Invitée sur un plateau de Canal+ le 24 janvier pour dialoguer avec le représentant officiel d'une oraganisation islamique radicale en charge d'humanitaire (sic), I. Sihamedi, N. Belkacem a pu l'entendre dire qu'il n'était pas là pour condamner Daech, que les femmes (naturellement inférieures aux hommes) étaient destinées à porter le Tchador et qu'il n'était pas question pour lui, étant donnée sa religion, de leur serrer la main. Ces propos sont véritablement scandaleux, non seulement parce qu'ils font silence sur la barbarie islamiste, mais tout autant parce qu'ils traduisent ce qu'on pourrait appeler, en élargissant le sens du terme "racisme", un racisme antiféminin. Dans tous les cas, ils contredisent les valeurs d'humanité, d'égalité, de liberté et de paix qui sont au coeur de notre République laïque et sociale.
Or qu'a fait N. Belkacem, notre ministre de l'Education nationale d'un gouvernement qui se dit encore de gauche? Elle aurait pu s'indigner, condamner ces propos, voire quitter le plateau en tendant éventuellement la main à son interlocuteur pour vérifier qu'il ne la serrait pas! Non, elle n'a rien fait de tout cela. Elle s'est contentée de répondre (je cite) qu'elle n'avait pas "la même façon de voir les choses que lui et son association" comme si ce désaccord moral et politique fondamental ne traduisait qu'une "différence culturelle" dans les valeurs et les visions du monde.
On voit où mène le différentialisme, au moins affiché: à un relativisme éthique insupportable qui bafoue les valeurs universelles auxquelles l'Occident est laborieusement parvenu, et son motif ultime se trouve à mon avis moins dans une conviction véritable (mais qu'en sait-on?) que dans le souci politicien de ne pas faire de vagues et de ne pas froisser une catégorie de croyants qui sont aussi des électeurs. Pour rejoindre en partie ici J. Birnbaum dans son dernier livre, il s'agit pour la grande majorité des politiques, au nom de la paix sociale, si l'on veut, mais aussi d'un éléctoralisme cynique, de faire silence sur le phénomène religieux, y compris quand il manifeste ouvertement et publiquement sa nocivité propre. Quelle démission, donc, de la part de notre ministre que de refuser ainsi de prendre ses responsabilités indissociabement morales et politiques! Quelle défaite spectaculaire de la pensée critique! Je me permets de lui opposer le courage d'un Adonis ou, plus près de nous, celui d'une E. Badinter qui prend ouvertement le risque de se faire traiter d'islamophobe (avec les dangers que cela entraîne) quand elle critique l'islam au nom de valeurs évidemment progressistes. Et qui, dans ce cas, offre le meilleur modèle éducatif dans le champ de l'Education nationale? La ministre ou la philosophe? Je vous laisse le soin de répondre.
Yvon Quiniou