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Billet de blog 23 juin 2024

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L'insoutenable partialité des médias

A l'approche des législatives, donc dans une situation grave pour notre peuple, les médias font preuve d'une partialité indigne contre le Front populaire. Ils l'assimilent sans raison à la seule France insoumise, tout en relayant les accusations infondée d'anti-sémitisme concernant Mélenchon pour mieux discréditer ce "Front". Ils trahissent ainsi, à ce niveau, leur devoir d'information objective.

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                                      L’insoutenable partialité anti-gauche des médias 

Je suis un lecteur assidu de la presse - je lis trois journaux par jour : Ouest-France, Le Monde, L’Humanité, j’écoute France-Inter et regarde « C dans l’air“, et je m’informe aussi auprès de Médiapart. C’est dire que ce que je vais dire ici n’est pas le fruit d’un analphabète en matière de médias et doit donc être entendu honnêtement. Or j’avoue ne plus « en pouvoir » face à la partialité de nombreux médias qui ne sont pas liés à un parti politique, car dans ce cas-là la partialité de l’engagement est de droit et assumée, même si de fait l’information doit être objective. Je vais donc en dénoncer quelques uns dans une conjoncture politique plutôt effrayante, sinon effroyable, et cela en ne cachant pas mon option de fond en faveur du « Front populaire ». Car c’est bien celui-ci qui est mis en cause d’une manière malhonnête par beaucoup de ces médias, y compris, c’est évident, ceux qui soutiennent le RN, Bardella et sa haine de la gauche.

Le premier exemple est celui de Ouest-France, dans lequel je viens de lire un éditorial, qui engage donc la direction, de Jeanne Emmanuelle Hutin, la fille de l’ancien et célèbre fondateur de ce journal à la sensibilité sociale-chrétienne - et dans cette expression il est question du « social » ! Or elle s’en prend violemment au Front populaire avec cette accusation initiale qui est transparente : « Demain, on rase gratis ! » (p. 3). Elle critique donc son programme social en faveur des plus démunis, dont le nombre a augmenté depuis la gouvernance de Macron, sans compter ses atteintes aux services publics comme l’Ecole, les hôpitaux, les transports, le droit à la retraite ou les droits des chômeurs, etc., qui touchent bien d’autres catégories sociales. Et cela au nom d’une politique économique libérale qui profite scandaleusement aux patrons, dont certains sont des milliardaires qui ont bénéficié d’une baisse d’impôts avec Macron ! Où est le « christianisme social » fondateur de cet organe de presse et dont il pouvait s’enorgueillir ? Certes, un journal, dans une démocratie, a parfaitement le droit de prendre parti, mais encore faut-il qu’il le fasse d’une manière intellectuellement honnête et sans parti-pris arbitraire, pour éclairer ses lecteurs et non  obscurcir leur esprit.

Justement, cette malhonnêteté se retrouve dans la manière dont la plupart des médias la fois accusent Mélenchon d’antisémitisme et réduisent le Front populaire à sa composante LFI. Cette réduction est fausse et elle profite de l’accusation d’antisémitisme pour déshonorer ce Front (même Ouest-France y participe). On la trouve formulée d’une manière honteuse par un éditorial, à nouveau, du journal Le Monde de ce week-end, à une semaine des élections législatives, eh oui ! Je cite : « L’antisémitisme de droite ou de gauche, un même poison ». Cette affirmation est incroyable, insoutenable. J’ai déjà eu l’occasion, ici même, de la démonter et je n’y reviens pas, sauf à rappeler, 1, que Mélenchon est incapable, vu son intelligence, d’avoir une position qui suppose une race « sémite » qui n’existe pas et, 2, que vérifications faites scrupuleusement, il n’a pas tenu un seul propos qui soit expressément ou explicitement antisémite… et personne n’a pu en citer un ! Si cela avait été le cas je l’aurais immédiatement dénoncé et j’aurais d’emblée retiré mon appui à son auteur ! On s’est donc contenté d’évoquer des expressions « à retentissement antisémite », ce qui est bien facile d’interprétations partisanes ou fallacieuses. J’ajoute seulement que je ne vois guère d’éditorialistes informer fortement sur les meurtres des Palestiniens à Gaza, qui continuent, ni se prononcer contre le sionisme, à savoir contre la politique colonialiste et meurtrière de l’Etat israélien menée par un quasi-dictateur, Netanyahou. Et je précise aussi, une nouvelle fois (voir un billet précédent), que la critique de la religion juive, en elle-même et pour son communautarisme, est de droit dans une République démocratique, comme celle de toutes les religions, dont l’islam tout particulièrement, et ce dans la lignée des grands penseurs depuis Spinoza et le siècle des Lumières jusqu’à un Russell au 20ème siècle, et cela au nom de l’humanisme, tout simplement. Et assimiler l’anti-sionisme à l’antisémitisme  comme au refus d’un Etat israélien est d’une bêtise rare, à visée bassement politicienne.

