Le prétendu antisémitisme de Mélenchon
Les attaques contre Mélenchon au nom de son antisémitisme supposé sont totalement infondées et donc imaginaires. Elles sont motivées par un refus politique de l’alliance « Front populaire » et visent donc à la discréditer puisqu’il en fait partie et y joue un rôle important. Elles viennent des opposants à cette alliance, essentiellement du centre macronien, le FN, qui est lui antisémite, ne pouvant s’en mêler !
Sans vouloir revenir sur un long billet déjà lointain, je rappelle seulement que l’antisémitisme ne saurait ne saurait être un racisme puisqu’il n’y a pas de race « sémite » étant donné qu’il n’y a pas de races du tout ni d’inégalités entre elles, mais seulement des différences de couleur de peau et de culture. Il s’agit (voir les analyses de P.-A. Taguieff) d’une haine d’un peuple caractérisé par une religion critiquée par les chrétiens pour un motif théologique dogmatique d’abord (la mort ou le meurtre du Christ), haine qui en a profité pour naturaliser ce peuple en race pour mieux se déployer : procédé classique de la haine, qui durcit son objet, voire le réifie, pour mieux l’attaquer ! Enfin, le refus radical de l’antisémitisme ne saurait interdire la critique intellectuelle et morale de cette religion, comme de toutes les religions, et elle doit être accompagnée du droit reconnu à leur existence dès lors qu’elles respectent elles-mêmes les lois morales universelles portant sur les rapports interhumains. Et cela dans le prolongement de la critique irréligieuse qui est au cœur de toutes les grandes pensées, philosophiques en particulier, depuis Spinoza et la philosophie des Lumières qui a suivi, mais aussi sur la base des sciences humaines (voir les apports de Marx et Freud).
Ayant dit cela, j’insisterai sur deux choses par rapport à Mélenchon, idéologue et homme politique que j’estime - sans partager toutes ses options, dont sa complaisance parfois à l’égard de l’Islam. Mélenchon est un intellectuel de formation philosophique, particulièrement intelligent, très laïque au surplus, et à ce titre je le vois mal être animé par une quelconque haine raciste des juifs : il faut laisser cela aux idéologues, guère performant intellectuellement, de droite. D’ailleurs, je ne l’ai jamais entendu prononcer un quelconque jugement raciste sur les juifs et encore moins contre le droit à l’existence de l’Etat d’Israël. Ensuite, il est clair, tout autant, que sa position à l’égard d’Israël dans la guerre ignoble que ce pays mène contre les palestiniens, relève strictement ou seulement d’une position anti-sioniste parfaitement justifiée, donc contre la politique colonisatrice et guerrière d’un Etat politique. Ce qui n’empêche pas, au demeurant, dans la ligne philosophique irréligieuse que j’ai évoquée avec précaution, d’avoir le droit de désavouer la prétention d’un peuple à posséder un territoire sur la base de la croyance, totalement irrationnelle et déraisonnable, que Dieu la lui aurait attribuée, à lui seul. C’est mon cas que j’assume pleinement et qui rejoint d’autres critiques qu’il faut formuler tout autant contre d’autres religions, l’islamique ou l’hindouiste par exemple.
On aura compris, pour finir, que toute cette polémique est politiquement partisane, venant d’une classe politique qui se dit du centre mais qui est de droite et voit sa fin venir avec la victoire possible de la gauche prochainement. Gluksmann n’en est pas loin, hélas, car il alimente idiotement cette hostilité anti-gauche, même si c’est sur la base de ses convictions ou de ses origines religieuses, qui n’ont pas à intervenir ici.
Yvon Quiniou