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Billet de blog 12 mai 2015

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Quelle guerre idéologique contre l'islam?

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Réponse à M. Walzer

Le Monde (du 8 mai) a eu absolument raison de donner récemment la parole à M. Walzer à propos de l’islam et du chantage à l’islamophobie qui sévit à gauche, y compris au PCF dont je partage par ailleurs les convictions. Mais il commet une erreur de taille – je répète : de taille – quand il prétend sauvegarder « l’islam lui-même » de la critique  qui viserait seulement sa version fanatique. Il commet là une erreur intellectuelle énorme, comme s’il cédait lui-même à la crainte d’être traité d’islamophobe. Je m’explique une nouvelle fois sur ce blog, malgré les réactions hostiles dont j'ai fait l'objet.

Il se trouve que, mêlé à ces querelles essentiellement politiques, j’ai lu le Coran dans une version fiable, celle de La Pléiade et j’en ai déduit cela, qui est parfaitement objectif et fidèle rigoureusement au texte : la base doctrinale de l’islam est fondamentalement violente,  non par accident ou du fait d’une interprétation arbitraire, mais par simple lecture de son texte. Démonstration : le Dieu, Jahvé, est  d’abord un objet de crainte et non d’amour, comme dans le christianisme, ce qui est d’emblée un acte de violence exercé sur le fidèle à travers la foi. Mais surtout, il y a ce qui s’ensuit, et que je résume. L’amour préconisé par le Coran est réduit à pas grand chose, comme l’aumône légale à l’égard des pauvres ou certains devoirs familiaux ; et surtout il ne doit s’exercer qu’à l’intérieur de l’ouma, à savoir la communauté des croyants. A l’extérieur, c’est l’exclusion qui sévit : la haine ou l’appel au meurtre de l’infidèle ou de l’incroyant. C’est ainsi qu’une sourate dit que si un pays musulman a un pays limitrophe qui n’est pas musulman, il représente une menace pour le pays musulman : celui-ci doit – je dis bien doit – l’envahir pour le convertir et, si ses habitants refusent la conversion, on doit les tuer. Seront épargnés les juifs et les chrétiens parce qu’ils se réfèrent à la même Religion du Livre saint, la Bible. C’est le fondement théologique du djihad, entendu non comme effort sur soi comme le veulent certains qui versent dans l’angélisme, mais comme effort guerrier contre ceux qui ne croient pas et portent ainsi atteinte à la foi musulmane. Autre exemple, qui renvoie à l’époque mais n’en est pas moins significatif : le rapport au polythéisme. Un pacte de trois mois est conclu, selon lequel on va tenter de convaincre les infidèles d’adhérer à la religion, musulmane. Si cela échoue, les polythéistes seront massacrés ou voués à la géhenne, l’enfer des musulmans où l’on ne meurt pas, mais où l’on souffre toujours ! Il y a bien là une cruauté et, dans ce cas, un expansionnisme de cette religion (comme il y a eu une cruauté et  un expansionnisme chrétiens au Moyen-Age), qu’il faut combattre parce qu’il porte atteinte à la personne humaine et qu’il nie son libre arbitre.

On pourrait multiplier les exemples dans le domaine des mœurs avec l’inégalité homme/femme, fondamentalement proclamée, ou celui de la sexualité. Mais c’est surtout dans le domaine moral autant que politique qu’une critique intransigeante de l’islam, telle que la réclame Walzer, s’impose aux partis de gauche et, plus largement, aux citoyens républicains, hors de tout calcul politique électoraliste. Car l’islam ne reconnaît pas l’autonomie de l’homme dans l’ordre de l’énonciation des normes, que celles-ci concernent la vie personnelle, la morale interindividuelle ou l’organisation sociale et politique de la Cité. Cela est insupportable et c’est pourquoi, récemment, un islamologue et homme de science, Ghaleb Bencheik, a pu justement exiger, dans un dossier de L’Humanité (le 22 avril), que l’islam récuse définitivement ce qu’il a appelé la « juridisation de la révélation ». Et c’est pourquoi aussi, le regretté Meddeb, grand intellectuel d’origine tunisienne mais athée, auquel j'ai rendu hommage ici, avait pu déclarer que « l’islamisme est une maladie de l’islam » mais que « ses germes sont dans le texte ». Et il avait ajouté que celui-ci posait « la question théorique de sa violence », sans craindre d’être traité d’islamophobe, lui homme éminemment progressiste ! Et que l'on ne me dise pas qu'il faut contextualiser l'islam: on peut contextualiser une oeuvre théorique ou littéraire, une idéologie, et relativiser du coup leur messages, mais, et je parle ici du point de vue des croyants, comment contextualiser une Révélation divine qui se donne pour une vérité absolue en raison de son origine transcendante? Ou alors il faut en faire une production humaine soumise à l'histoire, comme que je le pense. Mais ce n'est plus alors une religion mais une illusion ou une idéologie.

Tout cela ne contredit pas mais complète ce que dit Walzer : il faut avoir le courage d’oser une critique rationaliste de l’islam, dans ses fondements doctrinaux, comme on a pu dénoncer le christianisme historique alimentant les guerres de religion, et ne pas céder à la pression d’une certaine gauche, irresponsable et infantile qui, sous prétexte que le monde musulman serait opprimé par l’Occident (ce qui est vrai), nous demande d’accepter ses croyances mortifères et de ne pas trop dénoncer ses comportements actuels, qui le sont tout autant.

                                                                          Yvon Quiniou

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