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Billet de blog 17 décembre 2024

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Grand tour : un grand film !

Le film "Grand tour" du cinéaste portugais Miguel Gomes est un chef-d'oeuvre qu'il faut voir. tant pour sa forme fluide, malgré ses discontinuités, et fascinante, que pour son contenu. C'est l'histoire d'un homme qui fuit sa fiancée au Moyen-Orient alors qu'il doit l'épouser, et celle de cette femme qui veut le rejoindre et ne désespère pas de le retrouver. Ah l'amour!

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                                                      Grand tour : un grand film ! 

Texte corrigé

Je viens de voir et d’admirer le film  Grand tour  du cinéaste portugais Miguel Gomes. Etant donnée la baisse relative de la qualité du cinéma ces temps-ci, spécialement en Europe, par rapport à celui que j’ai connu autrefois en tant que cinéphile passionné, avec Antonioni, Fellini, Visconti en Italie, Resnais (voir L’année dernière à Marienbad), Duras, Godard et d’autres en France, etc.,  je tiens à souligner et à commenter, même rapidement, l’extrême qualité de ce film, qui est un chef-d’œuvre, après un film-dessin animé récent et français, tout aussi réussi, La plus précieuse des marchandises.

Il y a d’abord sa forme étonnante, faite de continuité et de discontinuité dans le récit pendant plus de deux heures, qui nous fascine et nous entraîne comme dans une rêverie poétique qui, à ce niveau, ressemblerait à Marienbad, sauf qu’elle s’étend dans toute une série de pays de l’Extrême - Orient, et non dans un seul lieu. A quoi s’ajoute son jeu étonnant des couleurs : un film en noir et blanc (eh oui !) pour l’aventure qui est ici racontée et qui produit un effet de réalité saisissant, entrecoupé de couleurs pour les fantasmes du personnage masculin.

Mais il y a tout autant son contenu, au service duquel la forme se met… car en art il n’y a pas de « pure forme ». C’est l’histoire dramatique et un peu énigmatique d’un homme qui,  ayant quitté l’Angleterre où vit sa fiancée qu’il est censé épouser, la fuit dans cet Extrême-Orient où elle se rend pour le rejoindre, alors qu’il l’aime et que, tout autant, elle l’aime, elle ! Situation psychologique qui, de son côté, demeure mystérieuse mais ne cesse de nous interroger en profondeur tout au long du film, avec son déséquilibre amoureux, apparemment, entre les deux personnages. D’autant que lui passe ou fuit d’un lieu ou d’un pays à un autre, fasciné par la nature exotique ou les villes tentaculaires où il se trouve successivement, et entrant en contact avec leurs habitants et leur culture religieuse qu’il ne comprend pas vraiment. Mais sa curiosité l’emporte, lui faisant oublier son drame intérieur, alors que la femme qui l’aime ne cesse de lui envoyer des télégrammes pour le retrouver, mais en vain, croyant toujours pouvoir le rejoindre. Je laisse le spectateur découvrir une fin à deux temps, qui ouvre une espèce de béance émouvante dans cette histoire ! Mais ce qu’il faut ajouter c‘est que les deux acteurs sont splendides physiquement, très expressifs psychologiquement, et que la femme témoigne d’un amour passionné continu, proprement captivant, refusant d’y renoncer.

On conclura en indiquant fortement que le cinéma à ce niveau d’alliance entre une forme et un contenu est l’équivalent d’une grande œuvre littéraire, en termes de style et de sens ! Le cinéma ici est bien le 7ème art et ce Grand  tour mérite impérativement le « détour » !

                                                              Yvon Quiniou

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