Mais dans le débat biaisé d’aujourd’hui, il y a donc aussi cette réduction du Front populaire, avec ses trois autres composantes pourtant - le PS, les Verts, le PC - et l’appui final de Glucksmann, à la LFI considérée comme une figure-repoussoir, de façon à déconsidérer ce même Front populaire dans l’opinion publique. Or cette assimilation on la retrouve étrangement dans un hebdomadaire que j’estime  en temps normal, Marianne,  à l’intérieur de son titre de couverture cette semaine,  qui reproduit celui de l’éditorial de N. Polony, lequel  clame : « Front populaire Le mariage indigeste de la carpe Hollande et du lapin Mélenchon ». Qu’on s’étonne individuellement de ce ralliement avec sa visée personnelle pour Hollande, exprimée en termes vulgaires, pourquoi pas à la limite, mais dénoncer, au-delà de ce fait, une « Union populaire » (car c’est une union) de « participer à la grande kermesse antifasciste » et reprocher à ses membres  d’éviter de « s’interroger sur le sentiment d’injustice des classes populaires et des classes moyennes » (sic) est proprement ahurissant, sinon hallucinant » … comme si la menace  d’être repris par un financier de droite qui pèse sur ce journal le faisait bouger idéologiquement. Quelle tristesse !

Enfin, dernier exemple, celui de l’émission télévisuelle « C dans l’air ». Emission globalement de qualité, avec des commentateurs informés… sauf que la gauche n’y est pas beaucoup représentée (il faut deviner sa présence !), ce qui la soumet aux idées dominantes, de droite ou du centre, qui transparaissent dans les analyses de ses participants, si l’on sait les deviner ! Précisément et pour m’en tenir à mon sujet d’actualité brûlante, je me contenterai de souligner cette étonnante faute d’appellation : tout récemment le « Front populaire » avait disparu au profit, si l’on peut dire, de la « France insoumise » et au détriment, bien entendu, du précédent. Il s’agissait, tout simplement et peut-être inconsciemment (ce qui n’est une excuse), d’une espèce de lapsus révélateur d’une mise à distance du « Front » parce que de gauche et susceptible d’attirer dans sa globalité… ce qu’il en train de faire de plus en plus, malgré les médias : aujourd’hui dimanche un sondage le donne à 31,5/100 ! Décidément dans ce cas exemplaire, « C dans l’air » avait la tête en l’air et non sur terre, avec le peuple qui souffre du libéralisme.

Conclusion évidente : sur bien des points la majorité des médias sont imprégnés par une idéologie libérale qui les fait échapper à leur devoir d’impartialité dans l’information elle-même !

                                                         Yvon Quiniou

NB : Pour ceux que la réalité de l’idéologie intéresserait, je leur conseille la lecture de mon livre L’idéologie et son pouvoir, L’Harmattan.

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