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Billet de blog 16 octobre 2022

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L'insupportable hostilité de l'Occident à la Chine

Le congrès du PC chinois est l'occasion d'un déferlement de haine à l'égard de la Chine dans les médias dominants, qui est sans fondement. Je voudrais le montrer en opposant à l'objectivité de "L'Humanité", un propos désolant paru dans "Le Monde" qui réduit la Chine à un régime totalitaire, oubliant tous ses acquis économiques et surtout sociaux.

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L’insupportable hostilité de l’Occident à la Chine 

Le Congrès  du PC chinois est l’occasion de lire dans la presse un florilège d’injures et mensonges à égard de ce régime, qui ne sont pas dignes de ceux qui les profèrent. J’en ai déjà parlé sur ce blog en m’appuyant sur les travaux de Tony Andréani, ancien directeur du département des sciences politiques de PARIS VIII et qui ne saurait être accusé de partialité et d’ignorance. Si j’y reviens ce jour, c’est que je peux comparer ce qui se dit ici ou là.

Par exemple, « L’Humanité » vient de consacrer ce week-end un article, lui honnête et positif,  qui n’a rien d’un panégyrique pourtant, mais qui reconnaît au moins l’immense effort de l’Etat chinois en faveur d’un développement économique très important, devant profiter et profitant déjà à la grande majorité de la  population et ayant déjà supprimé la grande pauvreté dans une population immense.  Sans compter l’existence d’une classe moyenne de 400 à 600 millions d’habitants vivant bien et le projet d’un « socialisme à la Chinoise » visant a faire accéder le peuple à une « aisance décente ». S’y ajoutent un effort pour l’éducation, qui fait du régime américain, par comparaison, un régime honteux et ridicule,.et toute une série d’acquis sociaux. Enfin, la Chine a une politique étrangère marquée par « l’unilatéralisme », à savoir le refus radical d’imposer son modèle politique ; elle a des échanges économiques avec nombre de pays sous-développés, ce qui n’a rien à voir avec un quelconque impérialisme  politique et économique, celui-là même que l’Occident pratique sous la bannière des Etats-Unis, sans faire sourciller la presse dominante. J’ajoute, mais c’est un autre problème, que la présence d’un capitalisme en Chine, étranger ou autochtone, est dominée par l’Etat, alors que chez nous c’est le capitalisme qui domine l’Etat. Et que ceux qui me trouveraient excessivement partisan, écoutent une interview remarquable lucidité de Bruno Guigue – normalien, Énarque, haut-fonctionnaire, puis sous-préfet en région éliminé par Macron ! Il s‘est reconverti dans la philosophie politique en s’intéressant en particulier, donc, à la Chine, dans laquelle il voit un « Etat socialiste » aux multiples avantages progressistes.

Cela n’empêche pas, et c’est mon cas, de s’interroger sur le type de régime politique qu’on rencontre en Chine et sur la forme de démocratie populaire qu’on y trouve. Je ne veux pas lancer le débat ici – pourtant important – mais il me paraît indispensable de refuser l’accusation de « dictature » ou de « totalitarisme » qu’on lance sans réfléchir à ce pouvoir. C’est ainsi que j’ai pu lire dans Le Monde, sous la plume de Frédéric Lemaître, que nous étions en présence « d’un pays totalitaire qui n’hésite pas à transformer ses mégapoles immenses prisons » (le 11 Octobre, p. 6)…. rien que cela ! oubliant qu’une très  large partie de la population soutient ce régime pour ses acquis sociaux. Non, c’est de parti  « autoritaire » que l’on doit parler éventuellement, même si ses procédures de fonctionnement, avec 95 millions d’adhérents tout de même, peuvent susciter la critique de ceux qui ne supportent pas que l’on veuille éduquer le peuple dans le sens d’une éthique ou d’un morale centrée à terme sur la justice sociale pour tous. Je rappelle seulement que le philosophe politique italien Gramsci voulait que l’Etat, dans sa perspective communiste, façonne « un sen commun de masse » porteur d’émancipation ! Et à l’inverse, j’aimerais qu’on réfléchisse critiquement au fait que nos démocraties occidentales, formelles et libérales, masquent souvent un totalitarisme doux mais réel, au prix d’un conditionnement idéologique des consciences qui m’est insupportable car il ne laisse pas de place à l’esprit critique, facteur de liberté. Sans compter qu’elles ont soutenu ou soutiennent encore les pires régimes totalitaires : suivez mon regard dans le passé avec Franco ou Pinochet et, dans le présent, avec ce qui se passe en Hongrie, en Pologne et en Italie ! Et je voudrais qu’on ait conscience que l’arrière-fond philosophique de ce conditionnement idéologique repose sur une conception d’un homme individuel et égoïste, soustrait aux déterminismes sociaux et en concurrence impitoyable avec les autres individus : où est la démocratie dans son sens noble ici ? Pour ceux qui douteraient ici de ce que je dis, qu’ils lisent le livre-programme de Macron, Révolution.

Conclusion : il serait bon qu’on appréhende la Chine avec un peu de sympathie humaine et qu’on cesse de faire de la haine à son égard un argument de propagande capitaliste !

Yvon Quiniou  Dernier ouvrage paru, avec Nikos Foufas : La possibilité du communisme (L’Harmattan), qui réfléchit aussi sur la Chine comme une ouverture possible sur un avenir souhaitable.

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