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Billet de blog 25 janvier 2023

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Quand l'Ukraine fait problème!

La situation en Ukraine est détestable, même si on le nie. Après la déferlante libérale qui n'a pas été condamnée par l'Occident, voici une déferlante de corruption qui l'affecte et atteint les plus hauts sommets de l'Etat. Et ceci sans que cela pose le moindre problème moral aux pays occidentaux qui soutiennent sa guerre contre la Russie. Déplorable époque, sans moralité politique!

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                                  Quand l’Ukraine fait problème ! 

Je ne vais pas revenir ici sur la guerre en Ukraine, qui me choque, y compris du côté de celle-ci, mais sur ce qui se passe dans ce pays et qui n’est guère reluisant moralement – je dis bien « moralement » tant je ne sépare pas la politique de la morale. Je vais m’appuyer sur les faits de corruption qui viennent d’y survenir en m’inspirant des information totalement fiables de mon journal local, Ouest-France, qui n’est pas vraiment un journal révolutionnaire mais qui sait être honnête dans ce registre informatif.

C’est ainsi que j’apprends que l’armée ukrainienne a payé 324 millions d’euros pour « des denrées qui en valent trois fois moins », la différence étant revenue à une société-écran. D’où le limogeage d’un vice-ministre important. On voit le scandale et l’hypocrisie : comment réclamer une aide militaire en chars lourds à l’Occident quand des dirigeants « s’en mettent plein les poches » ? La tentative du gouvernement d’étouffer l’affaire a échoué tant les faits étaient évidents. D’autant plus qu’une autre affaire est intervenue, révélée juste après : le vice-ministre des Infrastructures a prélevé des pots-de-vin à la hauteur de 400 000 dollars pour l’achat de générateurs « à prix gonflés ». S’en est suivie une flopée d’exclusions de responsables politiques gouvernementaux (gouverneurs régionaux, quatre vice-ministres, responsables d’une agence gouvernementale). Dernière information détestable : un gouverneur de région aurait fourni des contrats juteux à une société de réparation des routes… à « un groupe fondé par sa petite amie », rien que ça !

Tout cela a été confirmé par le journal Le Monde de ce jour 15 janvier, avec d’autres détails accablants que l’on pourra vérifier. La question qu’il faut alors se poser est toute simple, même si on soutient la lutte de l’Ukraine contre la Russie de Poutine – sachant cependant que cette guerre vient de loin, du démantèlement du territoire de l’ex-URSS  et de la séparation de régions qui, juridiquement, lui appartenaient, comme elle vient de l’appui des Etats-Unis, via l’Otan, dans le cadre de leur stratégie d’impérialisme économique mondial – ce que beaucoup cachent ou ne veulent pas voir. La question, donc et dans le cadre de ce billet, est : que vaut ce régime qui se veut démocratique, soutenu par l’Occident, et qui est gangrené par la corruption depuis son indépendance revendiquée ? La comparaison avec d’autres pays le prouve abondamment ; elle fait partie des pays les plus corrompus, même si elle s’efforce ( ?) d’y remédier. Peut-on justifier ce régime dans ses pratiques politiques internes qui heurtent le sens moral commun ?

A quoi j’ajouterai cette remarque annexe : comment accepter que les nations occidentales, dont la France, dépensent des milliards pour soutenir sa guerre alors que, chez eux, la pauvreté augmente et qu’on y sacrifie, comme chez nous, le droit à un retraite digne, les services publics, tout en enrichissant les milliardaires par des cadeaux fiscaux et l’exploitation accrue du travail dont ils profitent ? Je m’arrête là pour ne pas déborder mon sujet initial, mais il est rare qu’un scandale moral particulier en politique ne révèle pas d’autres scandales connexes ! Oui, je le répète : nous vivons une époque de dé-moralisation (aux deux sens du terme) terrible par rapport à ce que nous avons pu connaître autrefois. On peut appeler cela une régression généralisée, qui affecte tous les domaines de la vie politique, exception faite, peut-être (mais on va m’accuser injustement d’aveuglement) de ce qui se passe en Chine (voir les travaux exceptionnels de Bruno Guigue), mais aussi (et là personne ne pourra m’objecter quoi que ce soit) de ce qui se passe en Amérique latine avec, en particulier, l’arrivée au pouvoir au Brésil de ce progressiste incontestable qu’est Lulla : il vient, par exemple, de soutenir publiquement la cause de Cuba et il va procéder à des réformes sociales dont son peuple a instamment besoin. « Dé-moralisation » de la politique, donc, mais pas partout ! Ce qui peut nous redonner un peu de « moral » (au sens psychologique du terme) malgré ce qui se passe en Ukraine et que nos dirigeants ne condamnent pas.

                                                             Yvon Quiniou

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