouvrir à ceux qui échappent à ses codes « moraux » (moraux selon elle) absurdes. Or elle le fait d’une manière sournoise et, à nouveau, hypocrite. Les divorcés seront « pardonnés » mais ils auront cependant « pêché » : belle manière de les délivrer du divorce en faisant peser sur eux une culpabilité définitive de l’ordre du « pêché » ! Et jusqu'à preuve du contraire (le synode doit trancher), ils ne pourront recevoir les sacrements de l’Eglise. Drôle de pardon, en vérité !

Derrière tout cela, qu’y a-t-il ? Une véritable culpabilisation de l’homme à l’égard de sa sexualité, un refus de sa « nature », à savoir de sa libido, qui lui inhérente, et de la sphère merveilleuse du désir sexuel comme de son accomplissement. Nietzsche  avait déjà  fait admirablement le procès de cette vision religieuse de la sexualité : « Le sexe était pur, le Christ (= dans ce cas, le christianisme : Nietzsche respectait le Christ) l’a rendu vicieux ». Il faut poursuivre inlassablement cette critique du christianisme dans son rapport malsain et morbide à la sexualité humaine (comme celle des autres religions, dans d’autres domaines) : c’est de la misanthropie et elle est en plus, si l’on se place de son point de vue, absurde. Si Dieu a doté de l’homme d’organes sexuels, c’est bien pour qu’il s’en serve, et non seulement pour la procréation ! Pour qu’il en jouisse, tout simplement. L’Eglise catholique ne serait-elle pas non seulement misanthrope, niant l’homme tel que Dieu l’a créé, mais hostile à sa bonté souveraine qui le voue au bonheur, qu’elle ne cesse d’affirmer ?

                                                                              Yvon Quinou

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