L’amoralisme accentué et délirant de Macron
Décidément, la politique menée par Macron se révèle de plus en plus amorale, abandonnée par toute exigence morale visant les être humains et donc, du coup, affectée par une immoralité réelle qui a l’art de se dissimuler derrière son amoralisme. Car il faut d’emblée le dire ou le répéter, il apparaît de plus en plus comme le tenant de trois obsessions, au moins : 1 Un productivisme outrancier qui se traduit par une adhésion a-critique au libre-échange libéral mondialisé et favorisé par l’Union européenne, sans recul critique pour ce modèle venu des Etats-Unis. 2 Un refus de réduire les inégalités sociales en France, qui vont croissant, et qui est impliqué par le traitement de faveur scandaleux dont bénéficient les riches, en l’occurrence les milliardaires, et les entreprises privées au détriment des services publics (santé, Ecole, transports, etc.). 3 Une obsession de la carrière internationale, avec des embardées comme celles sur l’Ukraine (livraisons d’armes, menace d’intervention) qui montrent à quel point il fait de la politique à partir d’une motivation individualiste et égoïste, qui ignore le souci du bien public, que certains de ses propos en interne, comme ceux sur Depardieu, l’ont aussi montré à un autre niveau. Quelle trahison par rapport à l’héritage d’un Ricœur qu’il a connu et qui avait une conception de la politique strictement opposée à la sienne et profondément estimable (je le relis ces temps-ci : voir son Autobiographie et son dialogue avec J.-P. Changeux, La Nature et la règle).
Tout cela pour mieux cadrer le comportement de son gouvernement, dont il commande l’orientation, à propos du drame qui se passe en Nouvelle-Calédonie. Au moyen de diverses procédures visant à modifier le régime électoral de ses différentes populations (je passe sur le détail), il entend renforcer le poids (électoral donc) des Français de souche qui s’y sont installés et continuent de le faire, avec leur fortune et pour leur fortune : ce sont souvent des bourgeois capitalistes qui veulent profiter d’une main d’œuvre indigène peu chère ou du nickel abondant qu’on y trouve. A côté de cela, Macron n’a aucun souci de la réalité sociale de ces mêmes indigènes, les Kanaks, d’abord, et les Caldoches aussi, dont il faut connaître le statut socio-économique désastreux, dénoncé non seulement par la gauche authentique (Communistes et Insoumis) mais par un Média comme « C dans l’air » récemment, et occulté par le pouvoir et ses propres médias à lui, dont il accepte la domination par Bolloré. En résumant : un taux de chômage élevé, spécialement chez les jeunes et un niveau de vie global lamentable. Un chiffre : les 10/100 les plus modestes ont un revenu 8 fois inférieur à celui des plus aisés, venus d’ailleurs, et la pauvreté chez les autochtones est générale! Et l’accès à la formation chez les jeunes, garantissant un emploi à venir, y est scandaleusement insuffisant. Bref, nous sommes dans une situation néo-coloniale à laquelle notre Président ne veut pas mettre fin, si tant est qu’il en ait conscience et s’en indigne.
On ajoutera à ce constat critique, mais exact, d’autres comportements qui le tirent vers la droite de plus en plus, comme s’il tenait à concurrencer le Rassemblement national sur son propre terrain. Par exemple ses pressions sur la radio publique comme France-Inter, dont les commentateurs « libres » ou proches de la gauche sont menacés d’éviction (voir le cas de Adèle van Reeth entre autres) ; ou encore celui du PDG de la SNCF depuis 2019, qui va être évincé de son poste pour avoir négocié positivement avec les syndicats une meilleure fin de carrière ! Et je ne reviendrai pas sur les nominations à leur poste de ministres dont la dignité républicaine n’était pas évidente ! A quoi on ajoutera une manière d’abandonner, sous l’influence de l’Europe, la cause écologique qui est pourtant essentielle pour le devenir de l’humanité ! Et enfin, note finale désespérante à un niveau rare et ce pour beaucoup, un climat de violence que je n’ai jamais connu : violence dans les quartiers populaires liées aux trafics de drogue, accompagnées de crimes, incivilités grandissantes, conflits religieux liés aussi à une intégration des immigrés mal gérée, violences familiales et sexuelles qui paraissent inédites et qui touchent divers milieux, y compris au plus haut niveau, anxiété grandissante chez beaucoup, y compris les jeunes, etc. Tout cela traduit bien une absence radicale de projet humain digne de ce nom, qui renforce, il est vrai, une pareille absence chez les socialistes au pouvoir avant lui et dont il vient. Pour la première fois on a l’impression qu’aucun signe de progrès humain dans l’avenir ne s’annonce et que c’est la régression tous azimuts qui nous attend.
Conclusion : notre technocrate au pouvoir mène une politique moralement indigne !
Yvon Quiniou